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Des véhicules d’occasion « dangereux » vendus dans un garage d’Ottawa, selon des clients

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Certains clients qui ont acheté des véhicules au‐ près d’un concession­naire de voitures d’occasion à Ot‐ tawa estiment que l’entre‐ prise a été « malhonnête » avec eux après avoir dé‐ couvert de nombreux pro‐ blèmes de sécurité.

Aujourd’hui, ces clients, ainsi qu’un expert en protec‐ tion automobile, mettent en garde d’autres personnes contre le manque potentiel de surveillan­ce des conces‐ sionnaires de l’Ontario en ma‐ tière de sécurité.

Les clients ont raconté avoir acheté leur voiture au‐ près d’un concession­naire qui vend ce qu’on appelle des vé‐ hicules sécurisés plutôt qu’au‐ près d’un concession­naire pri‐ vé, pensant que les normes dans ce type d'entreprise sont plus strictes.

Une inspection et un certi‐ ficat des normes de sécurité sont exigés en Ontario avant de conclure la vente d’un vé‐ hicule d’occasion destiné à la route. L’inspection est effec‐ tuée par un garage ou un mé‐ canicien approuvé par la pro‐ vince. Celui-ci doit confirmer que le véhicule répond aux normes de sécurité minimale de l’Ontario.

Deux clients du Garage Plus Auto Centre ont accepté de parler de leur expérience à une journalist­e de CBC, qui a également discuté avec une poignée d’autres personnes qui ont décrit des problèmes similaires avec l’entreprise ot‐ tavienne.

Ils ont dit qu’on leur avait promis des véhicules sécuri‐ taires, mais qu’ils se de‐ mandent maintenant si leurs véhicules ont été inspectés adéquateme­nt. Après une ins‐ pection plus poussée par d’autres mécanicien­s, quatre clients disent avoir découvert de graves problèmes qui n’avaient pas été mentionnés auparavant. Dans un rapport, un véhicule a même été jugé pratiqueme­nt impropre à la conduite.

Certains clients ont dit à CBC qu'ils avaient perdu de l'argent ou encore qu'ils avaient finalement vendu leur véhicule pour les pièces déta‐ chées. D'autres disent avoir cherché de l'aide auprès de la province ou de son orga‐ nisme de réglementa­tion des ventes de véhicules, le Conseil ontarien du commerce des véhicules automobile­s (COC‐ VA), sans résultat satisfaisa­nt.

CBC a contacté l’entreprise pour la première fois le 4 mai, lui partageant certains délais, mais Garage Plus Auto Centre a préféré répondre par une déclaratio­n fournie par son avocat, Daniel Nassrallah, de DNG Law, indiquant ne pas être en mesure d’examiner chaque dossier en raison du délai de publicatio­n trop court de CBC.

L'entreprise a invité tous les plaignants à communique­r avec le cabinet d'avocats dont elle a retenu les services pour examiner la question, affir‐ mant qu'elle s'engageait à trouver un compromis juste et raisonnabl­e pour tous ses clients.

L'inspection révèle une longue liste de problèmes

Kortney Force a raconté avoir acheté une Mazda CX5 2013 à Garage Plus Auto Centre, en novembre 2022, pour 12 650 $, plus les taxes et autres frais.

Mon premier et principal critère était la sécurité.

Elle a ajouté que le ven‐ deur lui avait vanté les mé‐ rites des dispositif­s de sécuri‐ té et avait insisté sur le fait que le véhicule était sécurisé. Elle a aussi dit ne pas avoir re‐ çu de copie du certificat de sé‐ curité lors de l’achat, le 14 no‐ vembre, mais qu’elle avait été rassurée par les messages d’un vendeur.

Il est entièremen­t sécuri‐ taire, a écrit le vendeur dans un message consulté par CBC.

Dès sa première balade à bord du véhicule, Kortney

Force a déclaré que le voyant du moteur et le voyant de pression des pneus s’étaient allumés. Elle a ensuite senti une odeur d'oeufs pourris.

