Une étude conclut que brûler les champs de bleuets n’accroît pas la production de fruits
Une étude menée conjoin‐ tement par l’Université du Québec À Chicoutimi (UQAC) et Agriculture et Agroalimentaire Canada sur une bleuetière de Nor‐ mandin a permis de conclure que le brûlage des champs de bleuets n’était pas avantageux.
Depuis des années, des producteurs utilisent le brû‐ lage comme technique de fauche en pensant maximiser la production de fruits à la re‐ pousse des plants.
C’est le cas du producteur de bleuets Nicolas Perron, qui alterne depuis des années entre le fauchage mécanique et le brûlage dans ses champs de Dolbeau-Mistassini.
C’est là, qu’il est le hic. Parce que le rendement est aussi bon dans une bleuetière fauchée. Dans le brûlage, on peut amoindrir notre sol, alors il faut mettre une sorte d’engrais bio, explique-t-il.
Pas d'avantage
L’étude menée par l'UQAC et Agriculture et Agroalimen‐ taire Canada sur la bleuetière d'enseignement et de re‐ cherche de Normandin ar‐ bore dans le même sens : le brûlage des terres ne pré‐ sente pas d’avantage.
Nous, on n’a pas observé de gains de rendement signifi‐ catifs à la suite à l’utilisation de cette technique-là. Le pro‐ ducteur n’en remet pas plus dans ses poches suite à son utilisation. Et d’un point de vue de la pérennité de la pro‐ duction, on commence à voir des baisses au niveau des te‐ neurs en matières organiques du sol, souligne le professeur et chercheur de l’UQAC, Maxime Paré.
D’ailleurs, c’est l'expérience des producteurs qui a incité les chercheurs à documenter les changements observés sur le terrain.
Les producteurs utilisaient depuis plusieurs années le brûlage comme technique de fauche, mais on voyait que c’était peu efficace, ça coûtait cher et ça prenait du temps. On s’est aperçu que le fau‐ chage mécanique était beau‐ coup plus rapide, donnait des résultats similaires, mais c’était peu documenté. C’était juste des observations. Il y avait un certain folklore qui restait en arrière de ça et c’est ça qu’on a voulu démystifier avec le projet de recherche, précise un chercheur d’Agri‐ culture et Agroalimentaire Ca‐ nada, Jean Lafond.
Le Syndicat des produc‐ teurs de bleuets du Québec, également partenaire de l'étude, compte analyser les données recueillies par les chercheurs.
En fait, la pratique a été oubliée par certains agricul‐ teurs au fil des années. Ce qui nous restait à vérifier, c’est est-ce que cette pratique-là, on doit la recommander pour qu’elle revienne ou on doit l’abandonner complètement parce qu’effectivement, les coûts d’énergie sont de plus en plus élevés et de toute fa‐ çon, l’empreinte carbone re‐ liée à cette étape-là était quand même assez élevée, in‐ dique le directeur général du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec, Gervais Laprise.
Toutefois, la technique du brûlage présente également certains avantages.
Je pense aux producteurs de bleuets biologiques quand ils sont pris avec une maladie fongique, par exemple dans certains coins ou bouts de parcelles, peut-être que le brûlage pourrait devenir une pratique plus localisée, conclut le chercheur, Maxime Paré.
D’après un reportage de Mélissa Paradis