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La réplique d’un tramway d’Ottawa en péril après une décision de la Ville

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Des passionnés du patri‐ moine qui travaillen­t de‐ puis plus de vingt ans à re‐ donner vie à une relique d'un tramway d'Ottawa d’autrefois affirment que le projet est maintenant en péril en raison de la vo‐ lonté d'OC Transpo de récu‐ pérer de l'espace dans son garage.

Coordonnat­eur du projet de restaurati­on du tram‐ way 696, un projet de longue haleine qui porte le nom du dernier tramway de la sé‐ rie 600 qui a desservi Ottawa entre 1915 et 1959, Rhéaume

Laplante est déçu.

J'ai l'impression d'avoir été trahi et abandonné, a-t-il dit.

En cause, la décision d’OC Transpo qui a informé son groupe, en avril, que la ré‐ plique devait être déplacée du garage de Merivale aux frais du groupe, d'ici le 30 juin.

[La restaurati­on du tram‐ way], c'est un projet d'OC Transpo. Ce n'est pas mon projet, a rappelé M. La‐ plante. J'y ai collaboré par bonne volonté.

La nouvelle de ce déména‐ gement, a-t-il ajouté, est tom‐ bée un an seulement après que le projet ait été publique‐ ment salué par l'ancien maire Jim Watson et le précédent conseil municipal.

Le tramway 696 avait été placé dans un musée ferro‐ viaire au Québec, où il s’était détérioré sous une bâche, avant d’avoir été rapatrié à Ottawa. En 2000, M. Laplante et d'autres bénévoles ont commencé à construire une réplique, en utilisant principa‐ lement des pièces nouvelle‐ ment fabriquées.

Leur objectif était d'expo‐ ser le tramway de 15 mètres de long au parc Lansdowne.

Cela représente beaucoup pour moi, a raconté M. La‐ plante, qui est également re‐ traité d'OC Transpo. Mon père avait l'habitude de monter à bord de ces tramways. Il en parlait tout le temps [...]. Cela me rappelle de bons souve‐ nirs.

Larry McNally, secrétaire­trésorier du groupe, est tout aussi dépité.

Nous sommes à quelques mois de terminer la recons‐ truction de la carrosseri­e. Maintenant, tout le projet est en suspens, a-t-il regretté par courriel.

OC Transpo justifie sa décision

OC Transpo a soutenu le projet pendant de nom‐ breuses années en acceptant d'entreposer gratuiteme­nt la réplique et en permettant au groupe d'utiliser les outils et les services de la Ville, ex‐ plique la Municipali­té dans une réponse écrite.

Cependant, en raison de besoins opérationn­els, y com‐ pris de rénovation­s dans le cadre de la transition en cours vers des bus à zéro émission, OC Transpo n'est plus en me‐ sure de donner de l'espace pour accueillir ce projet, a jus‐ tifié Robert Lafontaine, direc‐ teur du programme d’entre‐ tien des installati­ons de trans‐ port de la Ville, dans son cour‐ riel.

La Ville étudie la possibilit­é de trouver un autre lieu tem‐ poraire, le temps que le groupe lui trouve un nouvel emplacemen­t permanent, a ajouté M. Lafontaine.

La Ville est à court d'op‐ tions

Dans un courriel que M. Laplante a reçu samedi du bureau du maire Mark Sut‐ cliffe, on indique que ce be‐ soin d'espace est légitime, sa‐ chant que la Ville a accepté d'héberger le tramway pen‐ dant neuf ans.

D'autres emplacemen­ts ont été étudiés, est-il expliqué dans le courriel que M. La‐ plante a transmis à CBC News.

Mais aucune des options proposées ne permettrai­t de travailler sur le tramway.

Je ne crois pas que ce soit logique pour la Ville de dépla‐ cer le tramway d'un endroit à un autre endroit si cela ne permet pas aux bénévoles de continuer à restaurer le tram‐ way, peut-on lire dans le cour‐ riel du bureau du maire.

Tout en offrant son aide pour le déménageme­nt, la mairie a vivement encouragé le groupe à rechercher des options auprès de particu‐ liers.

Je suis désolé de ne pas avoir pu trouver une solution plus favorable pour vous et votre équipe de bénévoles dévoués, conclut le courriel. Nous apprécions votre dé‐ vouement pour ce projet, mais la Ville n'a tout simple‐ ment plus d'options pour continuer à soutenir la restau‐ ration.

Trésorier du groupe de dé‐ fense des usagers du trans‐ port, Transport Action Cana‐ da, David Jeanes, espère que la question immobilièr­e pour‐ ra être résolue.

Le fait qu'OC Transpo veuille utiliser [le garage] à d'autres fins n'enlève rien à l'importante valeur patrimo‐ niale [de cette réplique] pour la Ville d'Ottawa et OC Trans‐ po, a réagi M. Jeanes, dont le groupe soutient le projet de restaurati­on, y compris finan‐ cièrement.

Les gens oublient souvent qu'Ottawa était autrefois une ville industriel­le. Cela repré‐ sente également notre his‐ toire en matière de trans‐ port... et les bénévoles ont ré‐ pondu à un appel formulé par OC Transpo.

Un d’autres obstacle parmi

M. Laplante affirme qu'il n'est pas disposé à déplacer le tramway, malgré la demande de la Ville. Il ajoute qu'il n'est pas non plus question de tra‐ vailler sur le projet à l'exté‐ rieur.

Selon lui, cette expulsion imminente n'est que le der‐ nier revers en date dans l'avancement de ce projet de restaurati­on au cours des der‐ nières années.

En 2019, la tornade a en‐ dommagé le tramway. Puis, c’est la pandémie de COVID19 qui a touché le projet.

Les bénévoles qui tra‐ vaillent sur cette initiative sont pour la plupart à la re‐ traite, a ajouté M. Laplante. Quatre d'entre eux sont décé‐ dés depuis le début du projet.

J'ai la chance de pouvoir garder ceux que j'ai déjà, a-t-il déclaré.

Avec les informatio­ns de Guy Quennevill­e de CBC News

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