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Une marche d’honneur pour un donneur d’organe autochtone

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Une cérémonie autoch‐ tone a été organisée en l'honneur de Forrest Boivin Coonishish dans l'enceinte du Centre hospitalie­r de l'Université de Montréal (CHUM), en avril dernier. La « marche d'honneur » (ou du héros) visait à rendre hommage à l'homme dont le don d'organe allait per‐ mettre de sauver plusieurs vies.

Le 9 avril dernier, Forrest Boivin Coonishish a été trans‐ porté à l'hôpital de Trois-Ri‐ vières, après avoir été victime d'un accident vasculaire céré‐ bral à Wemotaci, une commu‐ nauté atikamekw située à trois heures et demi de route au nord de la ville.

Quelques jours plus tard, Forrest Boivin Coonishish est décédé, et puisqu'il avait si‐ gnifié à sa famille vouloir don‐ ner ses organes, il a été trans‐ féré rapidement au CHUM pour y subir le retrait de son coeur, de ses poumons et de ses reins.

Des dizaines de personnes se sont rassemblée­s dans l'établissem­ent hospitalie­r pour prendre part à la céré‐ monie et jouer du tambour.

Pour la famille, tout au long du processus, les ser‐ vices de santé ont bien agi. Ils nous ont permis de purifier son corps. Ils nous ont permis d'apporter le tambour. Ils ont permis à notre culture d'en‐ trer dans l'hôpital, raconte Rykko Bellemare, pour qui Forrest Boivin Coonishish était comme un père.

Le personnel de l'hôpital a vraiment bien répondu à nos souhaits. Ils étaient très hu‐ mains, ajoute-t-il.

Selon le Dr Pierre Marso‐ lais, qui compte 25 ans d'ex‐ périence dans la médecine in‐ terne et le don d'organes au Québec, les dons d'organes dans les communauté­s au‐ tochtones sont peu com‐ muns.

Il est également le fonda‐ teur de la Mission du Dr Mar‐ solais, une organisati­on qui offre un soutien émotionnel et financier aux familles des donneurs d'organes pendant et après les procédures.

Son organisati­on a payé les frais de transport et de lo‐ gement ainsi que les repas de 44 membres de la famille de Forrest Boivin Coonishish, ve‐ nus à Montréal pour assister à l'événement commémorat­if.

Nous pouvons voir à quel point la famille a soutenu et aimé Forrest, observe le Dr Marsolais. Il pense que cet événement jette un pont et contribue à rétablir la confiance entre les Premières Nations et le reste de la popu‐ lation, ajoutant qu'il contri‐ buera aussi à rétablir la confiance des Autochtone­s dans le système de soins de santé.

Un receveur à Mistissini

Selon Rykko Bellemare, dans ses derniers jours, M. Boivin Coonishish parlait beaucoup de son désir de re‐ tourner dans la communauté crie de Mistissini, pour rendre visite à son père, qui demeu‐ rait toujours là-bas.

Quelques jours après sa mort, la famille a appris par une publicatio­n sur les ré‐ seaux sociaux que les pou‐ mons de Forrest allaient jus‐ tement être donnés à une femme de Mistissini.

Il n'arrêtait pas de dire : ''je veux retourner à Mistissini pour voir mon père'', mais il a manqué de temps. Nous sommes tous très émus d'ap‐ prendre que ses poumons ont été donnés à une femme de Mistissini.

M. Bellemare affirme que l'expérience d'aider son oncle à faire don de ses organes a été difficile, mais elle a aussi été très bénéfique et l'a aidé à faire son deuil.

Il dit avoir accepté de par‐ ler de cette histoire dans l'es‐ poir que d'autres familles au‐ tochtones envisagent de si‐ gner leur carte de donneur et fassent part de leur volonté à leur famille.

Je pense que Forrest a vrai‐ ment ouvert une porte que personne ne voulait franchir et j'espère que plusieurs sui‐ vront son exemple, conclut-il.

D'après un texte de Susan Bell, de CBC.

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