Et si le gouvernement Legault osait la transparence?
Les tergiversations sur Northvolt et le BAPE évité soulèvent de sérieuses questions sur la transpa‐ rence du gouvernement Le‐ gault. Et la résistance du ministre des Finances Éric Girard à la création d’un poste de directeur parle‐ mentaire du budget ne donne pas l’impression non plus que ce gouvernement cherche à éclairer les en‐ jeux et à fournir plus de ré‐ ponses aux citoyens.
Pourtant, le premier mi‐ nistre François Legault, qui aime comparer le Québec à l’Ontario, pourrait s’inspirer de nos voisins qui ont mis en place le Bureau de la respon‐ sabilité financière de l’Onta‐ rio en 2013. Ça fait déjà plus d’une décennie. Il pourrait aussi calquer le modèle fédé‐ ral alors qu’un directeur par‐ lementaire du budget est en poste à Ottawa depuis 2006.
C’est le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui a eu le courage à l’époque de créer un poste de directeur parlementaire du budget, décision qui a été prise rapidement dès le dé‐ but de son premier mandat et dont les bénéfices sont in‐ déniables. Je dis que c’est une décision courageuse parce que le premier mi‐ nistre Harper a eu maille à partir avec Kevin Page, qui a été le premier directeur par‐ lementaire du budget et qui n’a cessé de talonner le gou‐ vernement sur ses évalua‐ tions financières.
Le directeur parlemen‐ taire du budget est un outil qui favorise la transparence, qui éclaire les enjeux, qui ali‐ mente le débat démocra‐ tique et qui nous permet de mieux comprendre les choix du gouvernement fédéral. Qu’attend donc le gouverne‐ ment Legault à Québec pour agir?
Un outil utile pour l’op‐ position et la société civile
Allez faire un petit tour sur le site du directeur parle‐ mentaire du budget et vous trouverez ces jours-ci une analyse des coûts associés à la hausse du nombre de tra‐ vailleurs dans la fonction pu‐ blique, un rapport qui fait le point sur les perspectives économiques et financières du Canada, une autre étude sur les dépenses prévues pour la Défense et une esti‐ mation d’une mesure qui viendrait élargir l’exemption de la taxe carbone sur le gaz naturel.
Vous y trouvez des rap‐ ports, des notes, des ana‐ lyses et des outils qui sont faits, de façon régulière et systématique, sur les prévi‐ sions budgétaires du gouver‐ nement. Et vous y trouvez aussi des évaluations réali‐ sées à la demande des partis politiques, essentiellement les formations d’opposition, sur différentes mesures qui sont proposées au Parle‐ ment.
Le directeur parlemen‐ taire du budget doit aussi évaluer l’ensemble des coûts des mesures qui sont propo‐ sées durant les campagnes électorales par les partis poli‐ tiques.
Pourquoi les parlemen‐ taires et les citoyens québé‐ cois n’ont-ils pas droit aux mêmes services, à la même information, à la même pro‐ fondeur d’analyse? Ne seraitil pas intéressant à Québec de mesurer le coût de la hausse du nombre de fonc‐ tionnaires, de faire le point sur les perspectives écono‐ miques, financières et budgé‐ taires du gouvernement du Québec, d’estimer les coûts des différents projets, des Es‐ paces bleus aux investisse‐ ments faits dans le Panier bleu, de faire l’étude de l’im‐ pact financier du marché du carbone ou de tout autre projet?
Pourrait-on avoir une éva‐ luation indépendante de l’ar‐ gent public investi dans le projet de Northvolt en Mon‐ térégie? N’aurait-il pas été très utile d’avoir des évalua‐ tions régulières et indépen‐ dantes sur l’estimation du projet de 3e lien à Québec, sur le tramway, le REM de l’Est, le REM de l’Ouest?
Par souci de transpa‐ rence, par désir d’informer la population et d’aider les par‐ lementaires à prendre de meilleures décisions, le Qué‐ bec n’est-il pas rendu à se donner l’outil démocratique que représente un directeur parlementaire du budget?
