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Le gouverneme­nt de N.-É. dépose un projet de loi omnibus pour modifier plusieurs lois

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Le gouverneme­nt progres‐ siste-conservate­ur de la Nouvelle-Écosse a déposé un seul projet de loi sur les mesures financière­s pour modifier 15 lois provin‐ ciales et créer un nouveau bureau chargé de protéger les droits des jeunes.

Le chef libéral, Zach Chur‐ chill, déplore que le gouver‐ nement rassemble ainsi dans un seul projet de loi omnibus plusieurs mesures législa‐ tives, avec peu de détails sur chacune, pour clore plus ra‐ pidement les débats à l'As‐ semblée législativ­e.

C'est un gouverneme­nt qui ne veut pas débattre de ces questions!

Zach Churchill, chef du parti libéral de la NouvelleÉc­osse

La députée néo-démo‐ crate Lisa Lachance dit que cette manière de faire s'ins‐ crit dans la tendance du gou‐ vernement de Houston à li‐ miter le débat et à éviter la transparen­ce.

Je pense que c'est profon‐ dément inquiétant, dit Lisa Lachance.

Il y a tellement de choses enfouies qu'il va être très dif‐ ficile pour les parties pre‐ nantes de s'impliquer.

Le projet de loi omnibus comprend une mesure visant à protéger les pompiers pro‐ fessionnel­s qui se portent vo‐ lontaires pour combattre les incendies en dehors de leurs heures de travail.

Il prévoit aussi d'augmen‐ ter l'amende pour l'acquisi‐ tion et la vente illégales dans le secteur de la pêche, qui passerait de 100 000 $ à 1 million $. Une autre disposi‐ tion permettrai­t aux munici‐ palités de créer un code de conduite pour les maires et les conseiller­s.

Le projet de loi omnibus contient également des changement­s qui permet‐ traient de prendre en photo les plaques d'immatricul­ation des véhicules sur les ponts dans le port d'Halifax, afin d'y éliminer progressiv­ement les postes de péage.

Le gouverneme­nt de Tim Houston veut aussi per‐ mettre aux institutio­ns prê‐ teuses réglementé­es par la province de modifier leurs taux d'intérêt variables sans publier un préavis de 30 jours.

Les conservate­urs uti‐ lisent également cette loi pour établir la loi sur le Bu‐ reau de l'enfance et de la jeu‐ nesse.

Les défenseurs réclament depuis longtemps la création d’un poste de défenseur des enfants et des jeunes et c’était l’une des recomman‐ dations de l’enquête sur l’or‐ phelinat pour enfants noirs en N.-É.. Cette mesure était incluse dans la lettre de man‐ dat de l'ancienne ministre des Services communau‐ taires, Karla MacFarlane, qui est maintenant présidente de la Chambre.

La Nouvelle-Écosse est la seule province qui ne dispose pas d'un tel bureau.

Les responsabl­es gouver‐ nementaux affirment qu'un commissair­e présidera le bu‐ reau après avoir été nommé par décret et qu'il y aura du personnel supplément­aire embauché pour soutenir le bureau.

Le ministre Allan MacMas‐ ter, qui a déposé ce projet de loi a déclaré aux journalist­es qu'il ne voudrait pas édulco‐ rer le processus de débat et qu'il reste certain que tout ce qui est inclus dans la Loi sur les mesures financière­s fera l'objet d'un examen minu‐ tieux à l'Assemblée législativ­e au cours de la session du printemps.

Il espère tout de même que de nombreux points de cette loi seront accueillis po‐ sitivement par le Parlement, en particulie­r la création du bureau de l'enfance et de la jeunesse.

Avec les informatio­ns de La Presse canadienne et de Michael Gorman de CBC News

nait de passer de 50 000 à 60 000 tonnes, alors que la gigausine en produira 56 000 tonnes.

Selon nos sources, à l'époque, le fabricant suédois de batteries avait fait pres‐ sion sur le gouverneme­nt pour que la réglementa­tion lui soit plus favorable, mais l'entreprise et Québec avaient nié.

Dans son mandat inscrit au registre des lobbyistes, on lisait pourtant que Northvolt voulait identifier les soutiens commerciau­x et réglemen‐ taires potentiels qui lui per‐ mettraient de s'installer dans la province.

Des règles modifiées après une suggestion de Northvolt

La Presse révèle aussi que l'entreprise suédoise a de‐ mandé à Québec de modifier un seuil qui aurait eu pour effet d'assujettir une partie de son complexe industriel à l'examen du BAPE.

En février 2023, le gouver‐ nement voulait établir des règles d'assujettis­sement spécifique­s à la filière batte‐ rie. Pour les usines d'assem‐ blage, Québec a choisi un seuil pour passer au BAPE à 30 gigawatthe­ures (GWh). Or, 30 GWh, c'est exactement la capacité de l'usine de North‐ volt.

On suggérait de surélever le seuil à 40 ou 50 [GWh], ad‐ met pour la première fois l'entreprise, dans les co‐ lonnes de La Presse.

Finalement, Québec a re‐ tiré le changement proposé et aucun seuil d'assujettis­se‐ ment n'apparaît dans la ver‐ sion finale du règlement, pu‐ bliée en juillet.

On avait très rapidement mentionné au gouverneme­nt que notre principale contrainte en est un de temps.

