Les archives des Augustines au patrimoine mondial de l’UNESCO
Le 24 mai, le Conseil exécu‐ tif de l’UNESCO a officialisé l'inscription du fonds d’ar‐ chives des Augustines du Canada au Registre inter‐ national de la Mémoire du monde.
Au Centre d’archives du monastère des augustines, tout le monde a les yeux qui pétillent, depuis.
C'est une reconnaissance qui déborde du cadre de notre histoire nationale, qui devient une participation à l'histoire de l'humanité , ex‐ plique le chargé de projets De‐ nis Robitaille.
Cela fait cinq ans qu’il tra‐ vaille pour que les archives des Augustines obtiennent la reconnaissance de l’UNESCO.
Elles sont maintenant ins‐ crites au Registre internatio‐ nal Mémoire du Monde de l’organisation dont l’objectif est de préserver, valoriser et diffuser le patrimoine docu‐ mentaire mondial.
Un honneur qu’elles par‐ tagent notamment avec la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, des documents scientifiques et mathématiques rédigés par Isaac Newton et des actes de rois et sultans égyptiens da‐ tant de plus de mille ans.
Ça renforce le sentiment d’être privilégiés de travailler au coeur de ce fonds d’ar‐ chives là , se réjouit Josée Lau‐ rence, directrice générale du Monastère des Augustines.
Des archives grande richesse d’une
Les augustines sont arri‐ vées au Québec en 1639. Les religieuses fondent l’HôtelDieu de Québec, premier hô‐ pital au nord du Mexique. De‐ puis, elles ont administré 12 monastères-hôpitaux travers la province.
Correspondances, re‐ gistres, photos des augus‐ tines dans leur quotidien ou de leurs installations médi‐ cales ; le fonds d’archives des Augustines contient des do‐ cuments variés qui té‐
à moignent du quotidien des religieuses et de leur travail de soignantes.
On a les dossiers person‐ nels des religieuses, qu’on conserve ici, des photos [lors‐ qu’]à une certaine époque, pendant les années 1950, elles ont commencé à avoir des va‐ cances , détaille Audrey Julien, archiviste responsable au Centre d'archives du Monas‐ tère des Augustines.
Les Augustines documen‐ taient aussi l’actualité dans les communautés où elles étaient établies.
Vu que les monastères s’étendaient aussi vers l'est du Québec, on a tous les événe‐ ments qui se passaient au Québec des débuts de la colo‐ nie jusqu'à aujourd'hui , ex‐ plique Audrey Julien.
On peut donc retrouver dans les archives de véritables pépites, témoins de jalons im‐ portants de l’histoire du Qué‐ bec, notamment une lettre patente signée de la main de Louis XIV autorisant l'établis‐ sement d'une communauté de religieuses hospitalières à Québec.
Cette pièce d'histoire cô‐ toie également une lettre en‐ voyée aux religieuses par le général Montcalm lors de la guerre de la Conquête. Il de‐ mandait du sucre d’érable aux soeurs de temps en temps, pour remonter le moral des troupes, j’imagine , explique Audrey Julien en souriant.
Dans l’ADN des Augus‐ tines
Pour la supérieure géné‐ rale de la Fondation des mo‐ nastères des Augustines au Canada, soeur Lise Tanguay, la reconnaissance de l’UNESCO est un honneur qui revient à toutes nos soeurs qui nous ont précédées depuis la fon‐ dation et qui ont toujours eu le souci de raconter l’histoire .
Une volonté qui s’explique par l’importance du transfert de connaissances chez les au‐ gustines.
C’était comme dans leur ADN. On était vraiment juste des soignantes en partant, mais elles avaient ce souci de transmission. Et on l’a tou‐ jours eu ce souci de transmis‐ sion là, des soins, du savoirfaire , observe-t-elle.
D’après Denis Robitaille, cette assiduité à tout docu‐ menter, explique en partie la richesse des archives. On a des fonds d'archives qui ra‐ content toute l'histoire. Sou‐ vent en Europe, dans d'autres pays, les guerres, les révolu‐ tions, font en sorte qu'il y a des lacunes, des trous. Ici, il y a une continuité extraordi‐ naire.
Une reconnaissance qui vient avec des responsabili‐ tés
La notoriété internationale qui accompagne l'inscription du fonds d’archives au patri‐ moine mondial montre que ce qu'on reconnaissait comme important, le monde entier aussi le reconnaît , ex‐ plique M. Robitaille.
Une tape dans le dos qui vient aussi avec des responsa‐ bilités.
C'est de travailler le mieux possible, de prendre soin de ça pour les générations à ve‐ nir aussi , illustre Josée Lau‐ rence.