Mme Force a ramené son véhicule au Garage Plus Auto Centre où le personnel lui a assuré qu’il n’y avait pas de problème. On a même éteint les voyants du tableau de bord, mais ceux-ci se sont ra‐ pidement rallumés.

Pendant trois mois, le pneu de Kortney Force per‐ dait de l’air. Elle s’est finale‐ ment rendue dans un garage du Canadian Tire où les méca‐ niciens ont découvert qu’un clou avait perforé son pneu, le remplaçant ainsi par un pneu de rechange.

Elle a ensuite amené son véhicule chez un concession‐ naire Mazda pour une inspec‐ tion. Le rapport, communiqué à CBC, comprend la liste de problèmes suivants :

Le tuyau d’échappemen­t était pourri et fuyait; D’autres tuyaux étaient rouillés et semblaient très faibles; Pro‐ blèmes de capteurs; La batte‐ rie était très faible; La courroie était sèche et fissurée; Un joint à rotule présentait un jeu excessif; La douille du bras

de contrôle avant droit était déchirée; Le pneu avant gauche était sur une roue de secours et devait donc être remplacé; Le devis de répara‐ tion s’élevait à 8252,37 $.

Ils m’ont dit que cela ne va‐ lait même pas la peine de ré‐ parer. Ils m’ont dit que je ne devais pas la conduire, que ce n’était pas sécuritair­e.

Après avoir examiné la liste des problèmes, un expert automobile a déclaré à CBC que ces problèmes auraient dû être détectés lors de l’ins‐ pection des normes de sécuri‐ té, et que ce véhicule aurait dû échouer à l’évaluation.

Mme Force se demande si la Mazda a tout simplement fait l’objet d’un contrôle de sé‐ curité approprié. Avec l'aide d'un tiers qui a agi comme médiateur en son nom, elle a pu récupérer la majeure par‐ tie de son argent en plus de retourner, en mars, le véhi‐ cule au garage.

Ils m’ont menti. Le véhicule n’était pas sécuritair­e. J’ai per‐ du beaucoup d’argent et de temps, a dit celle qui a signalé son cas au COCVA, qui lui a dit de contacter directemen­t le concession­naire, sans plus.

Huit propriétai­res en plus d’un an

Un rapport CARFAX sur l’historique du véhicule in‐ dique que ladite Mazda a changé huit fois de proprié‐ taire enregistré, depuis mars 2022.

Quelques jours après que Kortney Force eut ramené son véhicule, une Mazda CX-5 portant le même numéro d’identifica­tion a été remise en vente sur le site web de Garage Plus Auto Centre, cette fois pour 13 995 $, soit 1345 $ de plus que le prix payé par l’ex-propriétai­re.

L’annonce mentionne que la voiture a une cote de sécu‐ rité de cinq étoiles, en parfait état et entièremen­t inspectée et certifiée.

Il semble que le véhicule ait été vendu depuis. Un nou‐ veau propriétai­re a été enre‐ gistré le 18 avril.

Dans une déclaratio­n en‐ voyée à CBC par son avocat, l’entreprise a dit être raison‐ nablement convaincue que cette affaire a été réglée à l’amiable il y a plusieurs mois sans répondre aux questions spécifique­s qui avaient été posées.

Ce que j’ai vécu est à la li‐ mite du traumatism­e, a té‐ moigné Mme Force.

C’était frayant vraiment ef‐

J’ai eu l’impression qu’on m’a vendu un tas de ferraille, a raconté sans détour Sydney Blanchard, une cliente qui a acheté une Honda Civic 2012 au même garage, en juin 2022, pour un peu moins de 11 000 $.

Au bout de quelques se‐ maines, elle a remarqué que sa voiture calait lorsqu’elle es‐ sayait d’accélérer, au point où le moteur de sa voiture s’est éteint au milieu d’une inter‐ section.

C’était vraiment effrayant, a-t-elle témoigné.

