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Record de postes vacants en Gaspésie et aux Îles

- Véronique Duval

Selon les plus récents chiffres de Statistiqu­e Ca‐ nada, 1540 postes étaient vacants dans la région au quatrième trimestre de 2022. Cela représente deux chômeurs par poste vacant dans la région, se‐ lon l’économiste régional à la direction générale de Services Québec, Alexandre Gauthier Bel‐ zile.

En 2015, cette proportion était de 16 chômeurs par poste vacant.

Le défi, c'est qu'il manque carrément de gens. C'est sûr que la population ici n'est pas suffisante pour combler tous ces postes-là. Même s'il y a eu de nouveaux arrivants, ça n'a pas compensé suffisamme­nt. Les nouveaux arrivants ont aussi beaucoup de difficulté à être hébergés, à trouver des endroits pour se loger, décrit la directrice générale de la chambre de commerce de la Haute-Gaspésie, Clau‐ dine Gauthier.

Avec la pénurie de maind’oeuvre, le marché du travail subit des changement­s.

D'après l'économiste Alexandre Gauthier Belzile, ce marché ne peut plus être ana‐ lysé de la même manière qu'auparavant. L'hypothèse qu'on faisait, c'est que quand ça va bien sur le marché du travail, il y a plus d'emplois, puis quand ça va mal, il y a une baisse d'emplois. C’était la façon classique d’analyser les données, explique-t-il.

Dorénavant, la situation est différente.

La réalité actuelle, c’est que certains secteurs d’activi‐ tés stagnent, pas parce que ça ne va pas bien, mais parce qu’on ne réussit pas à com‐ bler les postes, ajoute l'écono‐ miste. On n’est pas capable de trouver la main-d'oeuvre pour combler ces postes-là.

La question qu'il faut se poser est : ''Est-ce que l'em‐ ploi est stable parce que ça ne va pas bien ou parce qu’on a davantage de postes vacants et qu’on n'est pas capable de trouver la main-d'oeuvre pour combler ces postes-là?''

Alexandre Gauthier Belzile, économiste régional à la di‐ rection générale de Ser‐ vices Québec

Alexandre Gauthier Belzile note que, dans les années 1980 et 1990, quand il y avait 10 postes disponible­s, ils étaient généraleme­nt pour‐ vus en quatre à cinq mois. Les chercheurs d'emploi étaient si nombreux que les postes trouvaient preneur rapide‐ ment, explique-t-il.

Un marché déséquilib­ré

L'économiste estime que le marché du travail fait dé‐ sormais face à deux déséqui‐ libres, l'un de l'offre de maind'oeuvre et l'autre de la de‐ mande de main-d'oeuvre. Les chercheurs d’emploi n’in‐ tègrent pas le marché du tra‐ vail, ce qui se traduit dans le taux de chômage. En même temps, les entreprise­s peinent à trouver des employés.

Résultat : la santé du mar‐ ché du travail est difficilem­ent calculable.

On serait à près de 40 000 emplois en Gaspésie présen‐ tement si on était capable de combler tous les postes va‐ cants.

Alexandre Gauthier Belzile, économiste régional à la di‐ rection générale de Ser‐ vices Québec

Avec 38 600 emplois et un taux de chômage de 6,7 % en avril 2023, Alexandre Gau‐ thier Belzile affirme que les chiffres de la région ont dé‐ passé les niveaux qu'ils avaient atteints avant la pan‐ démie.

Cependant, bien que le nombre d'emplois soit histori‐ quement élevé et le taux de chômage historique­ment bas, l'économiste observe que la pénurie de main-d'oeuvre vient créer un déséquilib­re difficile à rétablir dans les conditions actuelles.

Il rappelle que le manque de logements et les défis que représente le transport régio‐ nal freinent le marché du tra‐ vail.

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