Défilés de la Fierté : l’augmentation des coûts en sécurité pourraient ternir la fête
Les préoccupations liées aux actes de violence font craindre à certains organi‐ sateurs de la Fierté que les événements ne soient pas aussi flamboyants, cette année, au Canada.
Je compte sur les gouver‐ nements fédéral, provinciaux et municipaux pour qu'ils se joignent à nous en tant qu'al‐ liés et qu'ils nous octroient les fonds et le soutien néces‐ saires, a déclaré Chris Kenne‐ dy, porte-parole et membre du conseil d'administration de l'organisation nationale Fierté Canada Pride.
M. Kennedy a observé que les coûts pour embaucher du personnel de sécurité (qu'il s'agisse de policiers ou d'agents de sécurité privés) ainsi que les coûts des maté‐ riaux ont tous augmenté. Malgré tout, de nombreux événements de la Fierté cherchent à prendre de l'am‐ pleur après plusieurs années de réduction des activités en raison de la pandémie.
En tant qu'organisation à but non lucratif, il est très dif‐ ficile d'établir un budget lorsque l'on se base sur l'infla‐ tion et que l'on apprend, un mois ou trois semaines avant l'événement, que le prix de la sécurité a été excessivement gonflé.
Chris Kennedy, porte-pa‐ role de l'organisation natio‐ nale Fierté Canada Pride
En début de semaine, la Fierté de Toronto a annoncé qu'elle pourrait être amenée à réduire la programmation du festival cette année pour cause d'importantes augmen‐ tations des coûts du maintien de l'ordre et d'assurances, à quelques semaines de l'évé‐ nement.
L'organisation a indiqué que le prix de l'assurance s'élevait à 60 000 $ pour 2022, mais que la facture avait ex‐ plosé pour atteindre 278 000 $ en 2023. Le coût de la police, quant à lui, est passé de 62 000$ l'année dernière à 186 000 $ pour 2023.
Toronto a élargi le par‐ cours de son défilé et ajouté une nouvelle buvette pou‐ vant accueillir 1000 per‐ sonnes, ce qui, selon la police, a contribué à l'augmentation des frais de service. Lorsque l'on élargit un peu plus son champ d'action, cela entraîne également des dépenses sup‐ plémentaires, a reconnu M. Kennedy.
À Montréal, les organisa‐ teurs prévoient de rétablir le défilé cette année, après avoir dû l'annuler à la dernière mi‐ nute pour des raisons de sé‐ curité. Les organisateurs n'avaient pas réussi à recruter suffisamment de bénévoles pour sécuriser le parcours.
Violences en hausse
Les crimes haineux à l'en‐ contre de la diversité sexuelle ont crû de 64 % entre 2020 et 2021, selon un récent rapport de Statistique Canada.
En outre, le drapeau de la Fierté est devenu la cible de controverses, le canton de Norwich (en Ontario) ayant décidé de ne pas le faire flot‐ ter sur les édifices munici‐ paux.
Le phénomène commence à se répandre au Canada, pré‐ vient Barry Karlenzig, pré‐ sident de l'organisation Win‐ nipeg Pride. Nous avons ajou‐ té des mesures de sécurité supplémentaires sur le site [...], ce qui augmente égale‐ ment les coûts, car nous vou‐ lons nous assurer que les gens se sentent en sécurité et qu'ils peuvent être euxmêmes, a-t-il indiqué.
Alors que l'événement se déroulera le 4 juin, M. Karlen‐ zig explique qu'il n'a toujours pas reçu de devis final pour l'organisation de la sécurité. L'an dernier, les organisateurs avaient prévu une augmenta‐ tion de 3 à 5 % des coûts en raison de l'inflation, mais la hausse des factures liées à la sécurité a dépassé les 15 %.
Le ministère de la Sécurité publique assure de son côté que le gouvernement fédéral est conscient des préoccupa‐ tions liées à l'augmentation des coûts.
Le gouvernement fédéral continuera à travailler en étroite collaboration avec tous les partenaires pour veiller à ce que toutes les per‐ sonnes qui célèbrent des évé‐ nements et des festivals liés à la Fierté puissent le faire en toute sécurité et de manière inclusive, a indiqué la porteparole du ministre Marco Mendicino.
D'après les informations de Benjamin Shingler, CBC