La Ville d’Ottawa va-t-elle limiter le nombre de sacs à ordures?
Selon le personnel de la Ville d’Ottawa, le fait de faire payer les gens qui sortent plus de 55 sacs ou bacs à ordures par année contribuera à inciter les ré‐ calcitrants à utiliser leurs bacs verts pour le compost, permettant ainsi de pro‐ longer la durée de vie du site d’enfouissement du chemin Trail.
Les conseillers municipaux débattront du programme proposé lundi, lors d’une réunion du Comité de l’envi‐ ronnement et du change‐ ment climatique qui s’an‐ nonce longue.
C'est sûr que ce ne sera pas la chose la plus populaire au monde. Il s’agit d’un chan‐ gement et personne n’aime ce genre de changement, a convenu le conseiller du quar‐ tier Capitale, Shawn Menard.
Il a ajouté, cependant, qu’il y avait de nombreuses rai‐ sons de soutenir ce projet : nous avons une décharge qui se remplit rapidement, nos taux de détournement sont très bas et cela nous coûtera beaucoup plus cher si on ne fait pas ce changement.
Selon cette proposition, les citoyens recevront suffi‐ samment d’étiquettes au cours de l’année pour placer environ deux sacs sur le trot‐ toir chaque jour de collecte des ordures. Une fois que les étiquettes seront épuisées, les étiquettes supplémen‐ taires coûteront 3 $.
Alors que le personnel considère qu’il s’agit d’une in‐ citation au changement, cer‐ tains conseillers estiment que cette mesure est inéquitable et qu’elle fait peser un fardeau supplémentaire sur les fa‐ milles nombreuses.
Comment cela fonction‐ nerait-il?
Le programme prendrait son envol au printemps pro‐ chain. L’application du règle‐ ment augmenterait progressi‐ vement, en commençant par une notification écrite à toute personne ne respectant pas les règles, pour aboutir à l'ab‐ sence de ramassage des dé‐ chets qui ne sont pas étique‐ tés.
Le personnel prévoit que ce programme incitera les gens à jeter jusqu’à 19 % d'or‐ dures en moins.
Le ramassage des ordures peut sembler un service gra‐ tuit, mais les résidents le paient chaque année par le biais d’une taxe d’utilisation des déchets solides. Selon le personnel, le nouveau sys‐ tème sera traité comme un service public, à l’instar de l’eau ou du gaz, et certains ménages paieront davantage en fonction de leur consom‐ mation.
Je serais d’accord avec un nouveau système de paie‐ ment à l’utilisation équitable, si nous ne payions pas déjà pour ce service sur notre fac‐ ture d’impôt foncier, a com‐ menté un autre conseiller mu‐ nicipal, David Brown.
Lorsque vous instaurez un programme d’étiquettes pour les sacs, vous punissez les fa‐ milles nombreuses, les rési‐ dents ruraux, et certaine‐ ment, de nombreuses familles dans les banlieues, a estimé l’élu du quartier Rideau-Jock, dont le quartier abrite un centre d’enfouissement.
Le conseiller municipal de West Carleton-March, Clarke Kelly, a mentionné avoir reçu plus de 100 commentaires né‐ gatifs de la part d’électeurs de son secteur essentiellement rural.
Je peux vous assurer qu’aucun courriel ou appel n’était en faveur du pro‐ gramme. Nous devrions adopter une approche plus équitable.
Selon lui, les familles comme la sienne, avec de jeunes enfants, ne peuvent pas produire la même quanti‐ té de déchets qu’une per‐ sonne seule.
Pourquoi est-ce néces‐ saire?
Pour que le programme atteigne ses objectifs, un rap‐ port du personnel municipal indique que la limite doit être fixée à un niveau égal ou infé‐ rieur à la quantité d’ordures actuellement jetée par le mé‐ nage moyen.
Selon ledit rapport, envi‐ ron trois quarts des ménages jettent aujourd’hui deux sacs, ou moins, par semaine.
Mais nombreux sont ceux qui jettent encore des choses qui pourraient être triées dans les poubelles noires, bleues, ou vertes. À l’heure ac‐ tuelle, le sac à ordures moyen se compose à 42 % de dé‐ chets, à 13 % de matières re‐ cyclables et d’un énorme 45 % de matières organiques.
La Ville est en retard en matière de réacheminement, selon Shawn Menard. Pas seulement par rapport aux objectifs provinciaux, mais aussi par rapport à d'autres villes qui ont mis en place des pratiques de gestion des dé‐ chets plus rigoureuses.
Ottawa est l’une des der‐ nières grandes villes de l’Onta‐ rio à instaurer un système de paiement au fur et à mesure que l’on jette. Déjà, plus de 130 municipalités ont déjà emprunté cette voie.
On estime que la décharge du chemin Trail atteindra sa capacité d’ici 2036 ou 2038. Considérant que la construc‐ tion d’une autre décharge ou l’introduction d’une nouvelle technologie d’élimination des déchets pourrait prendre 15 ans, le personnel de la Ville compte sur la nouvelle straté‐ gie de collecte sélective pour gagner du temps.
Qu’en est-il des familles nombreuses ou à faible re‐ venu?
La Ville d’Ottawa reconnaît que ces changements com‐ portent des difficultés et on s’attend à ce que certains rési‐ dents crient à l’injustice.
Les données montrent qu’en moyenne, les ménages ruraux jettent plus d’ordures que ceux qui vivent près du centre-ville. Les familles à faible revenu produisent éga‐ lement un peu plus d’ordures. Il y a aussi les problèmes liés à l’excès d’ordures pendant les vacances et les déménage‐ ments.
Shawn Menard reconnaît qu’il y a des préoccupations légitimes que le public voudra prendre en compte.
Il y a un certain nombre de motions qui visent à s'assurer que les familles à faible reve‐ nu soient prises en compte [et] que la communauté agri‐ cole est prise en compte, a-t-il expliqué.
La Ville envisage égale‐ ment d’étendre un pro‐ gramme qui permettrait aux personnes qui doivent se dé‐ barrasser de couches et de produits d’incontinence de s’inscrire pour bénéficier d’une collecte spéciale pen‐ dant les semaines où les or‐ dures ne sont pas ramassées. Ce programme comprendrait les déchets médicaux non dangereux, comme les gants, les masques et les poches de perfusion.
Malgré ces efforts, la Ville se prépare à faire face à une recrudescence des décharges illégales, à l’instar de ce qui s’est produit lorsqu’elle est passée à un ramassage heb‐ domadaire.
Clarke Kelly a mentionné que cela était une préoccupa‐ tion majeure. Shawn Menard a ajouté que l’expérience des autres municipalités suggère que l’effet serait temporaire, et compensé par la création de deux nouveaux postes à temps plein pour l’application du règlement.
Quelles sont les autres options?
Si le Comité de l’environne‐ ment et du changement cli‐ matique donne son aval au système lundi, l’ensemble du conseil municipal se pronon‐ cera à ce sujet le 14 juin.