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Il est trop tôt pour envisager une baisse du taux directeur, dit la Banque du Canada

- Stéphane Bordeleau

Comme elle le fait depuis septembre 2023, la Banque du Canada a laissé son taux directeur inchangé à 5 %, mercredi matin.

Malgré des signes de ra‐ lentisseme­nt de la croissance de l’économie américaine et européenne au quatrième trimestre et un taux d’infla‐ tion qui est passé sous la barre des 3 % en janvier der‐ nier au pays, la banque cen‐ trale demeure prudente avant de s’engager dans une baisse de son taux directeur.

Un taux de 5 % reste ap‐ proprié. Il est encore trop tôt pour envisager une baisse du taux directeur.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Alors qu'aux États-Unis la croissance du PIB ralentit sous l'effet des interventi­ons de la Réserve fédérale, elle demeure étonnammen­t ro‐ buste et généralisé­e, portée par une forte contributi­on de la consommati­on et des ex‐ portations, souligne la Banque centrale.

Au Canada, le ralentisse‐ ment n’est pas aussi rapide que prévu non plus. L’expan‐ sion de l’économie au qua‐ trième trimestre a été supé‐ rieure aux attentes, mais son rythme est demeuré faible et en dessous de son potentiel, note la Banque du Canada.

Selon des données ré‐ centes, la politique moné‐ taire fonctionne comme prévu. Mais on s'attend à ce que la progressio­n de l'infla‐ tion soit graduelle et inégale. Et il y a encore des risques d'une hausse. Le conseil veut voir l'inflation fondamenta­le continuer à baisser de façon durable, a prévenu le gouver‐ neur de la Banque du Ca‐ nada, Tiff Macklem, en confé‐ rence de presse.

Le PIB réel a augmenté de 1 %, après un recul de 0,5 % au troisième trimestre. La consommati­on s’est accrue de seulement 1 %, et la de‐ mande intérieure finale s’est contractée sous l’effet d’une importante baisse des inves‐ tissements des entreprise­s, constatent les gouverneur­s de la Banque du Canada. Mais une forte hausse des exportatio­ns a continué de stimuler la croissance écono‐ mique ces derniers mois.

Les taux d’intérêt plus éle‐ vés ont limité la demande et allégé les pressions sur les prix, mais l’inflation est en‐ core près de 3 % et des pres‐ sions sous-jacentes per‐ sistent.

Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

La plupart des écono‐ mistes s'attendaien­t à ce que la banque centrale laisse son taux inchangé.

À 5 %, la politique de la Banque du Canada demeure suffisamme­nt restrictiv­e pour atteindre une inflation soutenue de 2 %. Il est trop tôt pour envisager des réduc‐ tions, croit Phil Mesman, ges‐ tionnaire de portefeuil­le et responsabl­e des obligation­s chez Picton Mahoney Asset Management.

Pour M. Mesman, la crois‐ sance plus élevée que prévu au quatrième trimestre, les prix toujours très élevés du logement et les pressions in‐ flationnis­tes sous-jacentes qui maintienne­nt l'inflation fondamenta­le entre 3 % et 3,5 % sont des indices qui in‐ citent à la prudence.

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Lors de sa première an‐ nonce de 2024, en janvier, la banque centrale avait an‐ noncé qu'elle avait com‐ mencé à discuter d'une baisse du taux directeur. Les discussion­s ne portent plus sur la question de savoir si le taux directeur est suffisam‐ ment élevé, mais plutôt sur la durée nécessaire pour le maintenir à ce niveau, avait expliqué le gouverneur Tiff Macklem.

Désirant ramener l'infla‐ tion annuelle à une cible an‐ nuelle de 2 %, la Banque du Canada a augmenté à 10 re‐ prises son taux directeur de janvier 2022 à juillet 2023. Le taux est demeuré à 5 % de‐ puis. Or, ces mesures semblent porter leurs fruits. En janvier, le taux d'inflation sur une base annuelle était de 2,9 %, alors qu'il était de 8,1 % en juin 2022.

Et le ralentisse­ment de‐ vrait se poursuivre, selon le dernier rapport du directeur parlementa­ire du budget, dé‐ posé cette semaine à Ottawa, qui prévoit que l'inflation de‐ vrait revenir dans le giron des 2% au cours de l'année.

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