L’Union européenne approuve l’acquisition d’Activision-Blizzard par Microsoft
La Commission euro‐ péenne, gardienne de la concurrence dans l'Union européenne (UE), a approu‐ vé lundi le rachat de l'édi‐ teur américain de jeux vi‐ déo Activision-Blizzard (World of Warcraft, Call of Duty, Candy Crush) par Mi‐ crosoft (Xbox). Cette an‐ nonce survient trois se‐ maines après un veto bri‐ tannique qui met en péril la transaction.
L'avenir de cette fusion géante reste totalement in‐ certain. L’avis positif de la Commission européenne, dont le siège est situé à Bruxelles, contredit le rejet prononcé fin avril par l'autori‐ té britannique de la concur‐ rence (CMA).
Elle va également à contrecourant de l'autorité améri‐ caine (FTC), qui a lancé des poursuites en décembre pour bloquer le rachat.
Des conditions à respec‐ ter
Le feu vert de Bruxelles est conditionnel au respect par Microsoft de mesures propo‐ sées pour garantir la concur‐ rence sur le marché des jeux en nuage (cloud gaming), qui permet aux joueurs et joueuses de lancer des parties sur plusieurs appareils, de la tablette au téléphone intelli‐ gent, en passant par le PC.
Le géant américain du jeu vidéo devra par exemple, pour une durée de 10 ans, ac‐ corder aux joueurs et joueuses du monde entier des licences gratuites pour tous les jeux actuels et futurs d'Activision-Blizzard acquis lé‐ galement, leur permettant de jouer sur tout appareil, peu importe le système d'exploita‐ tion.
Une licence gratuite cor‐ respondante sera également accordée aux services concur‐ rents de jeux en nuage.
Cette mesure permettra à des millions de consomma‐ teurs et consommatrices de jouer à ces jeux sur l'appareil de leur choix.
Brad Smith, le président de Microsoft
[Ces engagements] remé‐ dient pleinement aux pro‐ blèmes soulevés par la Com‐ mission, a déclaré l'exécutif européen dans un communi‐ qué.
Les Britanniques en désaccord
Pour la première fois de‐ puis le Brexit dans un dossier d'une telle ampleur, Bruxelles et Londres ont adopté des positions divergentes.
L'autorité britannique de la concurrence avait annoncé le 26 avril sa décision de blo‐ quer la mégafusion, jugeant les risques trop élevés.
Microsoft avait aussitôt annoncé qu'il ferait appel. Cette décision semble refléter une mauvaise compréhen‐ sion de ce marché et du fonc‐ tionnement réel de la techno‐ logie de jeux en nuage, avait estimé le groupe.
Le feu vert de l’UE devrait lui fournir des arguments so‐ lides pour contester l'avis de la CMA devant le Tribunal d'appel de la concurrence (CAT) au Royaume-Uni.
Si Microsoft ne gagne pas l'appel devant le [Tribunal de la concurrence], il ne pourra pas procéder à l'acquisition, même si la Commission euro‐ péenne l'approuve.
Anne Witt, spécialiste du droit de la concurrence à l'école de commerce EDHEC en France
À moins, bien sûr, que Mi‐ crosoft décide de quitter le marché britannique, mais cela semble peu probable, a indi‐ qué Anne Witt à l’AFP.
L'autorité britannique de la concurrence a cependant réitéré son veto lundi. Les propositions de Microsoft, ac‐ ceptées aujourd'hui par la Commission européenne, permettraient à Microsoft de fixer les modalités de ce mar‐ ché pour les dix prochaines années, a affirmé Sarah Car‐ dell, directrice générale de la CMA.
Les mesures proposées par Microsoft remplaceraient un marché libre, ouvert et concurrentiel par un marché soumis à une réglementation permanente des jeux vendus par Microsoft, des plate‐ formes sur lesquelles il les vend et des conditions de vente, a-t-elle expliqué.
Vers un mastodonte du jeu vidéo?
Dans un secteur du jeu vi‐ déo en pleine consolidation, Microsoft avait annoncé en janvier 2022 le rachat d'Activi‐ sion-Blizzard. La transaction s’élève à 69 milliards de dollars américains (93 milliards de dollars canadiens), un mon‐ tant record dans l’industrie vi‐ déoludique.
Si la fusion est menée à son terme, elle donnera nais‐ sance à la troisième plus im‐ portante entreprise de jeux vidéo en termes de chiffre d'affaires, derrière le chinois Tencent et le japonais Sony, fabricant de la PlayStation.