Polémique autour d’une vente de terrains en Israël dans une synagogue du Grand Toronto
La tenue d’un événement jeudi après-midi permet‐ tant à des Torontois de par‐ ler à des experts de l’accès à la propriété en Israël est dénoncée par certains Ca‐ nadiens d’origine palesti‐ nienne ainsi que par des militants.
L'événement, prévu dans une synagogue de Thornhill au nord de Toronto, se concentrera sur l’achat de propriété dans une douzaine de villes en Israël. Certaines des villes, comme Neve Da‐ niel, sont des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie, un territoire oc‐ cupé par Israël.
Le gouvernement cana‐ dien estime que ces colonies en territoire palestinien sont contraires à la quatrième Convention de Genève et qu’elles constituent un obs‐ tacle sérieux à l'instauration d'une paix globale, juste et durable.
Ghada Sasa, dont le grand-père a quitté la Cisjor‐ danie durant la guerre is‐ raélo-arabe de 1948, affirme qu’elle manifestera à la syna‐ gogue où a lieu l’événement jeudi.
Lorsque j’ai entendu par‐ ler de ces événements, j’ai craqué et j’ai commencé à pleurer puisque ce qui arrive est incroyable et horrible. Ils tentent de voler le territoire palestinien sous nos yeux, a déclaré Mme Sasa lors d’une manifestation contre un autre événement du genre à Thornhill, dimanche.
Lors de cet événement, organisé par une filiale de l’agence immobilière Keller Williams, les manifestants ont été rencontrés par des contre-manifestants pro-is‐ raéliens. L’entreprise a pré‐ cisé qu’elle ne vendait pas des maisons en Cisjordanie.
Ghada Sasa a dit qu’elle a tenté de s’inscrire à l’événe‐ ment de dimanche, mais qu’elle a vu sa demande être refusée. Même si je tentais d’entrer et de racheter des terres, je ne pourrais pas, af‐ firme-t-elle.
Le groupe Jews Say No to Genocide [Les juifs qui disent non au génocide, traduction libre] s’oppose lui aussi à la tenue de l'événement d'au‐ jourd'hui. Lorsqu’une syna‐ gogue accepte de se trans‐ former en salle d’exposition immobilière, elle perd ses exemptions religieuses, dé‐ clare l’organisme.
Plus d’intérêt pour ces maisons
L’agente immobilière Na‐ talia Birnbaum, qui répondait aux questions des acheteurs potentiels lors de l’événe‐ ment de dimanche, explique que l’organisation de ces évé‐ nements est plus fréquente depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Le maintien d’un lien fort avec le territoire d’Israël est l’une de nos croyances reli‐ gieuses fondamentales, ditelle.
Selon Mme Birnbaum, une centaine de personnes ont participé à l’événement de dimanche et plusieurs d’entre eux ont fait part de leur intérêt pour un déména‐ gement en Israël, pour fuir la hausse de l’antisémitisme au Canada.
En 2023, le nombre de cas de crimes haineux à Toronto a augmenté de 42 % par rap‐ port à 2022. Le conflit entre le Hamas et Israël engendre des manifestations pério‐ diques à Toronto; en janvier, la police a précisé avoir ré‐ pondu à 308 mobilisations depuis le 7 octobre.
En mars 2023, le Directeur de la Division des opérations sur le terrain et de la coopé‐ ration technique du HautCommissariat aux droits de l’homme a indiqué que la po‐ pulation de colons israéliens en Cisjordanie est passée de 520 000 à plus de 700 000 entre 2012 et 2022.
Il y a trois mois, le Canada a condamné « fermement » la violence de colons extré‐ mistes envers les Palesti‐ niens en Cisjordanie. Le pays est également très préoc‐ cupé par les informations se‐ lon lesquelles des collectivi‐ tés palestiniennes sont ex‐ pulsées de force de leurs terres en Cisjordanie, a écrit Affaires mondiales Canada.
Reem Chahrour, une Ca‐ nado-Palestinienne, partici‐ pera aussi à la manifestation de jeudi. Elle affirme que ce type d’événement a lieu au pays depuis des décennies, mais qu’il est particulière‐ ment horrible d’en organiser un durant la guerre HamasIsraël.