Des vignerons de N.-É. s’inquiètent d’un programme gouvernemental qui va leur nuire
Un nouveau programme provincial qui soutient les producteurs de vin com‐ merciaux donnerait des millions de dollars à deux entreprises d'embou‐ teillage tout en paralysant l'industrie locale, selon l'as‐ sociation des producteurs de vin de la NouvelleÉcosse.
Les représentants d'une douzaine de vignobles ont si‐ gné une lettre provenant de l'association des producteurs de vin de la Nouvelle-Écosse et adressée à la province de‐ mandant la fin du pro‐ gramme de soutien au vin commercial.
L'initiative fournirait entre 6 et 12 millions $ par an aux entreprises qui embou‐ teillent du vin dans la pro‐ vince, mais qui peuvent ache‐ ter leurs raisins à l'extérieur de la Nouvelle-Écosse et du Canada.
Ça pourrait avoir un effet catastrophique, dit Karl Cou‐ tinho, président du conseil d'administration des produc‐ teurs de vins de la NouvelleÉcosse et président du vi‐ gnoble Avondale Sky, à New‐ port.
Lui et ses collègues craignent que les vignobles qui font leur vin seulement avec des raisins locaux ne soient pas en mesure de suivre le rythme des produc‐ teurs commerciaux qui peuvent acheter des raisins moins chers à l'étranger, pro‐ duire plus et facturer moins.
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Karl Coutinho croit aussi que ce nouveau programme va saboter des décennies de travail qui ont permis de bâ‐ tir une industrie qui crée 250 millions $ pour l'économie lo‐ cale chaque année et 1100 emplois dans les régions ru‐ rales.
Une décision qui sur‐ prend
La province a tenu une réunion avec les acteurs de l'industrie vinicole un ven‐ dredi de janvier et a annoncé que le programme de sou‐ tien au vin commercial débu‐ terait le lundi suivant.
Il m'a fallu une minute pour comprendre ce que ça voulait dire, raconte Beatrice Stutz, la PDG du Domaine de Grand Pré. Nous étions aba‐ sourdis.
Le programme permet‐ trait entre autres aux vins mis en bouteille en NouvelleÉcosse à partir de raisins pro‐ venant de l'extérieur de la province d'obtenir les mêmes majorations privilégiées que les vins locaux obtiennent dans les établissements NSLC, dit-elle. À son avis, beaucoup de producteurs de vins locaux ne survivraient pas.
L'argent des contribuables de la Nouvelle-Écosse va sub‐ ventionner la production de raisins étrangers en encoura‐ geant la mise en bouteille de jus de raisins importés en Nouvelle-Écosse , déplore-telle.
2 producteurs commer‐ ciaux
Il n’existe actuellement que deux installations com‐ merciales d’embouteillage de vin en activité en NouvelleÉcosse.
L'un d'entre eux est géré par Devonian Coastal, qui possède trois vignobles dans la province. L'autre appar‐ tient à la société Peller Es‐ tates, basée en Ontario.
Ce programme ne profite qu'à deux acteurs, mais il porte atteinte à tous les éta‐ blissements vinicoles et aux plus de 100 viticulteurs de cette province, déclare Bea‐ trice Stutz.
Les vignobles locaux ont fait pression sur la province pour qu'elle ne poursuive pas le programme après la réunion, mais Karl Coutinho a déclaré qu'ils n'avaient pas reçu de mise à jour depuis la rencontre.
Le ministre des Finances Allan MacMaster explique que l'objectif du nouveau programme est que la Nou‐ velle-Écosse respecte les lois sur le commerce internatio‐ nal.
Ses lois sont négociées entre le Canada, l'Australie et divers autres pays et ce qui était en place auparavant n'était pas conforme aux règles commerciales. Nous avons donc dû changer cela., dit-il.
Le ministre MacMaster in‐ dique aussi que la province a jusqu'en juin pour se confor‐ mer aux lois commerciales et qu'il continuera de consulter les différents partis.
Avec les informations de Josh Hoffman de CBC