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La forme de votre nez, un héritage néandertal­ien?

- Le saviez-vous?

L'Homo sapiens aurait héri‐ té de matériel génétique des Néandertal­iens qui in‐ flue sur la forme de son nez, montre une étude me‐ née par des scientifiq­ues britanniqu­es du Collège universita­ire de Londres (UCL).

Les travaux du généticien Kaustubh Adhikari et de ses collègues, publiés dans la re‐ vue Communicat­ions Biology (en anglais), révèlent qu'un gène particulie­r serait respon‐ sable d’un nez plus haut (de haut en bas) qui pourrait avoir été le produit de la sé‐ lection naturelle lorsque les anciens humains se sont adaptés à des climats plus froids après avoir quitté l'Afrique.

Depuis la publicatio­n du génome de Néandertal il y a 15 ans, nous constatons que nos propres ancêtres se sont croisés avec des Néanderta‐ liens, ce qui nous a laissé de petits bouts de leur ADN, ex‐ plique Kaustubh Adhikari dans un communiqué publié par l’UCL.

Notre étude montre qu'une partie de l'ADN hérité des Néandertal­iens influe sur la forme de notre visage. Cela fut probableme­nt utile à nos ancêtres, puisqu'il a été trans‐ mis pendant des milliers de génération­s.

Kaustubh Adhikari, UCL

En 2021, la même équipe de chercheurs avait établi que la forme des lèvres des hu‐ mains avait été influencée par un autre humain archaïque, le Dénisovien.

Dans les présents travaux, les chercheurs ont analysé les données génétiques de plus de 6000 personnes d'Amé‐ rique latine, d'ascendance mixte européenne, africaine et autochtone d'Amérique la‐ tine, qui font partie du projet CANDELA. Les participan­ts ont été recrutés au Brésil, en Colombie, au Chili, au Mexique et au Pérou.

Dans le cadre de l’étude, les informatio­ns génétiques des participan­ts ont été jume‐ lées à des photograph­ies de leur visage, en analysant no‐ tamment les distances entre certains points, tels que le bout du nez ou le bord des lèvres. L’objectif des cher‐ cheurs était d’établir si les dif‐ férents traits du visage sont associés à la présence de dif‐ férents marqueurs géné‐ tiques.

Ce travail a permis d’identi‐ fier 33 régions du génome as‐ sociées à la forme du visage, dont 26 ont pu être repro‐ duites dans des comparai‐ sons avec des données prove‐ nant d'autres ethnies d'Asie de l'Est, d'Europe ou d'Afrique.

Dans une région du gé‐ nome en particulie­r, appelée ATF3, les chercheurs ont dé‐ couvert que de nombreuses personnes ayant des ancêtres autochtone­s d'Amérique la‐ tine (ainsi que d'autres per‐ sonnes ayant des ancêtres d'Asie de l'Est dans une autre cohorte) possédaien­t du ma‐ tériel génétique dans ce gène hérité des Néandertal­iens, contribuan­t à l'augmentati­on de la hauteur du nez, note le communiqué.

Les chercheurs ont égale‐ ment constaté que cette ré‐ gion génétique présentait des signes de sélection naturelle, ce qui laisse à penser qu'elle conférait un avantage aux porteurs du matériel géné‐ tique.

On suppose depuis long‐ temps que la forme de notre nez est déterminée par la sé‐ lection naturelle, puisque le nez nous aide à réguler la températur­e et l'humidité de l'air que nous respirons. Diffé‐ rentes formes de nez peuvent être mieux adaptées aux dif‐ férents climats dans lesquels vivaient nos ancêtres, ex‐ plique Qing Li de l’Université de Fudan en Chine, qui a par‐ ticipé aux travaux.

Le gène que nous avons identifié ici aurait été hérité des Néandertal­iens. Il aurait aidé les humains à s'adapter à des climats plus froids lorsque nos ancêtres ont quitté l'Afrique.

Qing Li, Université de Fu‐ dan

À ce jour, la plupart des études génétiques sur la di‐ versité humaine ont porté sur les gènes des Européens. L'échantillo­n diversifié de par‐ ticipants latino-américains à notre étude élargit la portée des résultats des études gé‐ nétiques, ce qui nous aide à mieux comprendre la géné‐ tique de tous les êtres hu‐ mains, conclut le professeur Andres Ruiz-Linares, de l'UCL.

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