Radio-Canada Info

Un mois d’immersion sociocommu­nautaire pour les recrues du SPVM

- Stéphane Bordeleau

Les nouveaux policiers en‐ gagés au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) bénéficier­ont à compter de l’automne d’une immersion de quatre semaines dans les divers milieux sociaux et commu‐ nautaires de la ville avant d’entrer en poste.

Le nouveau chef du SPVM, Fady Dagher, en a fait l’an‐ nonce lundi lors d’une confé‐ rence de presse où il faisait le point sur ses 100 premiers jours à la tête du service de police de la métropole.

Le but de cette immersion est d’abord de permettre aux recrues d’entrer en contact et de se familiaris­er avec les dif‐ férentes communauté­s, de mieux comprendre les problé‐ matiques de santé mentale, d’itinérance, de violence conjugale et de créer des ponts avec les intervenan­ts et organismes sociaux qui oeuvrent dans les rues de Montréal.

Trop souvent, explique le chef Dagher, les premiers contacts qu’ont les recrues avec ces milieux se font en si‐ tuation de crise, lors d’appels d’urgence où la tension est à son comble.

Ces quatre semaines d’ob‐ servation et d’immersion doivent également permettre aux recrues qui ne viennent pas de Montréal de mieux s’imprégner de la réalité montréalai­se.

À ce chapitre, soulignant au passage que la nouvelle convention collective prévoit une augmentati­on de 30 % du salaire des recrues, Fady Da‐ gher a invité les nouveaux po‐ liciers à s’établir à Montréal afin de faire partie de leur en‐ vironnemen­t de travail.

On veut qu’ils soient mieux outillés, mieux équipés, avoir plus d’assurance pour faire face à la complexité hu‐ maine.

Fady Dagher, chef du Ser‐ vice de police de Montréal

Le chef de la police a ajou‐ té en période de questions qu’une attention sera égale‐ ment apportée lors de cette immersion au contact des nouveaux agents avec les membres des communauté­s autochtone­s, de plus en plus présents dans les rues de la métropole.

Regarnir les effectifs

Outre la qualité de la for‐ mation offerte aux recrues, le SPVM doit également compo‐ ser avec un important défi d’embauche de nouveaux agents.

En effet, en plus de la rare‐ té de la main-d'oeuvre, les rangs de la police de Montréal se sont dégarnis rapidement ces dernières années. Selon la Fraternité des policiers et poli‐ cières de Montréal, le corps de police a enregistré 218 dé‐ parts, dont 74 démissions en 2022. Du jamais-vu, aux dires du syndicat.

Pour remédier aux pro‐ blèmes de rétention et de re‐ nouvelleme­nt des effectifs, le corps de police prévoit l’em‐ bauche de 310 à 350 policiers cette année.

Mais rien n’est sûr parce que le bassin est tellement li‐ mité, s’est empressé d’ajouter le chef Dagher.

De 2024 à 2026, le SPVM prévoit embaucher environ 225 policiers par année.

Afin d’attirer davantage de nouveaux policiers, des ef‐ forts salariaux – 20 % d’aug‐ mentation sur 5 ans – ont été consentis dans la dernière convention collective conclue avec les policiers.

Des ajustement­s et plus de flexibilit­é ont aussi été inté‐ grés dans les horaires de fa‐ çon à mieux accueillir les agents tout en permettant au SPVM de renforcer ses effec‐ tifs lorsqu’il y a des besoins accrus, notamment en soirée.

Nous sommes maintenant

parmi les grands corps de po‐ lice les plus attractifs au Qué‐ bec, assure Fady Dagher, 100 jours après son arrivée aux commandes.

Pour atteindre ses objec‐ tifs, le SPVM compte égale‐ ment faire davantage de place à des candidats issus des mi‐ norités visibles ou qui ont des parcours atypiques. À cette fin, le programme AEC pour attirer ces candidats est passé de 26 à 131 places, a annoncé le chef du SPVM. Ces nou‐ veaux agents dont le par‐ cours est plus social doivent entrer en fonction en sep‐ tembre 2023 et janvier 2024.

Le chef du SPVM a égale‐ ment invité les policiers à la retraite à réintégrer les rangs en leur promettant une en‐ tière flexibilit­é d’horaire.

À la police de Montréal, la majorité des retraites se prennent vers 47 ou 48 ans, a souligné Fady Dagher.

On a tout à donner [à cet âge], estime-t-il. Au lieu d’aller le donner dans le privé ou ailleurs, on aimerait qu’ils re‐ viennent joindre les rangs, partager leur expertise, nous donner un coup de main pour passer à travers les pro‐

chaines années.

La violence armée en tête des priorités

La question des effectifs est cruciale pour le SPVM, qui doit composer avec d’impor‐ tants défis ces dernières an‐ nées, dont la violence armée est sans contredit l’un des plus urgents.

Bien au fait des enjeux auxquels il fait face avec la proliférat­ion des armes à feu dans les rues, Fady Dagher a déclaré que les équipes d’en‐ quête spécialisé­es ne chôment pas et multiplien­t les frappes policières, les ar‐ restations et les saisies d’armes.

Depuis le début de l’année, nous avons effectué plus 107 arrestatio­ns en lien avec les armes à feu et nous avons saisi 249 armes à feu, a-t-il souligné.

Le chef du SPVM, qui a luimême assisté à quelquesun­es de ces opérations, s’est dit impression­né par le jeune âge des suspects qui sont par‐ fois à peine âgés de 17 ou 18 ans.

En plus de ces actions, nous avons mis en place une dissuasion ciblée. Elle consiste à exercer une pression constante sur plusieurs per‐ sonnes indépendam­ment de leur appartenan­ce à tel ou tel groupe des personnes, dont le comporteme­nt nous in‐ dique qu’ils pourraient prendre part ou même être victime d’un épisode de vio‐ lence armée.

Chaque arme saisie c’est presque une vie qui vient d’être sauvée. C’est aussi plu‐ sieurs appels au 911 de moins, a souligné le chef Da‐ gher, qui reconnaît cependant que beaucoup de travail reste encore à faire.

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