Radio-Canada Info

Dédier 10 ans de sa vie à des adolescent­s de la DPJ

- Marilyn Marceau

Maintenant âgé de 31 ans, David F. Beauchesne ne re‐ grette aucunement son choix d’être devenu, il y a près de quatre ans, un pa‐ rent d’accueil pour des ado‐ lescents de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Depuis qu’il est em‐ barqué dans l’aventure, ses chambres sont constam‐ ment occupées en raison du grand besoin de places pour ce type de clientèle en Mauricie et au Centre-duQuébec.

Dans sa maison de Ples‐ sisville, au Centre-du-Qué‐ bec, il a trois chambres pour des jeunes ayant des besoins à moyen et court terme. De plus, il a une place pour les situations d’urgence ou plus ponctuelle­s. Les séjours des adolescent­s peuvent durer de 48 h à plusieurs années.

Pour lui, il s’agit d’une véri‐ table mission. C’est quelque chose qui est ancré en moi. C'est quelque chose que je voulais faire depuis long‐ temps, que je fais mainte‐ nant pour redonner au sui‐ vant, explique le jeune homme.

David est aussi directeur général dans une entreprise. Pour remplir sa mission tout en conservant son emploi, il s’est entouré d’aide. Il s’es‐ time aussi très bien appuyé par les divers intervenan­ts du CIUSSS.

Quand on est capable de redonner une paix intérieure à quelqu'un, quand le jeune se couche le soir, puis qu’il me dit juste : "Merci, David, d'être là". Ce sont de petits mots qui sont simples, mais d'être là pour eux autres, ça fait une différence, raconte-til.

Comme dans toutes les familles, il reconnaît qu’il y a des moments plus difficiles. Il mise notamment sur l’écoute et la bonne communicat­ion pour traverser les crises.

Des adolescent­s en at‐ tente et déracinés

Il faudrait avoir au moins une cinquantai­ne de places de plus pour les adolescent­s sur le territoire, estime le di‐ recteur adjoint à l'héberge‐ ment jeunesse, réadaptati­on et délinquanc­e au Centre in‐ tégré universita­ire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-duQuébec (CIUSSS MCQ), Ma‐ thieu Bédard.

Les centres de réadapta‐ tion sont au maximum de leur capacité et il y a presque toujours des adolescent­s parmi eux en attente d’une famille d’accueil. Environ 155 adolescent­s se trouvent dans deux centres du territoire; le taux d’occupation est de 99 %.

Actuelleme­nt, huit jeunes âgés de 12 et 18 ans sont en attente d’un foyer. Entretemps, ils demeurent au centre de réadaptati­on.

De plus, presque toutes les places en famille d’accueil pour les adolescent­s, que ce soit d’urgence ou plus per‐ manentes, sont actuelleme­nt occupées. Il y a en tout près de 530 places en Mauricie et au Centre-du-Québec.

Mathieu Bédard affirme qu’idéalement, il faudrait un taux d'inoccupati­on de 15 % dans les familles, soit près de 80 places, afin que la DPJ ait une marge de manoeuvre suffisante pour effectuer un bon jumelage pour les jeunes, ce qui est loin d'être le cas. À ce jour, notre taux de disponibil­ité est entre 0,2 et maximum 1,5 %, ce n'est pas plus que ça, alors vous comprenez que c'est extrê‐ mement occupé, dit-il.

La volonté que nous au‐ rions, ce serait de pouvoir [héberger] les enfants près de leur milieu familial, pour ne pas qu’il y ait de change‐ ment d'école, pour qu'il y ait de la stabilité au niveau des amis, et cetera, donc on évi‐ terait ainsi des ruptures de liens.

Mathieu Bédard, directeur adjoint à l'hébergemen­t jeu‐ nesse, réadaptati­on et délin‐ quance pour le CIUSSS MCQ

Il explique qu’il peut arri‐ ver que, faute de place, un enfant soit envoyé à Trois-Ri‐ vières ou Shawinigan, même si son parent biologique ha‐ bite à Victoriavi­lle. À ce mo‐ ment-là, pour le parent, ça amène un défi supplémen‐ taire à cause de la distance, à cause de l'étendue de notre territoire, mais si moi, je dois fournir un toit, puis que c'est la seule ressource qu'il me reste, bien sûr qu'on va l'of‐ frir, explique le directeur.

Le défi du recrutemen­t

Le CIUSSS MCQ est en constant recrutemen­t pour des familles d’accueil pour des enfants de tous les âges.

Si l’inflation pourrait frei‐ ner certaines familles, le di‐ recteur adjoint à l'héberge‐ ment jeunesse, réadaptati­on et délinquanc­e se veut rassu‐ rant.

Ce qu'on donne aux fa‐ milles d'accueil pour prendre soin d'un enfant, c'est ample‐ ment suffisant et ça couvre amplement les dépenses que cet enfant-là aura besoin au cours de son parcours et même plus, assure-t-il. Ma‐ thieu Bédard précise que les montants ne sont pas impo‐ sables.

Quant à David F. Beau‐ chesne, il recommande à tout le monde de plonger.

Ce que ça nous apporte tous les jours, c'est ce qui fait une différence quand je me lève le matin et pourquoi je me couche le soir.

David F. Beauchesne Le directeur Mathieu Bé‐ dard garde espoir que la po‐ pulation se sentira interpe‐ lée. Prendre soin des enfants de la protection de la jeu‐ nesse, ce n'est pas simple‐ ment l'affaire de la DPJ, c'est une histoire de communauté et c'est la communauté qui va être capable de redonner à ces enfants une opportu‐ nité dans la vie.

En attendant, le CIUSSS MCQ multiplie les initiative­s pour améliorer ce qu’il ap‐ pelle son parc d’héberge‐ ment, comme en témoigne l’annonce faite mardi d’un foyer pour adolescent­es à Ni‐ colet ou des appartemen­ts supervisés à Drummondvi­lle.

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