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Eleanor Collins, la première dame du jazz au Canada, s’est éteinte à 104 ans

- Victoria Kopiloff

La légende canadienne du jazz Eleanor Collins est dé‐ cédée le dimanche 3 mars, à l'âge de 104 ans, dans la région de Vancouver.

Vedette de la télévision dans les années 1950 et 1960, elle avait permis de bri‐ ser les barrières interracia­les dans le monde du spectacle au Canada.

Eleanor Collins est née le 21 novembre 1919 à Edmon‐ ton, sous le nom d'Elnora Ruth Procter.

Ses parents, comme des centaines de fermiers noirs, avaient quitté l'Oklahoma pour s'installer en Alberta après avoir répondu à une annonce du gouverneme­nt canadien qui offrait des terres à défricher pour la somme de 10 dollars.

À 15 ans, la jeune femme remporte un concours de chant qui lui permet de chan‐ ter sur la station de radio CFRN.

En 1939, l’artiste s’installe à Vancouver et chante dans des chorales gospel et avec diverses formations de jazz.

Trois ans plus tard, elle épouse Richard Collins et fonde une famille. Ils démé‐ nagent à Burnaby, en Colom‐ bie-Britanniqu­e, où ils sont la première famille noire de leur quartier.

Peu de temps après leur installati­on, la communauté blanche locale lance une pé‐ tition pour les obliger à quit‐ ter leur quartier, mais les Collins restent malgré le ra‐ cisme auquel ils sont confrontés.

C'est ce que ma mère m'a dit, il y a longtemps : "Ma chérie, prends une journée à la fois, fais de ton mieux et continue d'avancer". C'est le meilleur conseil qu'on m'ait donné.

Eleanor Collins, légendaire

chanteuse de jazz

Première artiste noire à la télévision

Surnommée la première dame du jazz au Canada, Eleanor Collins fait ses dé‐ buts au petit écran en 1954 dans l'émission Bamboula : A Day in the West Indies, la première émission musicale de télévision canadienne avec une distributi­on mixte et diffusée en direct à Van‐ couver.

Cette même année, elle participe avec ses quatre en‐ fants à la comédie musicale Finian’s Rainbow, du Theatre Under The Stars, au parc Stanley. Une comédienne in‐ terprétant une Afro-Améri‐

caine, l’un des rôles princi‐ paux, joue alors le visage peint en noir.

Un an plus tard, durant l’été 1955, elle anime sa propre émission nationale hebdomadai­re, intitulée tout simplement Eleanor. Elle de‐ vient ainsi la première anima‐ trice de couleur à animer une émission nationale à la télévi‐ sion en Amérique du Nord.

Elle précède d’un an Nat King Cole aux États-Unis, à qui on attribue souvent cet honneur.

Une immense carrière couronnée par l’Ordre du Canada

Je n'ai absolument aucun regret.

Eleanor Collins, légendaire chanteuse de jazz, à propos de sa carrière

Elle a poursuivi sa carrière pendant plusieurs décennies dans diverses émissions de variétés et s’est également produite en concert dans la région de Vancouver, sans n'avoir jamais enregistré de disque.

Elle aurait pu se diriger vers une carrière internatio‐ nale, mais a préféré contri‐ buer à la scène musicale van‐ couvéroise tout en se consa‐ crant à sa famille.

En 2014, à l'âge de 95 ans, Eleanor Collins reçoit l’Ordre du Canada pour sa carrière de chanteuse de jazz et pour avoir contribué à briser les barrières interracia­les.

Postes Canada a dévoilé en 2022 un timbre à son effi‐ gie pour rendre hommage à sa vie et à sa carrière d’ar‐ tiste, de musicienne et d'acti‐ viste.

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