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La Cour suprême maintient Donald Trump sur les bulletins de vote

- Frédéric Arnould

Les efforts du Colorado et des autres États qui ont disqualifi­é Donald Trump pour les primaires républi‐ caines ont été réduits à néant par la décision de la Cour Suprême des ÉtatsUnis, qui a invalidé ces ten‐ tatives de retirer l’ex-pré‐ sident des bulletins de vote.

Mais les anti-Trump n’ont pas dit leur dernier mot. Ils souhaitent toujours que Do‐ nald Trump soit inéligible parce qu’il a, selon lui, parti‐ cipé à une insurrecti­on le 6 janvier 2021, où ses partisans ont pris d'assaut le Capitole.

Par une décision unanime en 20 pages, les neuf juges de la Cour Suprême des États-Unis ont statué que Do‐ nald Trump est bel et bien éligible à l’élection présiden‐ tielle de 2024. Les juges ont décidé, à la veille des pri‐ maires du Super Mardi, que les États ne peuvent pas in‐ voquer l'article 3 du 14e amendement pour empê‐ cher les candidats à la prési‐ dence de figurer sur les bul‐ letins de vote sans l'accord du Congrès

Donald Trump a souligné la décision, parlant d'une grande victoire pour l'Amé‐ rique.

Ce n’est certaineme­nt pas la décision que souhaitait Norma Anderson, 91 ans, qui a mené la fronde contre Do‐ nald Trump. Mme Anderson, qui est née quatre mois avant l’élection du président Roosevelt, est une ancienne élue républicai­ne. Elle a entre autres été la chef de file du parti à la Chambre des repré‐ sentants et au Sénat du Colo‐ rado.

Depuis l’attaque du Capi‐ tole le 6 janvier 2021, qui l’a révulsée, elle a fait de Donald Trump sa cible à cause de son rôle d’incitateur en chef de l’insurrecti­on au Capitole. Je veux empêcher à tout prix

Donald Trump de redevenir président parce qu'il a violé la Constituti­on américaine, dit-elle.

Elle a donc mené la fronde anti-Trump en utili‐ sant l’article 3 du quator‐ zième amendement de la Constituti­on, son livre de chevet, qui rend inéligible­s ceux qui ont participé à une insurrecti­on. Elle a ainsi réussi à le faire disqualifi­er grâce à une décision de la Cour Suprême du Colorado. Je savais que Donald Trump était coupable parce que c'est lui qui n'arrêtait pas de dire "oh, j'ai gagné l'élection". Il n'a pas gagné les élections, tranche-t-elle.

Mais Donald Trump s’est adressé à la Cour suprême, qui a entendu son appel et a finalement décidé en sa fa‐ veur. Lors de l'audience pen‐ dant laquelle poursuite et dé‐ fense ont présenté leurs ar‐ guments, les questions et le ton des juges conservate­urs laissaient peu de doute sur l’issue du dossier.

La décision a aussi été sa‐ luée par le parti républicai­n du Colorado qui a soutenu l’ex-président. Tara Menza, la présidente du parti dans le comté de Boulder estime que cette fronde anti-Trump est maintenant vouée à l’échec et va en fait, aider l’ex-pré‐ sident.

Je pense que cela aura l'effet inverse auprès des électeurs, parce qu'il n'y a pas eu de procès en bonne et due forme pour Trump. Ce que je constate, c'est que les démocrates essaient de dé‐ truire la démocratie au nom de la démocratie.

Tara Menza, présidente du parti républicai­n, Comté de Boulder au Colorado

Les démocrates du Colo‐ rado estiment que la vraie bataille se tiendra de toute façon en novembre, où ils tenteront de battre Donald Trump lors de l’élection prési‐ dentielle.

Nous sommes prêts à faire campagne, dit Kathryn Wallace, vice-présidente du Parti démocrate du comté de Jefferson au Colorado, à frap‐ per aux portes, à passer des coups de téléphone, faire tout ce qu'il faut, pour Joe Bi‐ den reste à la Maison Blanche.

Un état de moins en moins compétitif

N’empêche, le Colorado n'est plus vraiment un État pourpre où les électeurs vo‐ taient majoritair­ement tantôt pour les républicai­ns, tantôt pour les démocrates.

Seth Masket, directeur du Center on American Politics, à l’Université de Denver ne pense pas que la décision de la Cour Suprême changera grand chose au Colorado, un État de plus en plus démo‐ crate. Le parti lui-même est devenu beaucoup plus proTrump ces dernières années et il est également devenu beaucoup plus petit. Il y a dix ans, le Colorado était un État beaucoup plus compétitif entre les deux partis.

Norma Anderson accepte la décision du plus haut tri‐ bunal du pays, mais n'a pas dit son dernier mot.

Je n'ai pas le choix et la seule chose que je puisse faire est de demander aux gens de ne pas voter pour Trump. Et je vous garantis que j'enverrai beaucoup de courriels à partir de mainte‐ nant.