En faveur d’un suivi continu des dépenses pu‐ bliques
Dans une entrevue ré‐ cente à Zone économie, l’exministre des Finances Carlos Leitao a lancé un appel en fa‐ veur de la création d’un poste de directeur parlementaire du budget à Québec, chose avec laquelle il n’était pas d’accord lorsqu’il était au pouvoir de 2014 à 2018 avant de se retrouver dans l’opposition jusqu’en 2022.
Je n’étais pas très chaud à l’idée, je vous l’avoue. Ce qui m’a vraiment fait changer d’avis, ce sont les quatre an‐ nées que j’ai passées dans l’opposition. Là, on se rend compte vraiment que les op‐ positions, les partis poli‐ tiques et la société civile n’ont pas vraiment les ressources nécessaires pour faire un suivi continu des dépenses publiques et des revenus.
Le rôle d’un directeur par‐ lementaire du budget, selon Carlos Leitao, serait de regar‐ der les finances publiques du Québec d’une façon conti‐ nue, de suivre de très près l’évolution des revenus et des dépenses. Et c’est surtout du côté des dépenses que ce se‐ rait particulièrement utile d’avoir un organisme indé‐ pendant comme le directeur parlementaire du budget qui ferait un suivi très, très serré, en plus, surtout, de bien éva‐ luer les coûts des grands pro‐ jets.
Plusieurs experts font un bon travail pour évaluer dif‐ férentes politiques pu‐ bliques, mais un directeur du budget doit se rapporter au Parlement et doit faire un suivi régulier des dépenses et des revenus. Son apport se‐ rait très utile pour le Québec, selon Carlos Leitao.
Nous avons eu plusieurs conversations à propos de la fameuse austérité, m’a lancé Carlos Leitao durant l’entre‐ vue, en faisant référence aux années de compressions budgétaires lorsqu’il était aux Finances. Plusieurs experts ont reproché au gouverne‐ ment Couillard de mener une politique d’austérité, critique qu’a toujours rejetée Carlos Leitao.
Si à ce moment-là, en 2015-2016, il y avait eu un di‐ recteur parlementaire du budget, il aurait pu éclairer un peu tout le monde et éta‐ blir des définitions, nous a-t-il dit.
Un outil précieux
En 2022, l’équipe libérale a publié un cadre financier du‐ rant la campagne électorale qui comportait, au final, des erreurs de calcul. Voilà l’exemple parfait [de l’utilité] d’un tel organisme, admet Carlos Leitao. [...] Nous, on n’avait pas ça. On avait très peu de ressources. Si on avait eu accès à un tel orga‐ nisme, je pense que je me se‐ rais épargné beaucoup de maux de tête.
L’un des anciens direc‐ teurs parlementaires à Ot‐ tawa, Jean-Denis Fréchette, est d’avis, de son côté, qu’on pourrait aussi demander à une personne occupant cette fonction à Québec de faire des évaluations financières et économiques sur les change‐ ments climatiques. Encore là, le Québec gagnerait à mieux comprendre les effets réels des politiques publiques sur le climat.
Québec répond que nous n’avons pas besoin d’un di‐ recteur parlementaire du budget puisque nous avons déjà la vérificatrice générale du Québec. Son rôle est ce‐ pendant différent. Comme c’est indiqué sur son site web, la vérificatrice générale doit veiller « à la saine ges‐ tion des ressources ainsi qu’au contrôle parlementaire, au bénéfice de la population québécoise ». Le travail du di‐ recteur parlementaire du budget a pour objectif d’éclai‐ rer le débat avec des ana‐ lyses économiques et finan‐ cières précises.
Éclairer, informer, susciter le débat démocratique, voilà ce que pourrait apporter un directeur parlementaire du budget. Le gouvernement Le‐ gault aura-t-il ce courage po‐ litique?
Un exemple utilisé par les chercheuses : l’épilepsie. Presque tous les médica‐ ments antiépileptiques peuvent provoquer des mu‐ tations chez le foetus, sou‐ ligne Anick Bérard.
