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Garderies : Québec pressé de favoriser le réseau des CPE

- David Rémillard Projet-pilote

Au nom de la qualité des services éducatifs offerts aux tout-petits, l'Associa‐ tion québécoise des centres de la petite en‐ fance (AQCPE) demande au gouverneme­nt Legault de s'engager à convertir « au minimum » 5000 places dans des garderies non subvention­nées vers le ré‐ seau des CPE dans son pro‐ chain appel de projets.

Dans un document dé‐ posé lors des consultati­ons prébudgéta­ires et consulté par Radio-Canada, cette as‐ sociation estime à 402 mil‐ lions de dollars le coût de conversion de 5000 places non subvention­nées en CPE d'ici 2029. De ce montant, le trésor public devrait injecter quelque 54,8 millions de dol‐ lars pour l'acquisitio­n de bâti‐ ments.

Contrairem­ent aux garde‐ ries privées, même subven‐ tionnées, les CPE sont des or‐ ganisation­s à but non lucratif et Québec doit, dans la majo‐ rité des cas, devenir proprié‐ taire des bâtisses qui abritent les services éducatifs.

Même s'il est de facto plus cher de convertir en CPE que de miser sur des conversion­s en garderies privées subven‐ tionnées, l'investisse­ment en vaut la chandelle, selon l'As‐ sociation. Ce n'est pas cher payé pour 5000 places de qualité, affirme Marie-Claude Lemieux, directrice générale des affaires publiques et gouverneme­ntales à l'AQCPE.

Elle rappelle que, selon les plus récentes données du mi‐ nistère de la Famille (MFA), 89 % des CPE atteignaie­nt tous les seuils de qualité fixés par Québec depuis 2019, comparativ­ement à 64 % et à 53 % pour les garde‐ ries subvention­nées et les garderies non subvention‐ nées, respective­ment.

De plus, la gouvernanc­e d'un CPE, ajoute-t-elle, per‐ met davantage de stabilité. Sans propriétai­re privé, la tentation de liquider l'im‐ meuble et ses actifs devient moins forte, selon l'Associa‐ tion, ce qui assure la péren‐ nité d'un milieu de garde dans sa communauté.

Ce n'est pas beaucoup quand on considère que les CPE qui sont propriétai­res de leurs immeubles ne peuvent pas vendre du jour au lende‐ main.

Marie-Claude Lemieux, di‐ rectrice générale, affaires pu‐ bliques et gouverneme­n‐ tales, AQCPE

L'AQCPE espère voir, dans le budget qui sera déposé le 12 mars prochain, les traces d'un investisse­ment pour fa‐ voriser les conversion­s en CPE.

Il tombe sous le sens qu’un investisse­ment d’un minimum de places équivaut à ce qui a déjà été octroyé et réalisé aux garderies privées subvention­nées avant de poursuivre la conversion dans le modèle privé. Nous proposons de convertir un minimum de 5000 places GNS en CPE, peut-on lire dans le document de l'Asso‐ ciation transmis au gouver‐ nement.

À la question de savoir si les coûts d'acquisitio­n des bâtiments sont réalistes dans le marché actuel, Mme Le‐ mieux rétorque que l'organi‐ sation s'est basée sur le Plan des infrastruc­tures du minis‐ tère. Notre approche est réa‐ liste avec ce qui sort, autant des appels d'offres que les enveloppes exceptionn­elles du ministère.

Dans son Grand Chantier pour les familles, le gouver‐ nement Legault vise la conversion de quelque 56 500 des 65 000 places exis‐ tantes dans le réseau non subvention­né, et ce, d'ici 2027.

Les places non subven‐ tionnées, dont les coûts jour‐ naliers oscillent parfois entre 40 et 70 $ par jour par en‐ fant, sont ainsi transférée­s vers le réseau au tarif univer‐ sel de 9,10 $ par jour par en‐ fant, ce qui facilite l'accès à tous les parents de manière équitable.

Jusqu'ici, Québec a large‐ ment favorisé les conver‐ sions en garderies subven‐ tionnées. Des 8850 places converties depuis 2021 ou en voie de l'être, à peine 250 sont réservées aux CPE en vertu d'un projet-pilote lancé l'automne dernier.

Les places converties en CPE dans le cadre du projetpilo­te seront d'ailleurs an‐ noncées jeudi par la ministre de la Famille, Suzanne Roy.

Toujours selon des don‐ nées du MFA, une trentaine de projets représenta­nt 1776 places en garderies non sub‐ ventionnée­s ont été achemi‐ nés au gouverneme­nt dans l'espoir de les convertir en centres de la petite enfance. C'est donc dire qu'à peine 11 % de la demande sera hono‐ rée dans ce projet-pilote.

Selon l'AQCPE, cette de‐ mande est probableme­nt sous-estimée, d'où l'intérêt d'ouvrir un appel de projets d'au minimum 5000 places à convertir en CPE.

Un sondage mené en 2022 par le ministère de la Famille auprès de 51 proprié‐ taires de garderies non sub‐ ventionnée­s, qui ont parti‐ cipé à un projet de conver‐ sion, a démontré que près du tiers des détenteurs de per‐ mis auraient préféré que leurs installati­ons soient converties en CPE plutôt qu'en garderies subvention‐ nées s'ils avaient eu le choix.

La ministre de la Famille, Suzanne Roy, ne croit pas que son ministère ait sousestimé la demande. C’est jus‐ tement en réalisant des son‐ dages fréquemmen­t et en [lançant] des projets-pilotes que nous pourrons dégager un portrait clair de la de‐ mande, a réagi son cabinet.

Quant au nombre de pro‐ jets acheminés à son minis‐ tère dans le cadre du projetpilo­te de conversion en CPE, la ministre en prend acte.

Le gouverneme­nt ne s'est pas encore avancé sur un éventuel appel de projets élargi.

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