Étudiants étrangers : le dg du Cégep de Rivière-du-Loup accuse Ottawa de racisme
Le directeur général du Cé‐ gep de Rivière-du-Loup, Re‐ né Gingras, dénonce les dif‐ ficultés rencontrées par les étudiants internatio‐ naux qui souhaitent fré‐ quenter les cégeps et uni‐ versités du Québec. Il ac‐ cuse le gouvernement fé‐ déral de faire la sourde oreille à un problème qui existe depuis longtemps.
Selon une étude menée par l'Institut du Québec (IDQ), 72 % des étudiants africains subissent un refus d’Ottawa.
La principale raison évo‐ quée par le ministère de l'Im‐ migration pour ces refus est que les étudiants risqueraient de ne pas retourner dans leur pays d'origine au terme de leurs études, précise l'IDQ dans son rapport.
René Gingras ne décolère pas devant cette situation, qui a également été dénoncée par d'autres établissements d'enseignement.
Il raconte que les étu‐ diants qui viennent de la France ne rencontrent géné‐ ralement pas ce problème.
Il salue l’excellent travail de Québec pour traiter rapide‐ ment les dossiers des étu‐ diants francophones étran‐ gers, mais affirme qu’il y a un refus systématique pour les demandes d’étudiants de l’Afrique francophone, une fois le dossier rendu à Ottawa.
Il y avait un comité parle‐ mentaire qui s'était penché làdessus à Ottawa, qui parlait de racisme. Moi j'irais même plus loin. Je dirais qu’il y a car‐ rément un billet défavorable à l'égard des francophones sur lequel on ajoute une couche de racisme.
René Gingras, directeur gé‐ néral du Cégep de Rivière-duLoup
Le directeur général est d’autant plus choqué par la si‐ tuation dans un contexte où Québec souhaite favoriser la venue d’étudiants internatio‐ naux. Il y a un an, Jean Boulet était à Rimouski pour une an‐ nonce de 8 millions $ afin de favoriser l’attraction et la ré‐ tention des étudiants étran‐ gers en région. Cependant, bon nombre d'entre eux n'ont pu bénéficier de cette me‐ sure.
On veut régionaliser l'im‐ migration. La meilleure façon de le faire, c'est d'accueillir des étudiants étrangers dans nos établissements en région, de les envoyer faire leur stage dans nos entreprises, pour qu'ensuite, ils se placent chez nous, estime René Gingras.
Selon lui, le système actuel freine le développement des régions, ne permet pas de ré‐ gler le problème de la pénurie de main-d’oeuvre et, qui plus est, met en danger certains programmes d'études.
Si on ne fait pas ça, les gens vont arriver à Montréal, trouver une communauté à Montréal et demeurer à Montréal. On est en train de nuire à la régionalisation de l’immigration en refusant des permis d’études dans les éta‐ blissements régionaux, s’in‐ digne M. Gingras.
Je ne comprends pas sur quelle planète vit le ministre fédéral de l'Immigration, mais il serait temps qu'il arrive sur terre.
René Gingras, directeur gé‐ néral du Cégep de rivière-Duloup
Le Regroupement des cé‐ geps de régions (RCR), dont fait partie le Cégep de Rivièredu-Loup avec douze autres cégeps, devait rencontrer le ministre Sean Fraser pour le sensibiliser à l’impact des étu‐ diants internationaux sur la pérennité des établissements et sur l’occupation du terri‐ toire.
Cette rencontre qui devait avoir lieu l’an dernier a été an‐ nulée et depuis ce temps, M. Fraser est aux abonnés ab‐ sents. Donc on en tire les conclusions qu’on peut en ti‐ rer, se désole-t-il.
Il affirme avoir l’appui de la députée provinciale de Ri‐ vière-du-Loup–Témiscouata, Amélie Dionne, qui connaît l’ensemble du problème et es‐ saie de faire bouger les choses auprès de son interlocuteur fédéral, sans succès.
Il conclut en affirmant tris‐ tement qu’étant donné que les personnes victimes de dis‐ crimination ne sont pas pré‐ sentes, c'est facile à ce mo‐ ment-là pour le gouverne‐ ment de faire la sourde d'oreille.
Le Cégep de Rivière-duLoup accueille plus d’une cen‐ taine d’étudiants internatio‐ naux par année, mais pourrait en accueillir davantage, conclut René Gingras.
Avec les informations de Patrick Bergeron