Sécheresse et agriculture : « On ne peut plus s’endetter pour nourrir les gens »
Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas pour les agriculteurs du Québec, aux prises avec les mon‐ tagnes russes de la météo.
Depuis le mois d'avril, on a différents mélanges de tem‐ pératures... Des temps froids, du gel tardif, des chaleurs, même une canicule [...]. C'est l'inquiétude pour les produc‐ teurs qui ont en plus à faire face à l'inflation, affirme Mar‐ tin Caron, président de l'Union des producteurs agri‐ coles du Québec (UPA), en en‐ trevue sur les ondes d'ICI RDI.
Si les récoltes ne sont pas, à première vue, compromises, les volumes de production pourraient en être en baisse, et les prix, eux, en hausse.
Prenons comme exemple la production de fraises... C'est sous contrôle présentement, mais c'est au niveau du vo‐ lume que c'est inquiétant, illustre M. Caron, qui promet néanmoins que c'est sûr que [la fraise du Québec] va être au rendez-vous.
Une gestion de coûteuse l'eau
L'UPA n'hésite pas à mon‐ trer du doigt les changements climatiques pour expliquer ces bouleversements dans les façons de faire des agricul‐ teurs, des bouleversements qui entraînent avec eux leur lot de conséquences entre autres financières.
Il faut avoir une gestion différente de nos productions agricoles par rapport à l'eau et la sécheresse, avance Martin
Caron. Il faut avoir des sys‐ tèmes d'irrigation pour être capable de survivre aux situa‐ tions climatiques qui changent.
C'est beaucoup de stress, et c'est beaucoup d'investis‐ sements.
Martin Caron, président de l'Union des producteurs agri‐ coles
Ces investissements, aux‐ quels s'ajoute la hausse des taux d'intérêt, mettront de la pression de la ferme à table, prévient M. Caron. Le prix va augmenter, dit-il. On est ren‐ du à une limite, on ne peut plus s'endetter pour nourrir les gens.
Il lance en cela une perche aux différents ordres de gou‐ vernement, les invitant à sou‐ tenir les agriculteurs dans ce processus d'adaptation. Il faut avoir des programmes de soutien qui sont adaptés à la réalité que l'on vit, dit-il.
Souvent, nos gouverne‐ ments voient ça comme une dépense. Mais quand on in‐ vestit dans l'agriculture, c'est dans le garde-manger des Québécois.