Un Vancouvérois tente de sauver sa famille à Gaza, mais se heurte aux règles d’Ottawa
Le Vancouvérois Nasser Najjar se considère la seule bouée de sauvetage pour neuf membres de sa fa‐ mille coincés dans la bande de Gaza, mais le pro‐ gramme mis sur pied par le gouvernement canadien pour accueillir les ressortis‐ sants palestiniens ne le rassure pas pour la suite des choses et nourrit son sentiment d’impuissance.
Tous les matins, son pre‐ mier geste en se levant, de‐ puis octobre, c’est de vérifier ses réseaux sociaux pour s’assurer que ses proches sont toujours en vie. Je re‐ garde à quelle heure a été envoyé le dernier message dans nos groupes de discus‐ sion et je lis les nouvelles pour voir si leurs noms n'ap‐ paraissent pas dans les bi‐ lans de morts et de blessés, raconte-t-il.
La bouée de sauvetage au bout du fil
Cumulant trois emplois, le père de famille affirme être la seule source de revenus de ses proches depuis cinq mois, car il leur est devenu impossible de travailler.
Ma soeur dit qu’elle est maintenant habituée à en‐ tendre les cris qui suivent les bombardements.
Nasser Najjar
Quand il ne travaille pas, Nasser Najjar discute réguliè‐ rement avec sa famille, même si la connexion est ra‐ rement stable à Gaza.
Je viens de marcher sept heures pour trouver des conserves, il n’y a plus de vraie nourriture, raconte sa petite soeur, Razan Najjar, au bout du fil depuis Rafah. La voix hachurée provenant du téléphone explique que les journées sont passées à chercher des médicaments et des vivres, juste pour sur‐ vivre. On ne vit plus au jour le jour, on vit seconde par se‐ conde, on n’est pas en sécu‐ rité, poursuit-elle.
Nous sommes une fa‐ mille, éduquée, de la classe moyenne. Je n'aurais jamais pensé entendre ma soeur me dire un jour qu’elle était heureuse d'avoir trouvé des chaussettes ou encore des produits d'hygiène féminine, mais c’est là qu’on est rendu, raconte celui qui ne cache pas sa fierté pour ses grandes soeurs, des méde‐ cins, et pour son petit frère, étudiant en ingénierie.
L’espoir puis la décep‐ tion
Le Vancouvérois précise que plusieurs de ses connais‐ sances et de ses proches sont morts depuis le début des bombardements.
Quand le gouvernement du Canada a annoncé son programme de visa tempo‐ raire pour accueillir des res‐ sortissants palestiniens de Gaza, il y a vu une lueur d’es‐ poir pour sa famille.
Cette lueur s’est toutefois rapidement éteinte quand il a appris que ce programme a un plafond de 1000 per‐ sonnes, un maximum trop bas selon le Vancouvérois : ça met la communauté en compétition, car on veut tous aider notre famille, dit-il. Mal‐ gré tout, Nasser Najjar s’est empressé de faire une de‐ mande, qui n'a pas été rete‐ nue.
Au 26 février 2024, nous avons 986 demandes accep‐ tées en traitement, écrit dans un courriel d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Ca‐ nada.
Le ministère ajoute que 12 Palestiniens ont pu quitter Gaza par leur propre moyen et ont été autorisés à venir au Canada. Ce chiffre plombe le peu d’espoir du CanadienPalestinien, qui se sent à bout de ressources.
Un plafond mobile qui crée de la confusion
Depuis le dévoilement du programme, Ottawa main‐ tient que le plafond de 1000 réfugiés pourrait être révisé en fonction du développe‐ ment de la situation, géné‐