Quand Justin Trudeau rencontre un antiféministe

Dans ses conversations avec le président coréen Yoon Suk-yeol, Justin Tru‐ deau voudra surtout abor‐ der les liens d’amitié qui unissent les deux pays de‐ puis la guerre de Corée, et les opportunités d’affaires qui s’ouvrent à eux dans le domaine de l’énergie, des voitures électriques et des microprocesseurs.

Mais alors qu’il tendra la main à celui qui l’accueillera dans sa résidence officielle et à son parlement, Justin Tru‐ deau aura sûrement en tête ce qui a mené le président Yoon à remporter ses élec‐ tions en mars 2022.

Durant sa campagne pour devenir président, Yoon Sukyeol a surfé sur un courant de misogynie qui touche cer‐ taines sphères de son pays, où le mot féministe est presque tabou et considéré par certains comme une ma‐ ladie mentale, afin de prendre le pouvoir.

Yoon a promis d’abolir le ministère de la Famille et de l’Égalité des genres, parce que selon lui, il traitait tous les hommes comme des crimi‐ nels sexuels potentiels.

Yoon nie qu’il existe un écart salarial entre les Sud-Co‐ réennes et les Sud-Coréens, alors que c’est le plus impor‐ tant de l’OCDE : les femmes gagnent 31,5 % moins que les hommes.

Yoon blâme même le bas taux de natalité en Corée du Sud sur le féminisme, qui se‐ lon lui, nuit aux saines rela‐ tions entre les hommes et les femmes.

Seulement 19 % des parle‐ mentaires sud-coréens sont des femmes.

À l’inverse, Justin Trudeau a vanté la parité au sein de son conseil des ministres, se présente comme un fémi‐ niste, et a souvent vanté les mérites de prendre des déci‐ sions gouvernementales qui favorisent les femmes, comme notamment un meilleur accès aux services de garde, comme étant un avan‐ tage social et économique.

Quand Joe Biden s’est adressé à la Chambre des Communes à Ottawa ce prin‐ temps, il s’est félicité de voir que le Canada et les ÉtatsUnis avaient des conseils des ministres paritaires.

Le président américain s’est même permis une bou‐ tade à certains députés conservateurs qui refusaient de participer à l’ovation de‐ bout générée par cette re‐ marque, en leur disant : Si j’étais vous les gars, même si vous n’êtes pas d’accord, je me lèverais quand même.

Il faudra voir si Justin Tru‐ deau aura le courage d’abor‐ der le sujet du féminisme et de l’égalité des genres cette semaine en Corée du Sud, soit durant son tête-à-tête avec le président Yoon, ou durant son discours au Parlement.