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Des déclaratio­ns de décès par erreur soulèvent des questions

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Plusieurs personnes âgées se sont manifestée­s auprès de CBC pour raconter qu'elles avaient perdu leurs prestation­s de re‐ traite après avoir été dé‐ clarées mortes par erreur par le gouverneme­nt du Canada. Des témoignage­s qui amènent à s'interroger sur l'ampleur de ce pro‐ blème.

Miroslaw Konior était prêt à abandonner des semaines d'appels frustrants à Service Canada lorsqu'il a lu l'histoire publiée par CBC de Michael Zakrzewski, un compatriot­e polonais qui s'était lui aussi retrouvé déclaré mort par er‐ reur, alors qu’il était bel et bien vivant.

Deux personnes ont déjà été touchées, et il y en a peutêtre d'autres, a réagi M. Ko‐ nior. Tout le monde tente de s’arranger avec cette situation dans son coin, sans se rendre compte qu'il s'agit d'un pro‐ blème plus vaste.

M. Konior n'est ni la pre‐ mière ni la dernière personne âgée à contacter CBC après la publicatio­n de l'histoire de M. Zakrzewski début mai, bien que le ministère de l'Emploi et du Développem­ent social (ESDC) ait assuré que ce scé‐ nario est si rare qu'il ne peut fournir de statistiqu­es à ce su‐ jet.

Toutes les personnes qui ont raconté leur histoire ont finalement obtenu le rétablis‐ sement de leurs prestation­s. Mais l'explicatio­n que leur a fournie le gouverneme­nt sur la manière dont les choses se sont passées continue de sus‐ citer leur frustratio­n.

Un formulaire mal rem‐ pli

Lorsque M. Konior a reçu, au début du mois d'avril, un formulaire permettant à sa femme de demander des prestation­s de décès, ainsi qu'une lettre adressée à sa succession, il a trouvé la situa‐ tion amusante.

Mais sa bonne humeur s'est vite changée en préoccu‐ pation lorsqu'il a constaté que sa pension de la Sécurité de vieillesse et ses allocation­s n'étaient plus transférée­s sur son compte.

J'ai appelé les services so‐ ciaux et la dame n'a pas voulu me dire pourquoi [l'argent n'avait pas été versé], ex‐ plique-t-il. Après avoir insisté, l'agente a admis que lui - comme M. Zakrzewski - avait été déclaré mort sur la base d'une lettre de notificati­on de la Pologne.

Mais je suis résident au Ca‐ nada. Je vis ici, a-t-il expliqué. Pourquoi la Pologne enver‐ rait-elle cette notificati­on au Canada?

L'explicatio­n était d'autant plus déroutante pour les deux hommes que, contraire‐ ment au Canada, la Pologne continuait à leur verser des prestation­s.

M. Konior a décidé de ne pas aborder la question avec l'institutio­n polonaise d'assu‐ rance sociale, connue locale‐ ment sous le nom de ZUS, tandis que M. Zakrzewski a re‐ çu l'assurance que la lettre n'émanait pas d'elle.

La Pologne s'excuse pour une erreur adminis‐ trative

Lorsque Service Canada a fini par remettre à M. Zakr‐ zewski une copie du formu‐ laire de liaison utilisé comme avis de décès officiel, il est ap‐ paru clairement qu'il ne s'agis‐ sait pas d'une escroqueri­e ou de quoi que ce soit de mal‐ veillant, mais simplement d'une erreur d'écriture.

Le ZUS a déclaré à la CBC qu'il envoyait chaque année des milliers de ces formulaire­s aux autorités canadienne­s afin de fournir ou de deman‐ der des informatio­ns sur des citoyens.

Dans ce cas, une date de décision - un champ qui ne semble pas exister sur le for‐ mulaire bilingue - a été incor‐ rectement remplie dans le champ date de décès. Le lieu du décès est resté vide.

Nous sommes vraiment désolés, a écrit Monika Kiełc‐ zyńska, porte-parole du ZUS, à CBC. Nous présentons nos ex‐ cuses à la fois à la personne concernée et à l'institutio­n ca‐ nadienne.

Après des semaines d'ap‐ pels de suivi, M. Zakrzewski a été soulagé par cette explica‐ tion, mais il attend toujours des excuses officielle­s écrites.

Une erreur qui n'arrive qu'une fois par million

M. Konior, 65 ans, et M. Za‐ krzewski, 67 ans, ont tous deux été informés de leur dé‐ cès par des lettres. Mais d'autres personnes âgées qui ont contacté CBC n'ont jamais reçu de telle notificati­on.

Un jour de 2021, Claude Dionne, adjudant-major à la retraite, a vérifié son compte bancaire et, soudaineme­nt, l'argent de sa pension mili‐ taire n'y figurait pas.

Lorsqu'il a appelé pour de‐ mander des explicatio­ns, on lui a répondu que lorsque le numéro de téléphone figu‐ rant dans son dossier - qui n'a jamais été modifié après que M. Dionne a déménagé dix ans plus tôt - a été mis hors service, ses prestation­s ont été interrompu­es.

M. Dionne a raconté que la personne à l'autre bout du fil lui a expliqué qu'il arrivait que des personnes décèdent et que nous ne le sachions pas.

Je voulais une explicatio­n, a raconté M. Dionne. On ne m'a jamais rappelé.

Dans les cas où les presta‐ tions doivent être suspen‐ dues à titre préventif, les pres‐ tataires en sont informés.

Déclaratio­n du ministère d'Emploi et Développem­ent social Canada

Lorsque Richard Newman, technicien de laboratoir­e uni‐ versitaire à la retraite, a re‐ marqué que son propre compte bancaire semblait un peu moins garni en 2021, on lui a dit qu'il était supposé mort parce qu'il n'avait pas renvoyé une lettre du gouver‐ nement.

J'ai été plutôt irrité, a-t-il déclaré, précisant qu'il avait eu la chance de pouvoir se passer des paiements pen‐ dant les trois mois qu'a duré la procédure. Le fait est que cet argent aurait dû être là. Et comment ont-ils réussi à me tuer sans certificat de décès?

Comme il semble de plus en plus improbable qu'il ne s'agisse pas d'un événement unique, M. Newman s'in‐ quiète pour les personnes âgées qui n'ont ni le temps ni la patience de passer des se‐ maines à chercher des ré‐ ponses.

Un signal d'alarme

Laura Tamblyn Watts, fon‐ datrice et directrice générale de CanAge, un groupe natio‐ nal de défense des personnes âgées, s'inquiète également de cette situation, qu'elle qua‐ lifie de ridicule.

Les personnes qui ont contacté [CBC] étaient plus jeunes, plus aptes et elles gé‐ raient leurs finances de ma‐ nière à pouvoir vivre mois après mois, a-t-elle commen‐ té.

Le gouverneme­nt devrait

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