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Riopelle, Gaucher, Schutz : l’abstractio­n contempora­ine à la galerie Corkin de Toronto

- Hadrien Volle

Les toiles se suivent et ne se ressemblen­t pas. La ga‐ lerie Corkin, située dans le quartier de la Distilleri­e de la Ville Reine, a rassemblé, dans une exposition de grande qualité, des toiles de Montréal, Toronto et New York afin de souligner la filiation entre les diffé‐ rentes écoles.

Traces of Abstractio­n 1958-2020 accueille des oeuvres d'artistes historique­s comme Jean-Paul Riopelle, Yves Gaucher et Jules Olitski et de leurs élèves ou suiveurs comme Leopold Plotek, Larry Poons et Dana Shutz.

Les idées naissent quand je vois les choses et des liens me sont apparus cette der‐ nière année, raconte Jane Cor‐ kin, la directrice de la galerie d'art. Par exemple, lorsque Vincent Barré [l'un des ar‐ tistes exposés] était à Toron‐ to, il a vu une exposition d'Olitski.

Elle ajoute que le dialogue entre les artistes apparaît aus‐ si entre Young-Il Ahn et Jean Albert McEwen qui travaillen­t tous les deux la lumière sur l'eau à dix ans d'intervalle, avant de conclure : à travers toutes ces toiles, vous pouvez voir comment les artistes s'in‐ fluencent les uns les autres depuis tous les continents.

Lorsqu'on visite le bel es‐ pace que la galerie occupe, la cohérence apparaît d'un mur à l'autre. L'abstractio­n oblige un important travail sur les couleurs et les lumières, et la variété est telle qu'aucune peinture ne se ressemble, mais l'ensemble apparaît co‐ hérent.

David Urban, l'un des ar‐ tistes représenté­s par la gale‐ rie, qui expose trois de ses oeuvres dans Traces of Abs‐ traction, est ravi de voir ces pièces ainsi réunies et appré‐ cie la portée du dialogue : cer‐ taines de ces toiles sont histo‐ riques, d'autres sont nou‐ velles, mais cela ressemble bien au dialogue visuel que j'ai dans ma tête.

Il se souvient avoir été fas‐ ciné par la relation entre les couleurs lorsqu'il était étu‐ diant et qu'il regardait les peintures d'Yves Gaucher. Ce goût pour les teintes se re‐ trouve dans l'une de ses toiles magistrale­s accrochées dans l'exposition, Grenadier n° 3.

Aller au-delà des fron‐ tières

Parmi les peintures expo‐ sées, l'une, de Jean-Paul Rio‐ pelle, est issue d'une collec‐ tion européenne. Jane Corkin ajoute qu'il s'agit de l'oeuvre que le peintre a choisi de montrer lorsque son travail a été présenté pour la première fois en Allemagne.

On remarque aussi une pièce de Dana Schutz, célèbre dans le monde de l'art contempora­in américain, qui représente des poissons qui essayent de s'échapper de la toile.

Jane Corkin se félicite d'avoir réussi à transcende­r les barrières entre les diffé‐ rents mondes de l'art que sont New York, Toronto ou Montréal : ces villes sont connectées et il est facile d'être centré sur l'une ou l'autre, mais les artistes ne sont pas intéressés par cela, l'une des joies de l'art est de n'avoir aucune frontière.

Si l'exposition est assez courte, puisqu'elle est compo‐ sée d'une vingtaine de pein‐ tures auxquelles s'ajoutent quelques sculptures de Vincent Barré, elle offre une belle vue sur un courant rare‐ ment réuni ainsi.

Traces of Abstractio­n 1958-2020, jusqu'au 4 juillet à la galerie Corkin, 7 Tank House Lane à Toronto. Les oeuvres exposées sont vi‐ sibles sur le site de la galerie www.corkingall­ery.com.

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