Pourtant, indique-t-elle, les données qu’on a jusqu'à maintenant démontrent que l'épilepsie doit absolument être traitée durant la gros‐ sesse parce que les crises sont plus délétères que le médicament. [...] L'option n'est pas de traiter ou de ne pas traiter. Quoiqu’il y a des femmes enceintes épilep‐ tiques qui ne prennent aucun médicament. On le voit. Mais l'option devrait être : quel médicament utiliser, quel médicament est le moins pire?
Des données brutes déjà colligées
Afin de bonifier les connaissances sur lesquelles baser ces décisions délicates, Anick Bérard et son équipe mènent des études dites ob‐ servationnelles.
Dans de grandes banques de données, comme celle de la Régie de l’assurance mala‐ die du Québec ou des dos‐ siers hospitaliers, les cher‐ cheurs retracent des femmes enceintes qui ont été expo‐ sées à divers produits phar‐ maceutiques pour en cerner les effets encore méconnus.
Ce sont par exemple des femmes qui prennent un mé‐ dicament pour traiter un asthme, une dépression ou encore une épilepsie, et là, tout d'un coup, à cinq ou six semaines d'âge gestationnel, elles se rendent compte qu'elles sont enceintes, illustre Mme Bérard. C'est ce qu'on appelle une exposition par inadvertance. Elles n’ont pas voulu prendre le médica‐ ment durant la grossesse, mais elles l'ont pris.
Les résultats de ces tra‐ vaux mettent en lumière des risques accrus de malforma‐ tions ou de complications de grossesse associées à cer‐ tains médicaments, comme des antidépresseurs ou des antifongiques, alors que dans d’autres cas, pour certains antibiotiques, par exemple, les données sont, au contraire, plutôt rassurantes.
En plus d’informer les soi‐ gnants et leurs patientes, ces données alimentent le guide Grossesse et allaitement, dont Ema Ferreira prépare la troisième édition. Co-écrite avec ses collègues pharma‐ ciennes Caroline Morin et Brigitte Martin, cette « bible » de 1000 pages est LA réfé‐ rence du Centre IMAGe du CHU Sainte-Justine.
Brigitte Martin est la res‐ ponsable de ce service télé‐ phonique qui répond depuis plus de 25 ans aux interroga‐ tions des professionnels de la santé à propos des traite‐ ments à proposer à leurs pa‐ tientes enceintes ou allai‐ tantes.
On reçoit environ 5000 demandes par année, précise Mme Martin, qui constate qu’au fil du temps, les ques‐ tions des soignants sont de‐ venues plus pointues, sans doute parce que les informa‐ tions sur les médicaments et la grossesse, quoique man‐ quantes, ont explosé depuis 15 ans. Avant, notre travail, c’était d’aller rechercher de l’information qui était difficile à trouver, maintenant, c’est plutôt de prendre cette infor‐ mation et d’en faire une syn‐ thèse cohérente.
Néanmoins, si les infor‐ mations s’accumulent pour certains médicaments, de nouvelles approches théra‐ peutiques suscitent constam‐ ment de nouveaux question‐ nements pour les soignants, observe-t-elle, citant notam‐ ment les traitements contre le TDA ou ceux contre l’obé‐ sité.
Raison de plus pour conti‐ nuer à réclamer plus d’études chez les femmes en‐ ceintes, notamment auprès des entreprises pharmaceu‐ tiques. C’est le mantra des gens dans le domaine : pro‐ téger les femmes enceintes
PAR la recherche et non pas DE la recherche, dit Brigitte Martin.
À ce sujet, Anick Bérard se veut optimiste. Les compa‐ gnies pharmaceutiques voient bien que leurs médi‐ caments sont utilisés chez la femme enceinte. Alors, de plus en plus, elles veulent participer à la recherche [...] Ça va prendre du temps, mais je pense que c'est en changement.
Un reportage de Gaëlle Lussiaà-Berdou et Hélène Morin à ce sujet sera pré‐ senté à l'émission Décou‐ verte dimanche à 18 h 30 sur ICI Télé. À lire et à écouter :
Thalidomide, un médica‐ ment à l’effet dévastateur AUDIO - Grossesse : les médi‐ caments et produits à éviter AUDIO - Quoi mettre dans son assiette pendant la gros‐ sesse?
