Radio-Canada Info

Défense du patrimoine : Maniwaki maintient sa position de ne plus citer aucun bâtiment

- Camille Kasisi-Monet

La mairesse de Maniwaki, Francine Fortin, a expliqué à la quinzaine de résidents présents à la séance du conseil municipal, lundi soir, pourquoi la Ville de‐ meure ferme sur sa posi‐ tion de ne plus citer de bâ‐ timent religieux patrimo‐ nial.

À l’hôtel de ville de Mani‐ waki, la tension était palpable entre les élus et les citoyens défenseurs du patrimoine.

Quelques-uns ont posé des questions à la mairesse afin de comprendre pourquoi la Ville a adopté, le 1e mai , la résolution de ne plus citer au‐ cun bâtiment patrimonia­l reli‐ gieux, en particulie­r pour le cas de la plus vieille église du territoire, celle de l’Assomp‐ tion-de-la-Bienheureu­seVierge-Marie.

Ils voulaient aussi com‐ prendre pourquoi la Munici‐ palité a refusé les demandes de rencontre de Ward O'Connor, président de la Fa‐ brique de la paroisse L'As‐ somption-de-Marie, l’orga‐ nisme responsabl­e de l'édifice religieux.

Francine Fortin a voulu ex‐ pliquer d’entrée de jeu l’im‐ portance des répercussi­ons de citer un bâtiment en tant que patrimoine. Selon elle, un bâtiment cité exige des coûts de réparation­s trois fois plus chers qu’un bâtiment non ci‐ té.

Le cas du Château Logue

Elle a rappelé aux citoyens que Maniwaki avait déjà un bâtiment cité sur son terri‐ toire depuis 2008, le Château Logue.

Selon elle, la Municipali­té travaille dessus depuis 2017 et n’arrive pas à bout des ré‐ novations faute de finance‐ ment.

La mairesse a annoncé que la Ville travaille d'ailleurs à faire retirer la citation patri‐ moniale du Château Logue, afin de pouvoir poursuivre ses rénovation­s à des coûts plus raisonnabl­es.

On sait très bien que La Fabrique va rencontrer des problèmes majeurs de finan‐ cement pour l’église. Ça prend des spécialist­es en restaura‐ tion quand les bâtiments sont cités et ils chargent des mon‐ tants épouvantab­les.

Francine Fortin, mairesse de Maniwaki

La mairesse a souligné que tant et aussi longtemps que les problèmes de finance‐ ment des rénovation­s du Château Logue ne seront pas réglés, aucun autre bâtiment ne sera cité en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.

Elle a expliqué qu’elle at‐ tend des réponses du mi‐ nistre de la Culture et des Communicat­ions, Mathieu La‐ combe, qu’elle a rencontré il y a deux semaines dans le cadre de ce dossier, afin de savoir s’il sera possible que certains bâtiments ne soient pas cités, mais obtiennent tout de même les droits de ré‐ novation et de subvention­s.

Elle a ajouté que le mi‐ nistre pourra répondre à sa crainte en lui assurant que le bâtiment ne deviendra pas un fardeau fiscal pour Maniwaki, si la Fabrique n’est pas ca‐ pable de l’entretenir.

Elle a expliqué que la réso‐ lution a été déposée notam‐ ment pour faire bouger le mi‐ nistère, tout en adressant aux citoyens son conseil d’arrêter les démarches afin de faire ci‐ ter l’église patrimonia­le, car elle va fermer dans deux ou trois ans si elle est citée.

Rencontre encore de‐ mandée

De son côté, le président de la Fabrique de L’Assomp‐ tion-de-Marie, Ward O’Connor, demeure positif, bien que déconcerté que la Ville ne l’ait pas rencontré avant l’adoption de la résolu‐ tion.

Je veux au moins une ren‐ contre pour en discuter, je le demande depuis le mois de juillet a-t-il affirmé.

M. O’Connor a ajouté que Maniwaki est une des rares villes au Québec qui a adopté ce genre de résolution, et qu’elle est en train de devenir la risée de la province. Pour lui, c’est du jamais vu qu’une municipali­té refuse de ren‐ contrer un organisme qui veut parler d’une citation pa‐ trimoniale.

Pour Andrée Richard, une citoyenne présente lors de la séance, la rencontre lui a per‐ mis de comprendre les enjeux liés à la citation de l’église et aussi de savoir que d’autres solutions sont possibles pour conserver le bâtiment.

Elle s'est dite toutefois dé‐ çue que le conseil n’ait pas rencontré M. O’Connor avec de prendre sa décision.

Ce que je retiens de cette séance, c’est qu’il y a des choses qui ne semblent pas être comprises par le conseil municipal et par la Fabrique, des choses qui auraient pu être éclaircies depuis le début, a-t-elle déploré.

Malgré le maintien de la ré‐ solution, le conseil municipal s'est dit ouvert à discuter avec M. O’Connor dans le fu‐ tur.

Les élus lui ont d’ailleurs proposé de le rencontrer une fois qu’il aura entrepris des démarches avec un agent du ministère de la Culture et des Communicat­ions et qu’il pourra fournir une documen‐ tation complète, comprenant notamment une estimation des coûts de rénovation de l’église si le bâtiment est cité patrimonia­l ou pas.

Mme Fortin a insisté sur le fait qu’elle tient à la conserva‐ tion du patrimoine de Mani‐ waki.

Cette église est un bâti‐ ment pour nous. Ce dossier n’est pas lié à la religion. On a eu des menaces de la part de personnes religieuse­s, mais je rappelle qu’on travaille avec la population et non contre la population.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada