Radio-Canada Info

Vol de colis à domicile : un paquet de problèmes!

- François Sanche

Steve Pépin est chez lui, en juillet dernier, et il jette un coup d'oeil par la fenêtre du salon de temps à autre. Son iPad tout neuf, obtenu grâce à un programme de points de son employeur, doit être livré par FedEx entre 10 h 30 et 14 h 30. Il patiente.

À 13 h 23, ding! Il reçoit la notificati­on de la livraison tant attendue, avec une photo du colis à sa porte. Cu‐ rieusement, le livreur n’a pas sonné. Steve Pépin ouvre la porte : rien. Aucune trace du colis. Comment a-t-il pu se volatilise­r dans la minute sui‐ vant la notificati­on?

J’ai tout de suite appelé FedEx. [...] Le dossier était fermé parce qu’il y avait la preuve avec photos à l'appui que mon iPad avait été livré. Donc, ils [les employés de Fe‐ dEx] me disaient qu'il n'y avait aucune responsabi­lité de leur part, relate Steve Pé‐ pin, qui avait l’impression d’avoir le fardeau de la preuve à porter.

On entend parler des gens qui disent "je me suis fait voler" pour finalement en avoir deux. Je ne voulais pas avoir l'air de ça.

Steve Pépin

Ensuite, M. Pépin est allé cogner à la porte de ses voi‐ sins. Je n'ai pas de caméra, dit-il. Le voisin d’en face en a une. Le voisin de biais, le troi‐ sième voisin, il a des camé‐ ras.

En regardant les images de cinq angles différents cou‐ vrant l’ensemble de sa rue, il a découvert ce qui a toutes les apparences d’un vol soi‐ gneusement planifié.

Un vol planifié?

Les images montrent que quelques minutes avant l’ar‐ rivée du camion de livraison, une voiture noire s’est garée à proximité de sa résidence. Un individu en est descendu et il est passé à pied devant sa maison en y jetant un bref regard.

Le camion FedEx est ar‐ rivé quelques minutes plus tard et il s’est garé en retrait, alors que normalemen­t, se‐ lon M. Pépin, les camions s’arrêtent devant le lieu de la livraison. Le livreur a déposé le colis en passant par le côté et, de retour à son camion, il est reparti à reculons, pour ne pas être vu, croit Steve Pé‐ pin.

Après quelques instants, l’individu est revenu, s’est emparé du colis et a dé‐ guerpi. Ce n’est qu’après le départ du voleur que la noti‐ fication de livraison a été en‐ voyée à Steve Pépin.

Si je n’avais pas eu ces ca‐ méras-là, je n’aurais eu aucun moyen de prouver que quel‐ qu'un me l'avait volé.

Steve Pépin

FedEx confirme avoir reçu les images envoyées par Steve Pépin et avoir fait en‐ quête sur cet événement, sans toutefois nous en divul‐ guer les conclusion­s.

Des crimes en hausse

La popularité du com‐ merce en ligne étant relative‐ ment récente, peu de re‐ cherches ont été réalisées sur le vol de perron. Mais on s’entend généraleme­nt pour dire que ce crime est en hausse.

Le vol de colis est un crime d'opportunit­é. Plus les paquets restent longtemps sur le porche, plus ils risquent d'être volés, estime le criminolog­ue américain Ben Stickle.

En 2019, il a signé une des premières études sur ce type de criminalit­é. Il a constaté entre autres que les clôtures, les caméras et les gardiens semblent avoir peu d'impact sur les voleurs.

Le vol de colis n'est pas seulement un délit problé‐ matique pour les consomma‐ teurs en raison du coût et de la frustratio­n qu'il entraîne, mais c'est aussi une préoccu‐ pation pour les détaillant­s, car ce crime est une résul‐ tante des pratiques de livrai‐ son actuelles, lit-on dans cette étude.

Selon un sondage de la firme Angus Reid, justement commandé par FedEx, 28 % des Canadiens sondés ayant fait un achat en ligne en 2023 ont déclaré avoir été victimes d’un vol de colis. Cette pro‐ portion était de 20 % en 2021.

Dans le domaine de la li‐ vraison, le choix du niveau de sécurité revient à celui qui fait expédier le colis. Et la li‐ vraison avec signature coûte plus cher.

Toutefois, FedEx exige (à ses frais) une signature du destinatai­re lorsque la valeur d’un colis est de 500 $ ou plus. Mais encore faut-il que les expéditeur­s divulguent cette règle, ce qu’ils ne font pas toujours. Cela pourrait expliquer pourquoi une si‐ gnature n’a pas été deman‐ dée à Steve Pépin, dont le co‐ lis valait pourtant près de 1000 $.

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