"empoisonnent le sang de notre pays", a-t-il dit en réfé‐ rence à de récents propos de Donald Trump. Nous pou‐ vons nous disputer au sujet de la frontière ou bien régler le problème, a-t-il lancé.
Quelques heures avant le discours sur l'état de l'Union, la majorité républicaine de la Chambre des représentants a adopté une proposition de loi qui prévoit l'arrestation de tout immigré reconnu cou‐ pable de vol ou de cambrio‐ lage.
Ce texte a été baptisé le Laken Riley Act, du nom d'une étudiante tuée en fé‐ vrier par un immigré véné‐ zuélien en situation irrégu‐ lière, selon la police, et qui est devenue pour les conser‐ vateurs un symbole de la cri‐ minalité imputée à des mi‐ grants, dont ils font porter la responsabilité à Joe Biden.
À ses parents, je dis : je suis de tout coeur avec vous, ayant moi-même perdu des enfants. Je comprends, a dé‐ claré Joe Biden à la tribune, en montrant un badge en l'honneur de l'étudiante.
Son prédécesseur et can‐ didat à la présidentielle de novembre, Donald Trump, ne cesse de l'accuser d'avoir transformé la frontière sud des États-Unis en passoire.
L'épineuse question de l'immigration
Une loi sur l'immigration, négociée durant des mois par des membres des deux partis, a finalement été reje‐ tée par les républicains au Congrès, à la demande de l'ancien président.
Joe Biden ne nie pas que les États-Unis sont confron‐ tés à des arrivées record de migrants. Un niveau record de 302 000 interceptions a été atteint en décembre, re‐ tombé en janvier à 176 000, selon des statistiques offi‐ cielles.
La police des frontières faisait état en fin d'année de quelque 10 000 passages chaque jour, soit un rythme encore plus soutenu que les mois précédents.
Elle a dénombré pour l'exercice budgétaire 2023 (d'octobre 2022 à septembre 2023) plus de 2,4 millions d'interceptions de migrants par voie terrestre, encore en augmentation par rapport aux années antérieures.
Droit de choisir
Le président a aussi fus‐ tigé l'annulation de la garan‐ tie fédérale à l'avortement, l'un des grands thèmes de la campagne, promettant de ré‐ tablir cette protection si les Américains élisent un Congrès favorable au droit de choisir.
Clairement, ceux qui se vantent d'avoir [annulé la protection fédérale du droit à l'avortement par la Cour su‐ prême] n'ont aucune idée du pouvoir des femmes en Amé‐ rique.
Joe Biden
Mais ils s'en sont rendu compte lorsque la liberté de disposer de son corps a été en jeu dans les urnes et l'a emporté en 2022 et 2023, et ils s'en rendront de nouveau compte en 2024, a ajouté ce catholique qui se veut le dé‐ fenseur du droit à l'IVG.
Sur la forme, Joe Biden s'est montré combatif, au moment où ne cessent de monter les inquiétudes et cri‐ tiques sur son âge.
Cessez-le-feu immédiat
Concernant la guerre à Gaza, le président américain a évoqué, plus longuement qu'il ne l'avait jamais fait jus‐ qu'ici, les souffrances des ci‐ vils palestiniens.
Il a aussi annoncé devant le Congrès qu'il avait or‐ donné à l'armée américaine d'établir un port temporaire à Gaza permettant une aug‐ mentation massive de la quantité d'aide livrée chaque jour dans le territoire palesti‐ nien assiégé.
L'aide ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d'échange, a-t-il souligné.
Il a également dit vouloir un cessez-le-feu immédiat de six semaines.
Je travaille d'arrache-pied pour parvenir à un cessez-lefeu immédiat d'au moins six semaines, a déclaré Joe Bi‐ den, alors que la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien vient d'entrer dans son 6e mois.
Une heure à peine avant le discours du président, des manifestants munis de dra‐ peaux palestiniens se sont rassemblés près de la Mai‐ son-Blanche tandis que d'autres ont bloqué une ave‐ nue menant au Capitole.
Le convoi de Joe Biden a pris un itinéraire qui a évité les groupes de protesta‐ taires.