Lits d’hôpitaux : Fredericton se donne des pouvoirs pour les libérer
Le projet de loi 31, déposé par la ministre du Dévelop‐ pement social du NouveauBrunswick, Dorothy She‐ phard, lui donnera le pou‐ voir de changer temporai‐ rement la liste de priorité pour les aînés en attente d’une place en foyer de soin. Fredericton pourra ainsi prioriser le transfert en foyer de soins des aînés qui occupent des lits d’hô‐ pitaux.
Dans certains cas, que la ministre qualifie d’exception‐ nels, le gouvernement pourra faire passer les ainés qui oc‐ cupent un lit d’hôpital avant tous les autres aînés.
Les réseaux de la santé ne pourront pas demander ce déménagement sans que ce soit urgent, sérieux et rare.
Dorothy Shephard, mi‐ nistre du Développement so‐ cial
Par exemple, si un hôpital se voit contraint de retarder ou d’annuler des chirurgies urgentes, faute de lit, le ré‐ seau de santé, Vitalité ou Ho‐ rizon, pourrait demander à la ministre d’intervenir pour li‐ bérer des lits. La ministre pourrait alors prioriser, pour une durée de 30 jours, le pla‐ cement des aînés concernés.
Ce que fait le projet de loi 31, dans le cas où un réseau de la santé enverrait au mi‐ nistre une lettre décrivant les paramètres qu'elle rencontre pour prendre cette décision et cette demande, le ministre peut décider que pendant une courte période de 30 jours, le placement sera priorisé depuis les lits d'hôpi‐ taux, explique la ministre.
Une raire situation tempo‐
Ce placement serait tem‐ poraire, assure la ministre Shephard. Les aînés qui se‐ raient déplacés ainsi, ne per‐ draient pas leur place sur la liste d’attente pour un foyer dans leur communauté. Une personne qui accepterait un placement temporaire ne per‐ dra pas sa place dans la liste chronologique pour se rendre dans son foyer préféré si elle choisit de faire ce deuxième déménagement, précise Do‐ rothy Shephard.
Dans certains cas, les ainés pourraient se retrouver dans des foyers situés à une cen‐ taine de kilomètres de leur ré‐ sidence, soit dans d’autres communautés que celles où ils vivent.
La ministre dit que ces dé‐ placements temporaires de‐ vront être acceptés par les aî‐ nés. C'est provisoire et il faut l'accepter.
Enfin, elle assure qu’on tiendra compte des besoins des aînés. Les composantes linguistiques sont toujours prioritaires et toutes les cir‐ constances particulières qui peuvent s'appliquer égale‐ ment, soutient la ministre.
Plusieurs soulevées inquiétudes
Le député vert de Frederic‐ ton-Sud et chef du Parti vert, David Coon, estime que la loi ne donne pas suffisamment d’indications sur les circons‐ tances exceptionnelles où ces nouveaux pouvoirs d’urgence pourront être invoqués.
Il est tellement important d’assurer que le projet de loi, la Loi sur les foyers de soins, a une explication des circons‐ tances exceptionnelles, c’est le rationnel pour la ministre de faire une décision pour démé‐ nager un résident d’un hôpital au foyer de soins dans une autre région de la province.
Le député vert craint qu’un futur ministre n’inter‐ prète différemment la loi, ce qui pourrait entraîner des problèmes. Le cabinet change, le gouvernement va changer, donc c’est toujours nécessaire de penser dans le long terme, ce n’est pas une question de la qualité de la ministre ou du ministre du jour, mais c’est toujours im‐ portant de penser à toutes les conséquences dans l’avenir avec un autre gouvernement, souligne-t-il.
Pour le député libéral de Baie-de-Shediac-Dieppe, Ro‐ bert Gauvin, placer des aînés à une centaine de kilomètres de leurs résidences peut re‐ présenter un réel problème. Dans ma circonscription, Grande-Digue, c’est quasi‐ ment Miramichi, et Dieppe, c’est de l’autre bord de Sus‐ sex, ça fait loin si on sait qu’en moyenne, une personne âgée a une visite par mois, on risque de descendre ce chiffre-là, craint-il.
Un problème de fond : la pénurie de personnel
Le député Robert Gauvin rappelle que le fond du pro‐ blème est le manque de per‐ sonnel dans les foyers de soins. Près de 300 lits sont va‐ cants par manque de res‐ sources.
On sort pas un projet de loi de même pour rien, c’est qu’il y a un manque de main d’oeuvre.
Robert Gauvin, député li‐ béral de Baie-de-ShediacDieppe
Le nerf de la guerre, c’est le personnel. On a un problème de rétention au NouveauBrunswick, aussi gros que le problème de recrutement, le gouvernement doit s’y attar‐ der, martèle-t-il.
Selon lui, le NouveauBrunswick devrait offrir des incitatifs financiers, comme cela se fait en Nouvelle-Écosse ou encore au Québec. Mais la ministre Shephard dit que cette option n’est pas envisa‐ gée, pour l’instant.