Le Downtown Eastside « n’est pas le visage de la crise des surdoses »
La coroner en chef de la Co‐ lombie-Britannique, Lisa Lapointe, a dépeint un por‐ trait alarmant de la crise des surdoses qui a fait plus de 12 000 victimes dans la province depuis 2016, lors d'une conférence de presse à Victoria lundi.
Accompagnée de la méde‐ cin hygiéniste en chef, de la représentante des enfants et de la jeunesse ainsi que des autorités sanitaires des Pre‐ mières Nations, Lisa Lapointe a pointé du doigt le fentanyl dans cette crise sanitaire qui est entrée dans sa huitième année.
La crise de la toxicité des drogues en Colombie-Britan‐ nique est une crise du fenta‐ nyl illicite.
Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britan‐ nique
En 2016, cet opioïde 40 à 50 fois plus puissant que l’héroïne était impliqué dans 67 % de décès dus à des drogues illicites. Au fur et à mesure que la province s’en‐ lise dans l’état d’urgence sani‐ taire, cet opiacé synthétique gagne du terrain en s'immis‐ çant dans 80 % de surdoses mortelles. Mais il n’est pas le seul et la crise devient petit à petit celle des benzodiazé‐ pines.
Qui est cette crise?
Selon le Service des coro‐ ners de la Colombie-Britan‐ nique, une mort qui survient à la suite d’une surdose im‐ plique plusieurs substances toxiques et aucun BritannoColombien n’est à l’abri d’y succomber.
Lisa Lapointe déplore l'idée répandue selon laquelle le Downtown Eastside serait le visage de la crise des opioïdes. Selon la coroner en chef, moins de 14 % des décès liés aux drogues illicites recen‐ sés à travers la province concernent ce quartier défa‐ vorisé de Vancouver. 86 % des surdoses mortelles sur‐ viennent dans les autres com‐ munautés, urbaines et ru‐ rales, dit Mme Lapointe.
Depuis que Victoria a dé‐ claré l’état d’urgence sanitaire en 2016, 12 433 personnes sont décédées d’une surdose : 9835 hommes et 2595 femmes. Parmi les vic‐ times, 163 étaient âgées de moins de 19 ans.
Selon Kelsey Louie, le mé‐ decin hygiéniste adjoint de la régie de la santé des Pre‐ mières Nations, les Autoch‐ tones sont surreprésentés dans cette crise qui a changé de visage et de nature depuis 2016.
Il est temps d’adopter une approche de gestion des risques qui repousse les li‐ mites de nos systèmes. C’est maintenant notre occasion de faire les choses différemment.
Kelsey Louie, médecin hy‐ giéniste adjoint de la régie de la santé des Premières Na‐ tions
La plupart des victimes meurent entre quatre murs, souvent dans leur résidence, selon le Service des coroners. Lisa Lapointe considère qu'il est important de continuer à collecter des données sur cette crise, qui est la première cause de décès en ColombieBritannique.
Comment cette crise? sortir de
Avec le nombre de vic‐ times qui reste élevé, les voix s’élèvent pour réclamer un ap‐ provisionnement de drogues sûres. La Colombie-Britan‐ nique a obtenu la décriminali‐ sation de possession de pe‐ tites quantités de drogues. La médecin hygiéniste en chef, la Dre Bonnie Henry, estime que cette dépénalisation n’est qu’une manière de faire tom‐ ber la stigmatisation qui en‐ toure la toxicomanie.
Elle rappelle qu’il ne s’agit pas de légalisation et que cette mesure ne promeut pas l’usage de drogues. Il est né‐ cessaire, selon la Dre Henry, de surveiller avec attention les risques et les bénéfices de cette décriminalisation.
Par ailleurs, elle croit qu’il faut donner accès au traite‐ ment et à la réhabilitation. Nous devons continuer à ren‐ forcer l'accès aux services de prévention de consommation sécuritaire, ajoute la médecin hygiéniste en chef.
Parallèlement, la province doit améliorer le système de vérification des drogues et d’autres outils de réduction des méfaits, sans compter la prévention qui doit être me‐ née auprès des jeunes, qui sont de plus en plus touchés par les surdoses.
La Dre Henry affirme que ces mesures n'entrent pas en compétition avec le traite‐ ment ou l’abstinence. En outre, comme l’ont souligné plusieurs dans le passé, elle reconnaît que le logement et la pauvreté sont des moteurs majeurs de cette crise.
Plaidoyer pour proche provinciale l’ap‐
Face aux critiques grandis‐ santes concernant leur ap‐ proche pour sortir de la crise des surdoses, les autorités ont formé un front uni, lundi, lors de leur conférence de presse. Jennifer Charlesworth s’est lancée dans un plaidoyer pour dénoncer ces critiques.
La représentante à l’en‐ fance de la Colombie-Britan‐ nique assure que les autorités ne possèdent aucune infor‐ mation sur le fait que des drogues prescrites dans le cadre de son projet pilote sur l'approvisionnement sécuri‐ taire auraient été détournées ou que des mineurs les au‐ raient consommées.