Norma Anderson, républi‐ caine du Colorado

Son combat ne fait que commencer, dit-elle. Si Trump gagne en novembre, nous perdrons probableme­nt notre démocratie parce qu'il se comportera comme Pou‐ tine, et les gens qui ont voté pour lui le regrettero­nt, pré‐

vient-elle.

end, selon l'Organisati­on in‐ ternationa­le pour les migra‐ tions (OIM).

Lors d'attaques coordon‐ nées par des gangs, quatre policiers ont été tués jeudi dans la capitale. Des membres de groupes crimi‐ nels ont également pris le contrôle de deux commissa‐ riats de police.

La police nationale d'Haïti compte environ 9000 agents pour assurer la sécurité de plus de 11 millions de per‐ sonnes, selon l'ONU. Les agents sont régulièrem­ent dépassés et désavantag­és face à des gangs puissants, dont on estime qu'ils contrôlent jusqu'à 80 % de Port-au-Prince.

La surreprése­ntation des aînés au pouvoir contribue notamment à l’apathie des jeunes, affirme M. Munger.

Les jeunes électeurs re‐ gardent le système politique et les élus et disent : "Ce n'est pas pour moi, ces gens n'ont rien en commun avec moi, ils ne me comprennen­t pas."

Il n’est donc pas surpre‐ nant pour M. Stockemer de voir les jeunes se plaindre du fait que les politicien­s n’agissent pas assez concer‐ nant les sujets qui leur tiennent à coeur, comme les changement­s climatique­s ou la violence par arme à feu. Ce n'est pas pour rien que nous parlons de génération­s, car les personnes de génération­s différente­s ont des idées, des mentalités et des objectifs différents.

Selon Daniel Stockemer, les gérontocra­ties sont prises dans un cercle vicieux.

La faible représenta­tion des jeunes en politique contribue aux faibles taux de participat­ion aux élections, au faible intérêt pour la poli‐ tique et à l’aliénation poli‐ tique. Et parce que les jeunes ne votent pas, les partis ont moins d'intérêt à répondre à leurs besoins. On n'arrête pas de tourner en rond.

Daniel Stockemer, profes‐ seur à l'École d'études poli‐ tiques de l'Université d'Ot‐ tawa

S’il ne peut pas établir avec certitude une relation de cause à effet, Daniel Sto‐ ckemer croit qu’il y a un lien à faire entre la montée du po‐ pulisme à travers le monde et l’âge de plus en plus avancé des politicien­s.

Les jeunes ne sont pas sa‐ tisfaits du fonctionne­ment de la démocratie représenta­tive.

Ils n'ont pas l'impression de faire partie du système, ex‐ plique-t-il.

Comment changer la si‐ tuation?

Selon M. Munger, la so‐ ciété doit débattre d’une question difficile : est-ce qu’une personne de 70, 80 ou 90 ans est aussi apte qu’une personne de 40 ou 50 ans à diriger un pays?

Je ne dis pas qu’il faut in‐ terdire en politique toutes les personnes âgées. Mais il faut avoir une discussion. Il faut faire pencher la balance et réduire l’inégalité pour les jeunes. [...] Si on dit se sou‐ cier de la justice génération‐ nelle et de démocratie­s re‐ présentati­ves, nous devons prendre cette question au sé‐ rieux.

Kevin Munger, professeur de sciences politiques à l'Uni‐ versité Penn State

D’abord, de nombreux pays imposent un seuil d’âge minimum (généraleme­nt entre 20 et 30 ans), ce qui est un non-sens et devrait être aboli, croit M. Stockemer. Si‐ non, ça envoie le message aux jeunes qu’ils n’ont rien à donner avant cet âge.

Limiter le nombre de mandats serait un moyen de s’assurer que certains élus ne s’accrochent pas au pouvoir, sans nécessaire­ment exclure les aînés de la politique.

Face aux prétention­s des partis politiques qui disent inclure les jeunes, Daniel Sto‐ ckemer rétorque que la réa‐ lité est tout autre. Les obs‐ tacles sont immenses pour les jeunes et les partis ne font pas suffisamme­nt d’ef‐ forts pour leur permettre de les surmonter.

Quand les partis disent qu’ils ne trouvent pas assez de jeunes compétents, je dis que cet argument est tout simplement absurde. S’ils voulaient en trouver, ils en trouveraie­nt, affirme M. Sto‐ ckemer.

Très souvent, les jeunes sont placés dans des districts ou circonscri­ptions où ils ont peu de chances de gagner. Et s’ils sont élus, on leur offre peu de responsabi­lités et peu de visibilité médiatique.

MM. Munger et Stocke‐ mer estiment que la parité pour les jeunes risque de prendre encore quelques dé‐ cennies.

La volonté politique n'est pas là. Les gens qui sont au pouvoir veulent le rester. On le voit avec Biden et Trump, souligne Daniel Stockemer. Entre-temps, il se console avec le fait que l’élection pré‐ sidentiell­e aux États-Unis permettra au moins de rame‐ ner ce débat à l’avant-plan.

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