Edmonton, une plaque tournante du hip-hop
Dans les années 1980 et 1990, la scène hip-hop d’Ed‐ monton n’avait rien à en‐ vier à celle de grandes villes comme Toronto ou New York.
La ville des Prairies cana‐ dienne a été une plaque tournante du breakdance, un style de danse hip-hop.
À travers le documentaire
Untouchable Crew, l'artiste et cinéaste Arlo Maverick re‐ trace l’histoire d’une troupe de danseurs de break d’Ed‐ monton qui a marqué l’his‐ toire du hip-hop de la capi‐ tale albertaine.
La culture hip-hop a joué un rôle important dans cette ville et nous a donné une présence nationale.
Arlo Maverick, artiste du hip-hop et réalisateur, « Un‐
touchable Crew »
Comment le hip-hop a-til fait sa place à Edmonton?
Au moment où le hip-hop commençait à être populaire dans la capitale albertaine, sa musique ne jouait pas à la ra‐ dio commerciale, souligne Darren Jordan, un des membres d'Untouchable Crew.
[Le hip-hop] n’était pas vraiment accessible pour nous ici; nous avons donc fait preuve de beaucoup d’ingé‐ niosité pour essayer d’y accé‐ der. Mais pour une raison ou une autre, ça a pris racine [à Edmonton], raconte-t-il.
Darren Jordan explique que la musique hip-hop a voyagé à Edmonton par l’en‐ tremise de visiteurs qui ve‐ naient de Toronto, de Mon‐ tréal, de New York ou encore de Los Angeles. De cette mu‐ sique est née la culture hiphop.
Sans Internet, les dan‐ seurs de l'époque tentaient de se rappeler et de repro‐ duire ce qu’ils observaient à la télévision, explique Arlo Maverick. Ils trouvaient en‐ suite une façon d’innover sur cela; c’était remarquable.
Darren Jordan ajoute que plusieurs visiteurs étaient surpris de trouver une culture hip-hop aussi déve‐ loppée à Edmonton.
Créer une communauté
La scène hip-hop de l'époque se démarquait par son multiculturalisme, af‐ firme Darren Jordan. Des danseurs de nombreuses na‐ tionalités se réunissaient pour pratiquer le break‐ dance.
Darren Jordan avait 14 ans lorsqu’il s'est joint à la troupe Untouchable Crew. À travers cette troupe de danse, il a trouvé un groupe d’amis. La musique était un dénominateur commun, un liant pour beaucoup d’entre nous, ajoute-t-il.
C’était comme une reli‐ gion; nous vivions et respi‐ rions le hip-hop.
Darren Jordan, ancien membre d'Untouchable Crew
Darren Jordan explique que chaque partie de la ville avait des troupes de danse. Celles-ci se rencontraient, no‐ tamment dans les centres commerciaux, pour prendre part à des compétitions. Même les plus petits centres commerciaux en organi‐ saient, car cela permettait d’attirer des gens qui n’y se‐ raient probablement pas ve‐ nus autrement, raconte Dar‐ ren Jordan.
C’est un peu comme un événement sportif, où l’on sort, on rencontre des gens, on admire des gens et on dé‐ couvre des choses.
Arlo Maverick, artiste du hip-hop et réalisateur, « Un‐ touchable Crew »
Retracer l’histoire
Arlo Maverick voulait s’as‐
surer de trouver une façon que ces histoires soient pré‐ servées. Si moi-même, qui suis dans la culture [hip-hop], je ne suis pas au courant de cela, alors il y a plein de monde qui ne le sont pas, dit-il.
L’histoire d'Untouchable Crew est juste une fraction de ce qui se passait à ce mo‐ ment-là et ce qui s’est passé au courant des 40, 50 der‐ nières années de présence de hip-hop dans cette ville.
Arlo Maverick, artiste du hip-hop et réalisateur, Un‐ touchable Crew
Ça nous permet de réali‐ ser que nous faisons partie de l’histoire du hip-hop, tout comme New York, mais que nous avons aussi notre propre histoire à raconter, souligne Arlo Maverick.
Et aujourd’hui?
À 56 ans, Darren Jordan a mis de côté sa carrière de danseur depuis de longues années. Cependant, les traces qu’il a laissées sur la scène hip-hop d’Edmonton sont encore bien visibles. Des gens se souviennent encore de moi ou se rappellent des compétitions spécifiques, ditil.
La scène hip-hop est tou‐ jours bien présente à Edmon‐ ton. En plus de la danse et la musique, elle se manifeste également sous différentes formes, telles que les graffi‐ tis, mentionne Arlo Maverick.