Les mécanicien­s d'un concession­naire Honda local ont passé plus d'un mois à ef‐ fectuer une longue liste de tests pour trouver la cause du problème. Le rapport de Hon‐ da, que CBC a pu consulter, indique qu'une transmissi­on défectueus­e a été remplacée, les technicien­s croyant que c'était la cause, mais que cela n'a pas réglé le problème.

Le concession­naire Honda a conclu qu'en raison des an‐ técédents de collision de la voiture, l'étape suivante consistait à démonter le mo‐ teur, soupçonnan­t une pos‐ sible fracture ou un compo‐ sant défectueux à l'intérieur du moteur, et à remplacer le moteur, ce qui coûterait plus de 6000 $.

Sydney Blanchard a alors répondu qu’elle ne connais‐ sait que des dommages mi‐ neurs, selon ce qu’un repré‐ sentant de Garage Plus Auto Centre lui aurait parlé. Son acte de vente faisait état d’une collision avec une récla‐ mation de 1032 $.

Mais le rapport CARFAX, fourni par Honda, indique plutôt des dommages modé‐ rés de 11 513,53 $ et que l’as‐ surance a versé 1032 $.

Je me suis sentie tellement bête de l’avoir cru sur parole.

Un conseiller Honda lui a dit que la voiture n’était pas sécuritair­e à conduire, a-t-elle raconté.

Étant donné que la pé‐ riode de garantie de 30 jours était terminée et que l'inspec‐ tion de Honda prenait beau‐ coup de temps, Mme Blan‐ chard a renoncé à trouver une solution avec Garage Plus Auto Centre.

Elle a vendu son véhicule pour ses pièces détachées.

Garage Plus Auto Centre a déclaré dans une déclaratio­n avoir tenté de discuter à l'amiable de cette affaire avec la cliente, mais en vain et qu’il semble que certains pro‐ blèmes ne soient pas résolus, malheureus­ement, peut-on lire.

Un autre client a déclaré à CBC que son véhicule avait des problèmes de moteur et qu'il l'avait également vendu pour ses pièces.

Le désir de s’améliorer, se défend l’entreprise

CBC a essayé de contacter certains clients qui ont donné à l’entreprise un avis Google de cinq étoiles. Une personne a répondu, disant qu’elle était satisfaite du service, mais qu’elle avait aussi eu des pro‐ blèmes de sécurité avec son véhicule.

Le site web de Garage Plus Auto Centre écrit vouloir s’en‐ gager à assurer la sécurité de ses clients sur la route et af‐ firme que ses mécanicien­s certifiés sont des profession‐ nels de l'automobile hon‐ nêtes.

CBC a envoyé une liste dé‐ taillée de questions à ré‐ pondre avant le 11 mai à l’avocat Daniel Nassrallah, tout en proposant d’envisager une prolongati­on si néces‐ saire. Vous avez certaineme­nt identifié un grand nombre de problèmes supposés qui mé‐ ritent tous un examen appro‐ prié et une réponse au cas par cas. Malheureus­ement, nous ne sommes pas en mesure d'examiner chaque problème et de fournir une réponse avant la date limite de publi‐ cation.

La société a ensuite invité les plaignants à contacter le cabinet d'avocats qu'elle a re‐ tenu ou à signaler les pro‐ blèmes au COCVA. Nous res‐ tons déterminés à améliorer l'expérience globale de nos clients.

CBC a offert à Garage Plus Auto Centre une journée sup‐ plémentair­e pour fournir plus d'informatio­ns, mais l’avocat a répondu que son client ne ferait pas d'autres déclara‐ tions.

Il a par la suite demandé à vérifier les faits dans une ver‐ sion préliminai­re de l'article de CBC avant la publicatio­n. CBC ne partage pas les versions préliminai­res non publiées, mais a fourni une longue liste d'allégation­s, y compris des dates, des détails et des noms, décrites dans cet ar‐ ticle.

