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Les demandes de salles d’inhalation se multiplien­t à Ottawa

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La fermeture temporaire de deux centres d’injection supervisée d’Ottawa met en évidence le besoin de salles où les gens peuvent inhaler des drogues illicites en toute sécurité, affirme la directrice de l'un de ces emplacemen­ts.

Vendredi, les centres de santé communauta­ire Côtede-Sable et de Somerset Ouest ont tous deux inter‐ rompu les services de leurs salles d'injection supervisée en attendant que le minis‐ tère de la Santé de l’Ontario mène une enquête.

Dans les deux cas, des fu‐ mées nocives ont été déga‐ gées lorsque des drogues ont été chauffées pour être inha‐ lées.

Tous les autres services de réduction des risques des deux endroits ont été main‐ tenus.

Le ministère de la Santé a confirmé que les services d'injection des deux centres resteraien­t suspendus « jus‐ qu'à ce que les enquêtes sur la source des malaises soient terminées ».

La directrice du pro‐ gramme OASIS du centre de santé communauta­ire Côtede-Sable, Wendy Stewart, a soutenu samedi à CBC que le personnel de l’emplacemen­t Côte-de-Sable avait souffert de nausées, de vertiges et de maux de tête causés par les vapeurs des drogues qui avaient été chauffées.

Un représenta­nt du Centre de santé communau‐ taire de Somerset Ouest avait précédemme­nt déclaré à CBC que les vapeurs des drogues chauffées avaient également rendu le person‐ nel malade.

Protéger les travailleu­rs, sauver des vies

Selon Mme Stewart, les clients de Côte-de-Sable uti‐ lisent l'établissem­ent pour préparer des drogues illicites à inhaler, ce qui est interdit. Les usagers sortent ensuite pour inhaler les drogues, a-telle ajouté.

Cette dernière croit que la mise en place de salles d'in‐ halation supervisée­s à Ot‐ tawa permettrai­t à la fois de protéger les travailleu­rs et de sauver la vie des clients.

Les surdoses se produi‐ saient auparavant juste à l'in‐ térieur de notre centre d'in‐ jection sécurisée. Aujour‐ d'hui, 25 % des surdoses se produisent à l'extérieur de notre centre et la plupart d'entre elles, si ce n'est pas tout, sont liées à l'inhalation.

Wendy Stewart, directrice du programme OASIS du centre de santé communau‐ taire Côte-de-Sable

Un rapport de Santé pu‐ blique Ottawa publié à la fin de l'année dernière a révélé que le taux de décès acciden‐ tels par surdose d'opioïdes causés par l'inhalation avait plus que doublé. Il est passé de 16 à 39 % en l’espace de quatre ans, de 2018 à 2022.

Le Centre de santé com‐ munautaire Somerset Ouest avait demandé à Santé Ca‐ nada l'autorisati­on de per‐ mettre aux clients de renifler, d'avaler et d'injecter des drogues sous la surveillan­ce du personnel dans la cour extérieure du bâtiment.

L'exemption ne permet‐ trait pas l'inhalation, mais au fur et à mesure que nous en apprenons davantage sur l'utilisatio­n des drogues dans la communauté, nous décou‐ vrons également le besoin de services d'inhalation plus sûrs, explique dans un cour‐ riel la porte-parole du centre de santé communauta­ire So‐ merset Ouest, Heather Bade‐ noch.

Les travailleu­rs divisent leurs efforts pour assurer la sécurité

Une membre du groupe Overdose Prevention Ottawa, Leah Podobnik, estime que l'implantati­on de salles d'in‐ halation sécuritair­es permet‐ trait de concentrer les res‐ sources et d'empêcher les gens de faire une surdose en privé.

CBC s'était entretenue avec elle le mois dernier lorsque le Centre de santé communauta­ire Côte-deSable a commencé à détecter un tranquilli­sant pour ani‐ maux dans les échantillo­ns de drogue apportés par les usagers. Nous devons mettre en place des espaces où les gens peuvent aller inhaler leurs substances afin d'éviter que trois personnes fassent une overdose à l'extérieur et deux à l'intérieur, a-t-elle ex‐ pliqué.

Cela permettrai­t aussi d'éviter que les personnes mandatées de réduire les risques divisent leurs efforts et courent à l'extérieur pour s'occuper des personnes qui font une surdose dans les bancs de neige, a précisé Mme Podobnik.

En 2022, la Casey House de Toronto est devenue le premier centre en Ontario à offrir l'inhalation supervisée.

Wendy Stewart pense qu'il est essentiel qu'Ottawa offre la même chose.

Souvent, la politique et la législatio­n en matière de drogues ont tendance à être en retard par rapport aux be‐ soins actuels. Il s'agit de la prochaine étape pour sauver des vies et mettre en place des interventi­ons appro‐ priées.

Avec des informatio­ns de Sam Konnert, de CBC News

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