L’état de santé de la profession d’infirmier dans le Nord de l’Ontario
Du 8 au 14 mai 2023, l’Asso‐ ciation des infirmiers et in‐ firmières du Canada sou‐ ligne la semaine nationale des soins infirmiers, sous le thème Notre personnel in‐ firmier. Notre avenir. Dans le Nord de l’Ontario, les in‐ firmiers et infirmières ont un rôle très important, se‐ lon des intervenants du mi‐ lieu, d’autant plus que la région connaît une pénu‐ rie de personnel médical.
Cette semaine a été choi‐ sie initialement autour du 12 mai, anniversaire de la cé‐ lèbre Florence Nightingale, fondatrice de la profession moderne d’infirmière à l’époque victorienne.
Nadia Ratté est infirmière praticienne pour le Centre de santé communautaire de Ka‐ puskasing et région.
Son équipe est générale‐ ment stable et elle n’a pas à composer avec de criants pro‐ blèmes de personnel.
Elle affirme toutefois que ça peut être difficile de rem‐ placer du personnel qui doit s’absenter pour des raisons de maladie ou un congé pa‐ rental.
Elle travaille avec une équipe qui compte 4 infir‐ mières praticiennes et plu‐ sieurs infirmières auxiliaires, mais seulement deux méde‐ cins qui travaillent à temps partiel.
Selon elle, la valorisation du métier d’infirmière peut ai‐ der à répondre aux manques de médecins dans le Nord de l’Ontario.
Les gens associent les ser‐ vices de santé avec le méde‐ cin [...], ce qui est bien, et c’est nécessaire, je ne veux jamais diminuer la profession de la médecine, mais je pense que ce n’est pas aussi nécessaire de la regarder comme aussi essentiel qu’elle l’a déjà été.
Une pandémie qui a chamboulé des carrières
Nadia Ratté souligne que la pandémie de COVID-19 a été très difficile pour le milieu de la santé et particulière‐ ment pour les infirmières.
Il y a des infirmières qui se sont dévouées tellement qu’elles ont dû se retirer de la profession parce que la pro‐ fession n’était plus quelque chose qui les rendait heu‐ reuses, affirme Mme Ratté.
Elle avoue être un peu in‐
quiète de l’image que cela donne aux jeunes qui pensent poursuivre des études en soins infirmiers.
Par contre, elle souligne aussi que les infirmières ont été très importantes pendant la pandémie, que ce soit au ni‐ veau des soins à domicile, des cliniques de vaccination ou même en travaillant au sein d’unités de santé publique lo‐ cales.
Elle se désole que malgré ces importantes contribu‐ tions pendant la pandémie, les salaires des infirmières, tels que réglementés par le gouvernement provincial, sont insuffisants.
Argent, travail à partiel et privatisation
Paul-André Gauthier est in‐ firmier clinicien spécialisé, re‐ traité de l’enseignement en soins infirmiers et président du groupe des infirmières et infirmiers francophones de l’Ontario.
Il abonde dans le même sens que Mme Ratté : les res‐ trictions budgétaires dans le système de santé ont touché les infirmières.
Les hôpitaux, par exemple, sont obligés de s'assurer que leur budget balance dans l'an‐ née et donc quand ils ont coupé les professionnels de la santé et les infirmières, [...] à ce moment-là, on crée des problématiques de soins dans les institutions.
Paul-André Gauthier, infir‐ mier clinicien spécialisé
Il mentionne aussi un en‐ jeu spécifique au Nord de la province.
Contrairement aux hôpi‐ taux et aux centres médicaux du Sud et de l’Est de la pro‐ vince, plusieurs infirmières dans le Nord n'arrivent à ob‐ tenir que des postes à temps partiel en raison d'un manque de postes à temps plein.
Or, selon lui, l’exode de personnel soignant vers le pri‐ vé ne peut qu’aggraver les pé‐ nuries de personnel .
S’ils se font offrir des postes dans le privé, qui sont du lundi au vendredi, de 9 à 5, ils vont laisser ça, le public, les soins publics, là, les institu‐ tions publiques. Vous allez dans le privé, on va créer une plus grande pénurie.
Paul-André Gauthier, infir‐ mier clinicien spécialisé
Paul-André Gauthier croit que le métier d’infirmier ou d'infirmière aura toujours de l’avenir, et que les soins et les suivis prodigués par les infir‐ mières praticiennes per‐ mettent de désengorger les hôpitaux, pour permettre à ceux-ci de fournir des soins d’urgence qui ne sont pas dis‐ ponibles en clinique.
Il mentionne l’apport im‐ portant de cliniques d’infir‐ mières-praticiennes pour les soins de santé primaire, et soutient que la meilleure fa‐ çon d’assurer la santé des pa‐ tients est une approche inter‐ disciplinaire.
Avec les informations de Félix Hallée-Théoret