Boulevards urbains : les quartiers centraux de Québec s’impatientent
Les conseils de quartier du centre-ville de Québec de‐ mandent au gouverne‐ ment Legault de passer de la parole aux actes en ma‐ tière de mobilité. La conversion des autoroutes Laurentienne et DufferinMontmorency en boule‐ vards urbains est de nou‐ veau réclamée.
On a l'impression que c'est un dossier qui stagne, déplore Raymond Poirier, président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
Selon lui, l’abandon du projet de troisième lien auto‐ routier porté par la Coalition avenir Québec (CAQ) permet de revoir la configuration des voies rapides qui desservent le centre-ville.
La conversion de l’auto‐ route Laurentienne en boule‐ vard urbain, entre les rues Soumande et de la CroixRouge, ferait tomber une bar‐ rière qui limite la mobilité entre les quartiers, en plus de réduire la pollution au centreville.
Sur le plan de la qualité de l’air, c’est un projet qui n’a que des avantages, s’exclame Ray‐ mond Poirier.
Sortir les autoroutes des quartiers centraux plus vulné‐ rables, nécessairement, ça va avoir un impact favorable!
Raymond Poirier, pré‐ sident du conseil de quartier du Vieux-Limoilou
Un argument repris par la présidente du conseil de quartier Lairet, plus au nord.
Des voitures en quantité dans le centre-ville, ça ne fait pas de sens, s’impatiente Julie Tremblay-Potvin.
Problèmes de sécurité à l’est
Un peu plus loin à l’est, le vice-président du conseil de quartier Maizerets, Martial Van Neste, rappelle l’urgence de revoir la configuration de l’autoroute Dufferin-Montmo‐ rency.
Largement sous-utilisée, elle invite à la vitesse et a été le théâtre d’un grave accident qui a coûté la vie à quatre per‐ sonnes, dont deux enfants, en septembre 2021.
L’installation d’un radar photo en janvier dernier ne semble pas avoir calmé les ar‐ deurs des automobilistes : plus de 12 000 constats d’in‐ fraction ont été délivrés en date du 30 avril.
Selon Martial Van Neste, il y a urgence d’apaiser la circu‐ lation dans le secteur.
Pour la sécurité et un meilleur accès au fleuve, il faut transformer cette auto‐ route en boulevard urbain,
tranche-t-il.
Quelle vision pour CAQ?
Chose certaine, la CAQ montre pour le moment peu d’enthousiasme à l’idée de re‐ voir la configuration des voies rapides qui traversent les quartiers centraux de Qué‐ bec.
Interrogé en mai sur l’ave‐ nir des autoroutes Lauren‐ tienne et Dufferin-Montmo‐ rency à l’occasion de l’étude des crédits budgétaires, le mi‐ nistre responsable de la Capi‐ tale-Nationale, Jonatan Julien, est resté vague.
On le regarde et on en dis‐ cute [...] C’est certain qu’on analyse ces dossiers-là et qu’on les regarde dans plu‐ sieurs perspectives, a-t-il ré‐ pondu au député solidaire Sol Zanetti.
Or, le gouvernement Le‐ gault ambitionne toujours d’ajouter une centaine de kilo‐ mètres de voies réservées à Québec afin d’améliorer la desserte en transport collectif des banlieues du nord.
Le projet, évalué à près de 850 millions de dollars, a été présenté à la population en 2019.
Dans ce scénario, l’auto‐ route Laurentienne serait no‐ tamment élargie depuis SaintÉmile jusqu’aux portes de Saint-Roch.
Ce n’est pas ça qu’on veut pour l’entrée du centre-ville, tonne Raymond Poirier.
Selon lui, une augmenta‐ tion de la capacité routière est incompatible avec l’aménage‐ ment d’un boulevard urbain.
Bruno Marchand inter‐ pellé
Raymond Poirier rappelle qu’un récent rapport déposé par la Direction de santé pu‐ blique (DSP) de la Capitale-Na‐ tionale confirme la nécessité de réduire la circulation auto‐ mobile au centre-ville afin d’améliorer la qualité de l’air.
Devant l’hésitation du gou‐ vernement Legault à agir, le maire Marchand doit se lever dans le dossier.
C’est clair qu’il faut que le maire de Québec se fasse le porteur du ballon.
Raymond Poirier, pré‐ sident du conseil de quartier du Vieux-Limoilou
Dans le secteur Maizerets, Marial Van Neste est bien d’accord.
Si on veut ramener des gens au centre-ville, il faut que ce soit intéressant de vivre au centre-ville, soutient-il.
Le cabinet du maire a ré‐ pondu à notre demande d'en‐ trevue par courriel en disant que les demandes ont tou‐ jours été claires concernant les autoroutes Dufferin et Laurentienne: il faut les trans‐ former en boulevard urbain dès que possible.
Dans cette réponse, Bru‐ no Marchand affirme le rap‐ peler aux ministres dès qu'il en a l’occasion.