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Justin Trudeau déclencher­a quatre élections partielles dimanche

- Christian Noël

Les électeurs de quatre cir‐ conscripti­ons fédérales va‐ cantes se rendront aux urnes d’ici la mi-juin. Deux sièges rouges et deux sièges bleus, dans trois pro‐ vinces différente­s, repré‐ senteront un test tant pour le premier ministre Justin Trudeau que pour son rival conservate­ur Pierre Poilievre.

Justin Trudeau déclencher­a des partielles dans quatre des cinq circonscri­ptions vacantes au pays, soit Notre-Dame-deGrâce–Westmount (Québec), Oxford (Ontario), Portage–Lis‐ gar et Winnipeg–Centre-Sud (Manitoba).

La circonscri­ption de Cal‐ gary-Heritage (Alberta) est aussi vacante depuis que Bob

Benzen a quitté la vie poli‐ tique le 31 décembre 2022. Justin Trudeau attendra la fin de l'élection provincial­e en Al‐ berta avant d'inviter les élec‐ teurs aux urnes fédérales.

Cela signifie qu'une deuxième série d'élections partielles pourrait avoir lieu cet été.

Ottawa a jusqu'au 29 juin pour déclencher la partielle dans Calgary-Heritage. De plus, la circonscri­ption de Du‐ rham (Ontario) sera égale‐ ment vacante en juin, avec le départ annoncé de l'ex-chef conservate­ur Erin O'Toole, qui quitte la vie politique à la fin de la session parlementa­ire.

Après presque huit ans au pouvoir et en pleine contro‐ verse sur l’ingérence étran‐ gère, M. Trudeau voudra saisir l’occasion que lui donnent ces élections complément­aires afin de sonder l’humeur des Canadiens envers son gouver‐ nement libéral minoritair­e.

De son côté, Pierre Poi‐ lievre voudra non seulement vérifier si ses attaques contre les libéraux fonctionne­nt au‐ tant sur le terrain que sur le web, mais aussi prouver que le virage qu’il impose à son parti trouve des preneurs au sein de l’électorat.

Et pour Maxime Bernier, le chef du Parti populaire du Ca‐ nada (PPC), qui est en perte de vitesse, une candidatur­e dans Portage–Lisgar, une ré‐ gion rurale du Manitoba, constitue une dernière occa‐ sion de voir si son message li‐ bertarien et anti-mesures sa‐ nitaires possède encore de l'attrait.

À surveiller dans les par‐ tielles

Notre-Dame-de-Grâce– Westmount, au Québec : c'est l'ancienne circonscri­ption de Marc Garneau. L’ex-présidente libérale Anna Gainey sollicite l’investitur­e. Oxford, en Onta‐ rio : une assemblée d'investi‐ ture controvers­ée chez les conservate­urs pousse le dé‐ puté sortant Bob Mackenzie à appuyer les libéraux. Winni‐ peg–Centre-Sud, au Manito‐ ba : le libéral Jim Carr est décé‐ dé en décembre. Son fils est candidat à sa succession. Por‐ tage–Lisgar, au Manitoba : l'ex-cheffe conservatr­ice par intérim Candice Bergen a quit‐ té la vie politique. Le chef du Parti populaire Maxime Ber‐ nier sera candidat. CalgaryHer­itage, en Alberta : c'est l'ancienne circonscri­ption de Stephen Harper. Le député conservate­ur Bob Benzen quitte la vie politique. Du‐ rham, en Ontario : départ de l'ex-chef conservate­ur Erin O'Toole, qui s'inscrit en porteà-faux avec Pierre Poilievre

sur l'orientatio­n de leur parti.

Les défis de Justin Tru‐ deau

Les libéraux vont vouloir prendre la températur­e de la population, estime Stéphanie Chouinard, professeur­e agré‐ gée de science politique au Collège militaire royal de King‐ ston, alors que l’ingérence chi‐ noise et la fatigue du pouvoir sont peut-être en train de le rattraper dans l’opinion pu‐ blique.

C’est également l’occasion pour le chef libéral de démon‐ trer qu’il est capable de tenir tête à un chef conservate­ur qui semble sur une lancée dans les intentions de vote, analyse pour sa part Frédéric Boily, professeur et vicedoyen au campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

Même si les sondages donnent l’avance aux conser‐ vateurs, les libéraux vont vou‐ loir savoir si ça se traduit vrai‐ ment dans l’urne ou seule‐ ment sur les médias sociaux.

Frédéric Boily, professeur à l’Université de l’Alberta

Au congrès libéral de la fin de semaine dernière, les troupes de Justin Trudeau ont apprécié les attaques contre leur adversaire Pierre Poi‐ lievre. Cependant, loin d’une foule partisane, la situation est peut-être différente.

Ces élections partielles, se‐ lon Stéphanie Chouinard, se‐ ront l'occasion de tester ces lignes libérales contre Pierre Poilievre et de voir comment l’électorat en général répon‐ dra à ces attaques-là.

Dans Notre-Dame-deGrâce–Westmount (NDGW), la question linguistiq­ue pourrait jouer des tours aux libéraux, entrevoit la politologu­e. Les anglophone­s sont plus nom‐ breux que les francophon­es dans cette circonscri­ption.

La saga du projet de loi C13 sur la protection du fran‐ çais et le rôle joué par le libé‐ ral sortant Marc Garneau dans ce débat donneront une indication de l’endroit où loge le vote anglophone, estime Mme Chouinard.

On ne voit pas comment les libéraux pourraient perdre cette circonscri­ption, mais une baisse dans le pourcen‐ tage du vote recueilli pourrait faire mal, ajoute Frédéric Boi‐ ly.

Cependant, la candidatur­e libérale n'est pas dans la poche dans NDGW pour Anna Gainey, la candidate préférée de Justin Trudeau. L'assem‐ blée d'investitur­e doit avoir lieu lundi. Mais selon des sources libérales, la course est plus serrée que prévue. On rappelle que la candidate-ve‐ dette Yolande James s'était fait doubler par Emmanuela Lambropoul­os lors de l'inves‐ titure libérale dans St-Laurent en 2017.

Nouveau cap à défendre pour Poilievre

Pierre Poilievre a des preuves à faire, surtout après la défaite de son parti lors de sa première partielle, dans Mississaug­a-Sud, l’automne dernier.

Il doit prouver que la nou‐ velle direction qu’il a donnée à son Parti conservate­ur fonc‐ tionne, que son type de conservati­sme sera apprécié dans la population.

Stéphanie Chouinard, pro‐ fesseure au Collège militaire royal de Kingston

Dans les circonscri­ptions vacantes conservatr­ices du Manitoba et de l’Ontario, Pierre Poilievre devrait mon‐ trer qu’il est en mesure de remporter des victoires convaincan­tes et de ne pas perdre de terrain en matière d’appui populaire.

Une victoire faiblarde se‐ rait une mauvaise nouvelle pour les conservate­urs, ré‐ sume Frédéric Boily.

Le professeur note aussi que Pierre Poilievre souhaite‐ rait gagner les élections avec une avance marquée pour prouver que son message économique et antilibéra­l fonctionne mieux que celui de son prédécesse­ur, Erin O’Toole.

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