La Ville de Barrie veut décourager la mendicité tout en renforçant ses programmes d’aide
Le conseil municipal de Barrie, à environ une heure et demie de route au nord de Toronto, a voté à l’unanimité cette se‐ maine une nouvelle série de mesures pour répondre à la crise de l’itinérance en ville. Si le conseil veut ren‐ forcer les services tels que les refuges, il interdit du même coup l’installation de camps et la distribution de nourriture et d’argent aux itinérants sans un per‐ mis spécifique.
Nous voulons nous assu‐ rer que les gens ont le soutien et les services dont ils ont be‐ soin et la meilleure façon de le faire est notre système public de refuges, affirme le maire Alex Nuttall dans un commu‐ niqué.
Dans les nouvelles me‐ sures votées par le conseil municipal se trouvent en effet plusieurs éléments qui visent à augmenter le financement des refuges et des services aux sans-abri.
La Ville entend ainsi de‐ mander plus de financement à la province pour ces ser‐ vices.
L’administration munici‐ pale approuve aussi le finan‐ cement pour les centres de réchauffement et les pro‐ grammes de dons de nourri‐ ture.
La Ville de Barrie financera aussi les frais de déplacement dans des cas de réunification familiale, ainsi que le service de navette pour les per‐ sonnes qui sont libérées du centre correctionnel.
Elle entend par ailleurs de‐ mander un financement per‐ manent à la province et au comté de Simcoe pour un programme de sensibilisation.
Toutefois, cela s’accom‐ pagne de plusieurs mesures restrictives qui visent en parti‐ culier la mendicité.
Le conseil municipal a en effet voté pour plusieurs in‐ terdictions, à commencer par celle de donner de l’argent aux personnes faisant la manche dans les rues, aux in‐ tersections et près des bre‐ telles d’autoroute.
S’y ajoute l’interdiction de donner de la nourriture ou des produits d'épicerie dans les espaces publics, à moins d’avoir un permis pour le faire.
Le nouveau règlement proscrit aussi l'installation de campements.
La Ville compte installer des panneaux pour découra‐ ger ces actions et inviter le pu‐ blic à se tourner vers des ser‐ vices officiels.
La police de Barrie dit, de son côté, qu'elle appliquera les règlements de la Ville.
Pour certains, comme l’an‐ cien conseiller municipal Kee‐ nan Aylwin, cette nouvelle ré‐ glementation est avant tout une manière de faire dispa‐ raître les itinérants des rues.
Quelqu’un en ligne a dit que c’était la motion "si je ne le vois pas, ça n’existe pas". C’est un peu ce que c’est. Le conseil municipal se met la tête dans le sable, dénonce-til.
Un règlement inutile
La Dr Maggie Hulbert, mé‐ decin à l’Université de Toronto et membre de Health Provi‐ ders Against Poverty, qui mi‐ lite pour la justice sociale, ad‐ met qu’il y a quelques bons points dans cette motion, no‐ tamment la demande de fi‐ nancement pour les refuges et les services aux sans-abri.
Cependant, elle n'ap‐ prouve pas la deuxième moi‐ tié de la motion qu’elle juge injuste, violente et cruelle, en référence à l’interdiction des campements et de la mendici‐ té.
Malheureusement, ça ne me surprend pas, c’est désar‐ mant et très énervant, réagit la militante qui souligne qu’il y a une tendance depuis les deux ou trois dernières an‐ nées à criminaliser le sansabrisme. Nous avons vu ça avec de violentes évictions de campements.
Selon elle, ce nouveau rè‐ glement reflète un manque de compréhension de l’inten‐ sité de la pauvreté que vivent les gens.
C’est inutile, car si quel‐ qu'un reçoit une amende pour avoir mendié, comment va-t-il payer?
Maggie Hulbert, membre de l'organisme Health Provi‐ ders Against Poverty
La Dr Maggie Hulbert craint par ailleurs que cette motion ne s'étende à d’autres municipalités.
Pour sa part, Gaetan He‐ roux, qui milite à Toronto contre la crise du logement, fustige la motion du conseil municipal de Barrie qui