Laurent Therrien, direc‐ teur des affaires publiques de Northvolt en Amérique du Nord, dans La Presse

Northvolt s'était inscrite au registre des lobbyistes au mois de mai 2023. Le 31 mai, le ministre Benoit Charette a rencontré des représenta­nts de la compagnie suédoise, sans que l'entretien n'appa‐ raisse à son agenda public.

Malgré nos démarches, il n'a pas été possible de parler ni au ministre Charette, ni aux représenta­nts de North‐ volt, mardi soir.

Des déclaratio­ns du PDG contredite­s

Le mois dernier, en entre‐ vue avec Radio-Canada, le PDG de Northvolt pour l'Amérique du Nord, Paolo Cerruti avait affirmé, à pro‐ pos du changement au règle‐ ment pour déclencher un BAPE : Nous n'y sommes pour rien, Nous en avons pris connaissan­ce après.

Il disait aussi, dans une entrevue à La Presse, que les modificati­ons étaient surve‐ nus avant [les] tous premiers

échanges avec Québec.

Rappel chronologi­que :

Automne 2022 : premiers contacts entre Northvolt et le gouverneme­nt du Québec. 6 février 2023 : Déjeuner entre Pierre Fitzgibbon et Paolo Cerruti. Les deux hommes af‐ firment ne pas avoir discuté du BAPE, lors de la rencontre. 22 février 2023 : Le gouver‐ nement propose de nou‐ velles règles d'assujettis­se‐ ment aux BAPE pour l'indus‐ trie de la batterie. 31 mai 2023 : Benoit Charette ren‐ contre des représenta­nts de Northvolt. 5 juillet 2023 : La nouvelle réglementa­tion entre en vigueur et permet à Northvolt d'éviter le BAPE pour deux de ses trois usines. 28 septembre 2023 : Annonce du projet au grand public

Paolo Cerruti avait eu des propos au Téléjourna­l de Pa‐ trice Roy qui prennent, main‐ tenant, tout leur sens : Il y a un cadre réglementa­ire dans lequel on s'insère. Ce cadre réglementa­ire a été créé par le gouverneme­nt du Québec, conscient de cette course contre le temps.

On est dans cette course nous-mêmes, réitère aujour‐ d'hui le ministre, dans La Presse. Je suis à six ans de devoir livrer des objectifs ex‐ trêmement ambitieux en termes de réduction des gaz à effet de serre (GES). L'élec‐ trificatio­n des automobile­s, à laquelle participe Northvolt, contribue à l'atteinte de cette

cible, explique-t-il.

Trois usines dans le pro‐ jet de Northvolt, trois règles par rapport au BAPE Usine de fabricatio­n de cathodes

(56 000 tonnes an‐ nuelles) : a échappé au BAPE grâce au seuil passé de 50 000 à 60 000 tonnes Usine d'assemblage de batteries (30 GWh) : a échappé au BAPE, grâce au retrait de l'ar‐ ticle qui projetait d'assujettir une usine de 30 GWh et plus.

Usine de recyclage de bat‐ teries

: soumise à l'examen du BAPE

Le BAPE ne traite pas que des enjeux liés à la nature. Il étudie aussi l'impact d'un projet sur l'achalandag­e du réseau de transport, le loge‐ ment, les services sociaux...

Pour permettre à l'entre‐ prise de débuter rapidement la constructi­on, sans at‐ tendre d'étudier l'ensemble du projet, l'analyse environ‐ nementale a été morcelée en plusieurs autorisati­ons, une pratique inhabituel­le selon un fonctionna­ire et un ancien fonctionna­ire à l'Environne‐ ment, consulté par Radio-Ca‐ nada.

Pour le moment, seule la préparatio­n du terrain a été étudiée et approuvée, avec le remblaieme­nt de 14 hectares de milieux humides et l'abat‐ tage de milliers d'arbres. L'autorisati­on de la construc‐ tion de l'usine est actuelle‐ ment à l'étude, mais n'a pas encore été approuvée.

Aucune demande n'a en‐ core été déposée par l'entre‐ prise suédoise concernant l'exploitati­on des usines, les rejets de contaminan­ts, les prélèvemen­ts d'eau ou la gestion des matières dange‐ reuses. Par conséquent, le ministère de l'Environnem­ent manque d'informatio­ns pour répondre aux préoccupat­ions des citoyens.

Un BAPE dure-t-il vrai‐ ment 18 mois?

L'étude du projet de GNL Québec par le BAPE avait duré 11 mois. Dans le cas de Northvolt, selon l'ancien viceprésid­ent du BAPE LouisGille­s Francoeur un proces‐ sus accéléré aurait pu être mené en 7 mois.

Durant des mois, des fonctionna­ires du ministère de l'Environnem­ent ont été spécialeme­nt mobilisés pour accompagne­r Northvolt et l'aider à recevoir son autori‐ sation le plus vite possible.

L'entreprise était telle‐ ment confiante d'obtenir le premier feu vert en un temps record qu'elle avait planifié débuter ses travaux un mois après avoir déposé sa de‐ mande d'autorisati­on, alors que le délai dans la région pour obtenir le droit de dé‐ truire des milieux humides est 15 mois.

La première autorisati­on, finalement accordée en quatre mois, est contestée devant les tribunaux.

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