Daniel Nassrallah a de‐ mandé à CBC de divulguer pu‐ bliquement cet échange afin de révéler pourquoi son client a refusé une entrevue pour expliquer notre position rai‐ sonnable. Dans un courriel, le COCVA a indiqué que les accu‐ sations, les condamnati­ons ou les audiences disciplina­ires sont accessible­s au public, mais pas les plaintes ni les en‐ quêtes en cours.

Nous ne disposons d’au‐ cune informatio­n publique concernant Garage Plus Auto Centre ou son directeur géné‐ ral et son directeur général des ventes, a écrit un porteparol­e du Conseil ontarien du commerce des véhicules au‐ tomobiles.

Un manque de contrôle de la sécurité, selon un ex‐ pert

Le directeur de l'Associa‐ tion de protection automo‐ bile, George Iny, a expliqué que le système d’inspection de sécurité de l’Ontario souffre d’un manque de sur‐ veillance et est peu fiable du point de vue du consomma‐ teur.

Le ministère des Trans‐ ports de l’Ontario se charge de contrôler ces questions de sécurité, mais M. Iny affirme qu'il pénalise rarement ceux qui ne respectent pas les règles.

Ce garage devrait perdre la capacité du ministère à certi‐ fier les véhicules, a déclaré M. Iny en se basant sur sa propre évaluation de Garage Plus Auto Centre.

Dans une déclaratio­n en‐ voyée par courriel, le minis‐ tère a indiqué qu'il ne pouvait pas faire de commentair­es sur une enquête active, en cours ou antérieure concernant un poste d'inspection agréé.

Bien que les documents relatifs aux normes de sécuri‐ té soient obligatoir­es, ils sont rarement remis au client en même temps que le véhicule, a spécifié le directeur.

Si le consommate­ur es‐ time qu'un certificat de sécu‐ rité a été délivré pour un véhi‐ cule présentant des pro‐ blèmes importants, M. Iny re‐ commande de demander un second avis. Si le concession‐ naire ne coopère pas, les consommate­urs peuvent se plaindre au COCVA ou même au ministère en cas de viola‐ tions graves des normes de sécurité.

Avec les informatio­ns de Priscilla Ki Sun Hwang, de CBC News

santé est de 10 mardi matin, mais devrait diminuer dans la courant de la journée à 7.

C’est le cas pour les comtés de Parkland et Sturgeon, ainsi que la ville d'Edmonton.

La fumée des incendies de forêt peut être nocive pour la santé de tous, même si les concentrat­ions sont faibles, rappelle l’agence fédérale.

partir du principe que vous êtes en vie jusqu'à preuve du contraire. C’est une demande élémentair­e.

Laura Tamblyn Watts, fon‐ datrice et directrice générale de CanAge

Beaucoup de personnes âgées ne sont pas dans une position aussi favorable... Franchemen­t, nous risquons d'en voir plusieurs passer à travers les mailles du filet.

Les personnes les plus vul‐ nérables, a-t-elle dit, sont les moins à même de surveiller correcteme­nt leurs finances ou de défendre leurs intérêts.

Le fait que ces personnes âgées aient passé des se‐ maines à essayer de démêler leur situation devrait égale‐ ment être une sonnette d'alarme pour un système ob‐ solète et kafkaïen, a déclaré Mme Tamblyn Watts.

Dans l'ensemble, le gou‐ vernement devrait partir du principe que vous êtes en vie jusqu'à preuve du contraire. C’est une demande élémen‐ taire, a-t-elle estimé.

Dans un courriel adressé à CBC, ESDC a déclaré que sa priorité était de veiller à ce que toutes les personnes âgées reçoivent les bonnes prestation­s au bon moment et qu'il prenait des mesures pour s'assurer que les paie‐ ments étaient versés à la bonne personne.

Il a assuré que dans les cas où les prestation­s doivent être suspendues à titre pré‐ ventif, les clients en sont in‐ formés.

Avec les informatio­ns d’Elyse Skura de CBC News

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