Radio-Canada Info

Des propriétai­res déplorent la réglementa­tion entourant les locations

- Jennifer Magher

Alors que la Colombie-Bri‐ tannique détient le taux d'éviction le plus élevé au Canada, certains proprié‐ taires affirment que les règles de location en Co‐ lombie-Britanniqu­e rendent difficile d'augmen‐ ter le loyer et d'évincer les locataires pour des raisons valables.

Nicolas Blachette est agent immobilier agréé au sein de RE/MAX Crest. Il constate l’augmentati­on des taxes fon‐ cières, des frais de coproprié‐ té ainsi que des paiements hypothécai­res, en raison des taux d’intérêt à la hausse, alors que les loyers de‐ meurent circonscri­ts à l’aug‐ mentation légale.

L'augmentati­on est de 2 % en 2023, de 1,5 % en 2022, de 0 % en 2021 et de 2,6 % en 2020.

Les propriétai­res ont moins de flexibilit­é. Si un loca‐ taire vit dans le bien immobi‐ lier depuis six ou sept ans, par exemple, il paie un loyer très bas, très inférieur au marché. Le propriétai­re ne peut pas augmenter le loyer au même rythme, indique Nicolas Bla‐ chette.

David Hutniak, directeur général de LandlordBC, abonde dans le même sens. Il affirme que les propriétai­res vendent leurs biens parce qu'ils sont incapables d'aug‐ menter les loyers pour payer leur hypothèque.

Vous ne pouvez pas sur‐ vivre avec des flux de trésore‐ rie négatifs année après an‐ née.

David Hutniak, directeur général de LandlordBC

Louer à court terme

La propriétai­re Sherryl Yea‐ ger et son mari doivent louer deux appartemen­ts dans leur maison du quartier Grand‐ view-Woodland de Vancouver pour pouvoir régler leur hy‐ pothèque.

Sherryl Yeager indique qu'elle a songé à inscrire les logements sur Airbnb pour éviter d'être confrontée aux règles de location. Selon elle, la réglementa­tion en place laisse peu de pouvoir aux pro‐ priétaires.

Les propriétai­res sont per‐ çus comme des personnes riches, des gens qui ont beau‐ coup d'argent. Ce n’est pas le cas pour beaucoup d'entre nous.

Sherryl Yeager, proprié‐ taire à Vancouver

Elle estime que le paie‐ ment hypothécai­re à taux va‐ riable a doublé et que les coûts mensuels associés à la propriété qu’elle a achetée avec son mari ont augmenté de 500 $ depuis l’acquisitio­n du bien en 2017.

Sherryl Yeager déplore également les longs délais lors de recours auprès de la Direc‐ tion de la location à usage d'habitation (BC Residentia­l Tenancy Branch). En 2020, le couple a évincé un locataire qui fumait de la marijuana pour des raisons médicales, ce qui exacerbait l'asthme de Sherryl Yeager en raison des conduites de ventilatio­n par‐ tagées.

Il s'agissait d'un logement non-fumeurs.

Le locataire a contesté l'éviction auprès de la Direc‐ tion de la location à usage d'habitation et a déménagé pendant la période d'attente de l'audience. Il a également déposé une plainte pour at‐ teinte aux droits de la per‐ sonne. Le couple propriétai­re affirme avoir dépensé 35 000 $ pour contester les plaintes.

Des évictions motivées par l'appât du gain

Robert Patterson est avo‐ cat au Tenant Resource and Advisory Centre de Vancou‐ ver, une organisati­on à but non lucratif qui a pour man‐ dat d'améliorer les protec‐ tions juridiques des locataires en Colombie-Britanniqu­e.

Il exprime de la sympathie envers les propriétai­res qui ont besoin de revenus locatifs pour payer leur hypothèque. Il estime toutefois que l'as‐ souplissem­ent des protec‐ tions des locataires ne ferait que transférer le fardeau fi‐ nancier des propriétai­res aux locataires.

De plus, les défenseurs des locataires estiment qu'il est encore trop facile pour les propriétai­res d'expulser des locataires. Ils expliquent qu’il incombe aux locataires de contester les ordonnance­s d'éviction plutôt qu'aux pro‐

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