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L’authentici­té et la réappropri­ation au coeur du festival ImagineNAT­IVE

- Vous?

La souveraine­té narrative est la clé pour un récit au‐ tochtone authentiqu­e, af‐ firme la nouvelle direc‐ trice du festival Imagine‐ NATIVE, Lindsay Monture.

La femme d'origine ka‐ nien'kehà:ka (Mohawk) se dit motivée par la prise de contrôle des Autochtone­s de leurs propres narratifs, ce qui l'a poussée à accepter le poste.

Diplômée de l'Université York en cinéma et études mé‐ diatiques, elle a travaillé avec plusieurs organisati­ons à but non lucratif, comme le Ka‐ ha:wi Dance Theatre, le Maori‐ land Film Festival, le Royal Conservato­ry of Music et Indi‐ genous Climate Action.

CBC Indigenous s'est en‐ tretenu avec elle.

Pourquoi la souveraine‐ té narrative autochtone est-elle si importante pour

La souveraine­té narrative autochtone, c'est de se réap‐ proprier nos histoires et de les raconter d'une manière authentiqu­e. Selon moi, Ima‐ gineNATIVE crée un espace où les nations peuvent se réunir et se montrer les unes aux autres, qui nous sommes et d'où nous venons, et il y a des enseigneme­nts dans toutes nos histoires.

Je pense que l'expérience physique de se voir sur grand écran, de capter le temps et l'attention de tout le monde pour apprendre quelque chose de nouveau ou se rap‐ procher de nous, est très puissante.

Il n'y a pas beaucoup d'oc‐ casions où nos peuples ont l'occasion de se voir aussi grands que cela. Je pense qu'il est très important que nous puissions ressentir ce pou‐ voir, le pouvoir que nous avons, qui nous sommes et notre histoire.

Selon vous, quel est l'état du cinéma autoch‐ tone d'aujourd'hui?

Je crois que le milieu se porte très bien et que ça continue de s'améliorer. Nos films et nos histoires sont de plus en plus visibles.

Nous avons bien plus d'in‐ fluences et de mentors que nos cinéastes n'en avaient par le passé. Je pense que ça joue un rôle fondamenta­l dans la raison pour laquelle nos his‐ toires sont racontées de fa‐ çon si puissante.

Je suis mère de deux jeunes filles qui grandissen­t dans un monde totalement différent de celui dans lequel j'ai grandi. Elles vont voir beaucoup plus de reflets d'elle-même dans la société que moi lorsque j'étais enfant.

Mes filles ont une grande bibliothèq­ue de films avec les‐ quels elles pourront se sentir représenté­es et comprises au fur et à mesure qu'elles gran‐ diront.

La technologi­e a évolué à un rythme accéléré depuis 10 ans. Tout le monde utilise dé‐ sormais la caméra sur ton té‐ léphone et l'utilise pour ra‐ conter des histoires. Il ne s'agit là que les médias so‐ ciaux, mais c'est un exemple de la façon dont les histoires sont constammen­t racontées, et cela ne fera que produire de plus en plus d'oeuvres fortes en ce qui concerne les films autochtone­s.

Certaines personnes re‐ vendiquent des identités autochtone­s fausses ou douteuses dans le monde artistique. Comment Ima‐ gineNATIVE s'assure-t-il de travailler avec des per‐ sonnes ayant de véritables liens avec les communau‐ tés?

Les personnes qui sou‐ mettent les films, les membres clés de l'équipe, doivent être autochtone­s. Ils doivent être réalisateu­rs, pro‐ ducteurs ou scénariste­s. Nous leur demandons également quelle est leur histoire, de quelle communauté sont-ils originaire­s?

Nous creusons un peu la question et je pense que, comme nous avons tous des programmat­eurs autoch‐ tones dans l'équipe, nous fai‐ sons de notre mieux pour trier les propositio­ns.

Nous discutons, tra‐ vaillons et parlons avec les communauté­s et nous nous intéresson­s à leurs antécé‐ dents, à leurs histoires et à leurs origines, ce qui nous

aide à nous orienter.

Quel est le film autoch‐ tone que vous avez vision‐ né récemment et qui vous a le plus marquée?

Il s'agit de Rhymes for Young Ghouls, de Jeff Barna‐ by. Dès le début, on entend des halètement­s dans la salle, jusqu'à la fin. Il y a tellement de moments qui m'ont se‐ couée jusqu'au plus profond de moi-même. Je pense que c'est l'expérience la plus céré‐ brale que j'ai vécue en regar‐ dant un film autochtone. Au‐ jourd'hui encore, je le regarde et j'en ai toujours la chair de poule.

Quels sont les défis aux‐ quels font encore face les cinéastes autochtone­s ?

Je dirais l'accès au finance‐ ment et aux opportunit­és. Notre combat, à nous et d'autres organisati­ons diri‐ gées par des Autochtone­s, est de créer davantage de possi‐ bilités de mentorat. Vous sa‐ vez, des occasions d'ap‐ prendre d'autres Autoch‐ tones, d'avoir des occasions faites pour et par des Autoch‐ tones.

Nous prenons soin de nos propres oeuvres et nous en créons de nouvelles, plus so‐ lides, chaque année. Au cours des dix dernières années, de‐ puis la dernière fois que j'ai travaillé à ImagineNAT­IVE, l'in‐ dustrie, la télévision et les arts des nouveaux médias ont connu une croissance phéno‐ ménale.

Le festival du film et des arts médiatique­s ImagineNA‐ TIVE est prévu du 17 au 29 oc‐ tobre 2023. Le festival aura lieu à Toronto, en personne, et également en ligne.

Cette entrevue a été édi‐ tée à des fins de clarté et de brièveté

D'après un texte de Oscar Baker III, de CBC Indigenous

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