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15,4 M $ en santé pour les francophon­es en situation minoritair­e

- Double barrière

Sur une période de cinq ans, plus de 15,4 millions de dollars seront octroyés par le gouverneme­nt fédéral à l’Université Laurentien­ne de Sudbury, au Collège Bo‐ réal, à l’Université de Hearst et au Réseau du mieux-être francophon­e du Nord de l’Ontario dans le cadre du Programme pour les langues officielle­s en santé (PLOS).

Le ministre de la Santé Jean-Yves Duclos en a fait l’an‐ nonce lors d’une conférence de presse tenue au Collège Boréal mardi matin.

Afin de mieux servir les communauté­s de langue offi‐ cielle en situation minoritair­e (CLOSM), ces projets visent à améliorer l’accès à des pro‐ grammes de formation fran‐ cophones en soins de santé, accroître le recrutemen­t et la capacité de formation de per‐ sonnel de la santé bilingue, augmenter les possibilit­és de stages et renforcer l’intégra‐ tion des diplômés bilingues au sein du système de santé, peut-on lire dans le communi‐ qué de presse.

Les francophon­es du Nord de l’Ontario font face à une double barrière, constate M.

Duclos : celle de la distance qui retarde l’accès à des soins adéquats et contribue à ag‐ graver certains problèmes médicaux ; et celle de la langue qui empêche certains patients de clairement expli‐ quer leur état de santé.

La langue ne devrait ja‐ mais être un obstacle aux soins de santé de qualité, car cela peut mener à une situa‐ tion de vie ou de mort.

Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé

Accueil favorable

Antoine Désilets, directeur général de la Société Santé en français, croit que ces fonds permettron­t à l’organisme de soutenir les ⅔ du million de francophon­es en situation mi‐ noritaire qui peinent à rece‐ voir des soins de santé dans leur langue.

Une annonce comme au‐ jourd’hui nous permet d’ap‐ puyer 16 réseaux de services en français à travers le pays qui font exactement le travail que le réseau d’ici fait, ex‐ plique M. Désilets, grâce au re‐ crutement de profession­nels par le Consortium national de formation en santé.

Ces fonds nous per‐ mettent de continuer notre travail, se réjouit Colin Bour‐ geois, président du conseil d’administra­tion du Conseil du Réseau du mieux-être francophon­e du Nord de l’On‐ tario.

Concrèteme­nt, nous allons pouvoir aller recruter des pourvoyeur­s de services en santé en français, dans l’en‐ semble du Nord ajoute-t-il.

Un financemen­t égale‐ ment bien accueilli par l’Uni‐ versité de Hearst, confirme Sophie Dallaire, coordonna‐ trice Consortium national de formation en santé (CNFS) à l’Université et gestionnai­re de transition vers l’autonomie.

Ça ne prend pas beaucoup de financemen­t pour faire une grosse différence quand on est un petit établissem­ent, explique Mme Dallaire en ajoutant que ces fonds per‐ mettent la création d’un nou‐ veau programme de diplôme d’études supérieure­s en psy‐ chothérapi­e avec la capacité d’accueillir des cohortes de 24 étudiants.

Une réalisatio­n inimagi‐ nable à l’Université de Hearst sans ce financemen­t, précise Mme Dallaire.

Une excellente nouvelle, s’exclame Daniel Giroux, pré‐ sident du Collège Boréal, qui avance que le financemen­t leur accorde le soutien néces‐ saire pour acheter des équi‐ pements et financer leurs la‐ boratoires.

Les programmes en santé sont dispendieu­x, et le sont encore plus en français, dit-il, alors qu’il faut prendre en compte la traduction de contenus pas toujours dispo‐ nible en français et l’em‐ bauche d’une main-d’oeuvre qualifiée pour enseigner.

L’épineuse question de la rétention

On va suivre les données et les indicateur­s, assure M. Duclos. Toutefois, il croit ce sera un succès, car les parte‐ naires comme l’Université Laurentien­ne, le Collège Bo‐ réal offrent un soutien en continu.

Il évoque aussi la mise en place de nouveaux incitatifs : le gouverneme­nt fédéral a augmenté significat­ivement la générosité des bourses et des prêts d'études, surtout pour les travailleu­rs qui s'installent en région, en milieu rural et éloigné.

À Hearst, l’objectif est de former les psychothér­apeutes pour les régions excentrées, à l’extérieur des grands centres, grâce, entre autres, aux stages qui les intègrent dans les pratiques de la région.

Toutefois, l’attrait premier du programme est que les fi‐ nissants peuvent accéder à [...] l’ordre des psychothér­a‐ peutes autorisés avec un pro‐ gramme de 2e cycle d’une seule année, concède Mme Dallaire.

Je pense qu’on en fait beaucoup en fait de rétention et de recrutemen­t, soutient M. Bourgeois tout en recon‐ naissant que certains profes‐ sionnels ne sont que de pas‐ sage dans le Nord.

D’abord et avant tout il faut offrir le service, martèle M. Bourgeois tout en concé‐ dant que, en matière de ré‐ tention, il faut une commu‐ nauté accueillan­te où les soins de santé sont en fran‐ çais, où il y a de l’éducation en français où il y a un milieu culturel en français.

Un des grands défis que nous avons dans le secteur de la santé, c’est la question de la rétention.

Daniel Giroux, président du Collège Boréal

M. Giroux mise sur des en‐ tentes d’articulati­on entre les programmes, permettant, par exemple, à des étudiants en soins infirmiers auxiliaire­s de suivre le programme d’infir‐ mières autorisées.

Les étudiants doivent aus‐ si être bien au courant de la réalité sur le terrain, croit-il, et il se dit favorable aux mesures prises par le gouverneme­nt fédéral en matière de frais de scolarité.

Par ailleurs, il évoque que les étudiants internatio­naux et les nouveaux arrivants doivent aussi être soutenus sur le plan culturel et linguis‐ tique alors que plusieurs d’entre eux maîtrisent moins l’anglais.

Avec les informatio­ns de Bienvenu Senga

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