Radio-Canada Info

Pour envisager l’acéricultu­re de demain

- Véronique Duval

L'objectif de ce colloque est de réaliser un état des lieux des connaissan­ces sur l'écosystème des éra‐ blières et de discuter des meilleures pratiques dans le domaine de l'acéricul‐ ture.

On veut vraiment voir où on est rendu. Quelles sont les grandes questions et les grands défis en matière de re‐ cherche qu'il nous restent à identifier pour pouvoir mieux travailler en collaborat­ion par la suite, affirme un des cores‐ ponsable du colloque, Tim Ra‐ demacher.

Chercheur en écophysiol­o‐ gie forestière et développe‐ ment durable au Centre ACER, Tim Rademacher explique qu'il s'agit d'une occasion d'entendre autant les cher‐ cheurs qui travaillen­t beau‐ coup plus sur la composante forestière, l'écologie des in‐ sectes, la biodiversi­té, les changement­s climatique­s, que les gens qui travaillen­t sur le terrain ou avec les pro‐ duits de l’érable.

D’ailleurs, le chef proprié‐ taire de la cabane à sucre Pieds de cochon, Martin Pi‐ card, était présent, lundi, à la séance d’ouverture du col‐ loque "Les érablières dans un environnem­ent en mutation".

Arrivé depuis peu au Qué‐ bec, le chercheur se dit surpris du peu de recherches sur la question au Québec, étant donné l'importance du sirop d'érable dans la culture qué‐ bécoise et dans l'industrie avec plus de 12 000 tra‐ vailleurs au Québec. On a beaucoup de questions et peu de réponses, dit-il C'est clairement un domaine que les sciences essaient de rattra‐ per.

Pour le moment, il y a deux grandes constantes que les acériculte­urs observent: la saison commence de plus en plus tôt et il y a une grande variabilit­é dans la production d’une année à l’autre, souligne le chercheur.

C’est de plus en plus va‐ riable avec les changement­s climatique­s, explique-t-il.

À écouter:

L'entrevue avec le cher‐ cheur Tim Rademacher

Des pistes prometteus­es

Le chercheur affirme que la première chose pour avoir une production durable à long terme c’est de garder la forêt en santé.

Il explique que pour amé‐ liorer la santé de la forêt, il faut se poser des plusieurs questions. Comment amé‐ nage-t-on notre forêt? Quelle est la structure de notre fo‐ rêt? Est-ce qu’il y a une bonne régénérati­on? Pour les rende‐ ments, on veut de gros arbres, mais pour la santé de la forêt à long terme, c’est vraiment important d’avoir aussi de petits et moyens arbres, illustre Tim Radema‐

cher.

Le chercheur recommande aussi d'augmenter la propor‐ tion d’espèces de campagne. Il explique qu’une espèce de campagne, c’est d’autres es‐ pèces que l’érable. S’il y a un ravageur qui entre dans une érablière, et qu’il n’y a que des érables en monocultur­e, c’est un gros buffet à volonté et ça cause des épidémies.

Les autres espèces d’arbre dans la forêt peuvent ainsi jouer le rôle de barrière pour la propagatio­n d’une pandé‐ mie ou d’un ravageur. Comme les masques pendant la pan‐ démie de COVID-19, expliquet-il.

Il affirme que ce n’est qu’un exemple du rôle que la diversité peut jouer pour rendre l’écosystème plus rési‐ lient. Il y a beaucoup d’autres facteurs qui font en sorte que la diversité devient avanta‐ geuse pour la santé à long terme, renchérit le chercheur. Je pense particuliè­rement à deux sujets: l’améliorati­on gé‐ nétique et la migration d’es‐ pèces d’érables mieux adap‐ tées à la chaleur.

Les chercheurs observent d'ailleurs que les érables au sud de la frontière tolère mieux la chaleur. On pourrait les intégrer dans les érablières ici.

Nos voisins du sud pour‐ raient aussi nous permettre de mieux comprendre l’inter‐ action entre la météo et la production acéricole. Parce qu'il faut vraiment mieux comprendre quels sont les mécanismes en jeu, déclare-til.

Bien que l’on sache que le gel-dégel est primordial pour obtenir de bon rendement, le chercheur rappelle que les re‐ lations spécifique­s entre les deux nous sont inconnues.

Tim Rademacher observe que les choses commencent à bouger dans le domaine de la recherche en acéricultu­re. Il estime que c’est un bon mo‐ ment pour rassembler les ac‐ teurs de ce milieu afin que tout le secteur acéricole se mobilise pour commencer à attaquer ces questions.

Il affirme que ce qui va dé‐ terminer le potentiel de l'acé‐ riculture au Québec dans 50 ans, ce sont les changement que les humains vont appor‐ ter à leurs comporteme­nt pour ralentir les changement­s climatique­s.

Selon les Producteur­s et productric­es acéricoles du Québec, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie comptent 606 entreprise­s acéricoles qui gèrent 9,5 millions d’entailles. La production de sirop dans les deux régions est évaluée à 112,6 M$.

Avec la collaborat­ion de Nathalie Dion

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