L’art sauve cette ancienne cocaïnomane
Karine Simoneau a été dé‐ pendante à la drogue et à l’alcool pendant plus de 20 ans. Elle pouvait boire plusieurs bouteilles de vin quotidiennement et passer des nuits sans dormir. Mal‐ gré ses nombreuses tenta‐ tives pour arrêter sa consommation, elle a tou‐ ché le fond du baril, en 2020.
Quand j’ai touché le fond, c’était la vie ou la mort. se remmémore-t-elle.
Accepter sa dépendance aux drogues lui a pris plu‐ sieurs années. Il y a trois ans, après s’être cassée une jambe, son médecin la met en garde et ne lui donne que quelques mois à vivre, si elle s'entête à maintenir ce mode de vie.
Son corps lui envoie des messages. Elle se casse l’autre jambe durant son sommeil.
La vie m’a mis ça dans les jambes. Elle me disait : "Si tu veux pas t’arrêter, moi je vais t’arrêter. Le message était clair."
Après cet incident survenu en janvier 2021, Karine de‐ mande de l’aide à un ami abs‐ tinent depuis 13 ans. Cet ami deviendra l’homme qui par‐ tage actuellement sa vie.
Elle est résolue à faire les changements nécessaires pour guérir, mais le besoin de combler le vide ailleurs et le manque de sérotonine dû à l’arrêt de consommation l'en‐ traîneront dans une sévère dépression.
Son partenaire prend l’ini‐ tiative de lui acheter des toiles et des pinceaux au Dollarama pour l’aider à apaiser son an‐ xiété. C’est instantané, Karine Simoneau se découvre un ta‐ lent caché.
Il n’y avait plus rien d’autre qui existait. C’était ma toile et mes pinceaux du matin au soir. Omer DeSerres me connaissait déjà après une se‐ maine! rigole-t-elle.
L’art devient sa raison de vivre
Après seulement quatre mois, en avril 2022, Karine crée son entreprise Création Karina, puis quitte son emploi de préposée aux bénéfi‐ ciaires. Elle met alors toute son énergie et sa passion dans ses toiles. Son entou‐ rage est abasourdi par ce qu’ils voient.
C’était ma thérapie. J’étais investie à 100 %. Je suis telle‐ ment reconnaissante de pou‐ voir maintenant vivre de mon art.
Karine Simoneau
Ses techniques ont évolué
avec le temps, même si l’art abstrait a toujours habité ses oeuvres.
Des toiles incrustées de pierres
En période de création, Ka‐ rine laisse aller son inspiration du moment. Elle se sert de l’epoxy pour donner de la brillance, et utilise des pierres semi-précieuses comme du quartz, des améthystes et du cristal.
Je mets beaucoup de pierres, je trouve ça beau. Je crois en l’énergie des pierres.
Karine peut se perdre du‐ rant des heures devant ses toiles, comme si la vie lui don‐ nait enfin le temps de saisir l’instant qui passe.
Je peins toujours dans le si‐ lence. Mon hamster arrête de jaser quand je fais de l’art. Chaque toile est une page de mon histoire.
L’artiste passe presque sept jours sur sept dans son atelier. Elle sait aujourd’hui que l’équilibre n’est pas facile à trouver et doit se forcer à
prendre des pauses.
Une renaissance
Lorsque Karine Simoneau regarde les épreuves par les‐ quelles elle est passée, elle sait aujourd’hui que tout est possible. Jamais elle n’aurait cru un jour vivre de cette pas‐ sion.
La clé, c’est vraiment de croire en toi. Lorsque tu es abstinent, tu peux tout réus‐ sir. C’est le plus beau feeling que la vie peut apporter. Karine Simoneau
L'artiste a les yeux brillants et maintenant rivés vers le fu‐ tur. Elle souhaite acheter une maison avec son amoureux et y établir son atelier. Elle songe également à devenir mère.