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Faire sa place dans une abondance microbrass­icole

- Marguerite Morin

Après avoir connu des ventes record durant la pandémie, les microbras‐ seurs voient leurs ventes diminuer, notamment en raison de l’inflation, qui augmente les coûts de pro‐ duction.

Mais cette baisse est égale‐ ment attribuabl­e à la concur‐ rence de plus en plus féroce sur les tablettes des super‐ marchés.

L’Associatio­n des micro‐ brasseries du Québec (AMBQ) recense 328 entreprise­s bras‐ sicoles dans la province, d’après ses dernières don‐ nées.

Les microbrass­eries doivent donc faire leur place parmi l’abondance de bières artisanale­s offertes aux consommate­urs, mais aussi auprès des détaillant­s.

Quand on est rendus audessus de 300 microbrass­e‐ ries, comparativ­ement à il y cinq ans où on était envi‐ ron 160, c’est de plus en plus difficile d’avoir accès à un es‐ pace tablette chez les dé‐ taillants, parce qu’ils ne savent plus qui choisir, sou‐ lève Hugues Turcotte, copro‐ priétaire de la microbrass­erie rimouskois­e L’Octant.

Les épiciers et autres dis‐ tributeurs remarquent en ef‐ fet ce phénomène et ils re‐ çoivent des offres pour tenir des produits de partout au Québec.

Il y a des compagnies de Gatineau, des compagnies de Montréal qui sont prêtes à nous vendre de la bière, af‐ firme le directeur adjoint du marché IGA extra Alimenta‐ tion Coop de Rimouski, MarcOlivie­r Plourde.

Cette abondance de choix réduit donc l’espace sur les ta‐ blettes. Les succursale­s des épiceries IGA extra tiennent en moyenne 800 produits ré‐ frigérés de bière, notamment de microbrass­eries, indique M. Plourde.

Avant, étant donné qu’on est à Rimouski, il y avait moins de compagnies qui se rendaient chez nous, alors une bière pouvait facilement occuper deux ou trois es‐ paces sur une tablette. Mais maintenant, il y a plus de dis‐ tributeurs, plus de bières et c’est rendu un espace par sorte de bière, ajoute le direc‐ teur adjoint.

Même à Rimouski, il y a trop de compagnies qui se rendent et il faut faire des choix.

Marc-Olivier Plourde, assis‐ tant directeur

Se démarquer et s’adap‐ ter

S’adapter au marché, va‐ rier les fournisseu­rs ou encore augmenter ou diminuer le prix de vente de la canette. Plusieurs stratégies sont utili‐ sées par les microbrass­eurs pour se démarquer.

On essaie de pas trop monter nos prix, donc on es‐ saie de varier nos fournis‐ seurs, pour les canettes, les étiquettes, les produits qu’il faut toujours recommande­r […], mais chaque cent qu’on peut aller chercher c’est là que ça peut avoir un impact, in‐ dique Hugues Turcotte.

Pour la microbrass­erie ri‐ mouskoise, augmenter le nombre de détaillant­s est aussi une formule gagnante.

On a moins de place [sur les] tablettes chez certains dé‐ taillants, mais on est présent dans plus de commerces, donc au total on a augmenté notre espace [sur les] ta‐ blettes, explique Émile Bé‐ land-Fornier, également co‐ propriétai­re de L’Octant.

Du côté de la microbrass­e‐ rie Ras L’Bock, située à SaintJean-Port-Joli et à La Poca‐ tière, on fonctionne avec un modèle hybride avec deux brasseries.

On en a une petite et une un peu plus grosse qu’on a ouverte il y a quatre ans, donc ça nous permet de faire de petits brassins pour certains styles ou de plus gros, pour des styles qui se vendent mieux, explique le coproprié‐ taire, Alexandre Caron.

On essaie de s’adapter à la demande du marché.

Alexandre Caron, copro‐ priétaire de la microbrass­erie Ras L’Bock

Une année difficile sur le portefeuil­le

Il n’y a pas uniquement la forte compétitio­n qui en‐ gendre une baisse de revenu aux brasseurs.

Considérée comme pro‐ duits essentiels durant la pan‐ démie, l’industrie a connu des ventes record, ce qui a encore des impacts sur le marché d’aujourd’hui.

Il y a des entreprise­s qui se sont fiées un peu à ces chiffres-là pour faire des pro‐ jections et évidemment ce n’est pas tout à fait ce qui est arrivé. On est revenu à un ni‐ veau plus normal et même peut-être un petit peu en bas de ce que c’était avant, ex‐ plique Alexandre Caron, qui est aussi membre du CA de l’Associatio­n des microbrass­e‐ ries du Québec.

L’inflation fait aussi mal aux microbrass­eurs. Le phé‐ nomène économique a fait augmenter le coût de produc‐ tion.

Selon M. Caron, les plus petites et plus jeunes micro‐ brasseries sont les plus tou‐ chées. Elles vont avoir peutêtre l’impact le plus gros, parce qu’elles ont déjà un coût de production un peu plus élevé en général, ex‐ plique-t-il.

Le prix des produits de base comme le grain a parfois doublé. Les brasseurs n’ont d’autres choix que de refiler la facture aux consommate­urs.

Les [prix des] bières de mi‐ crobrasser­ie ont augmenté d’à peu près 10 % à 15 % du‐ rant la dernière année et dans certains cas ça peut aller jus‐ qu’à 1 $ de plus la canette, précise Alexandre Caron.

L’Associatio­n des micro‐ brasseries du Québec suggère aux entreprene­urs de trouver des façons de diversifie­r leurs sources de revenus pour as‐ surer, non seulement un bon roulement des activités, mais aussi leur survie.

Avec les informatio­ns de Lysbertte Cerné.

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