Des crabiers à T.-N.-L. veulent plus d’acheteurs pour leurs prises
Des crabiers terre-neu‐ viens, inquiets de la conso‐ lidation des usines de transformation et du manque de concurrence dans le domaine des pêches, remplissent les tri‐ bunes de la Chambre d’as‐ semblée depuis le début de la session parlementaire.
Si le syndicat, le FFAWUnifor, tente de négocier avec l’association commer‐ ciale représentant les trans‐ formateurs afin d'obtenir une meilleure formule pour éta‐ blir le prix des prises, les cra‐ biers soutiennent qu’il faut aussi augmenter le nombre de transformateurs sur l’île et changer la loi qui interdit ac‐ tuellement la vente des prises aux usines à l’extérieur de l’île.
On assiste à la création d’un cartel et on perd le contrôle de nos propres en‐ treprises, lance le pêcheur John Efford, qui a été expulsé de la Chambre d’assemblée, mercredi, pour avoir inter‐ rompu le ministre des Pêches pendant la période des questions. Ce qu’on veut est très simple, il faut aug‐ menter le nombre d’ache‐ teurs et on veut davantage de concurrence.
Selon le résident de Port de Grave, une communauté dans le nord-ouest de la pé‐ ninsule d’Avalon où l’écono‐ mie dépend grandement du crabe, le système actuel favo‐ rise les transformateurs. Il soutient que s’il y avait plus d’usines et plus d’acheteurs, il y aurait plus d’options pour les crabiers et plus de concurrence entre les trans‐ formateurs, qui offriraient de meilleurs prix en consé‐ quence.
Il ne doit pas y avoir une usine à chaque coin de rue, mais si quelqu’un veut établir une usine, il devrait pouvoir le faire, lance-t-il. Il ajoute aussi que plusieurs pêcheurs ont dû signer des contrats avec des transformateurs afin de payer leurs permis et leur bateau. En échange, ces transformateurs sont les seuls qui peuvent acheter leurs prises.
Dans un rapport en dé‐ cembre dernier, le Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes a recommandé qu’Ottawa établisse dans un délai de cinq ans un orga‐ nisme indépendant de finan‐ cement de la pêche, sem‐ blable à Crédit agricole Ca‐ nada.
Cet organisme prêterait de l’argent aux nouvelles en‐ treprises de pêche afin de leur permettre d’acquérir des permis et des quotas et de ne plus dépendre de fiducies illégales et des ententes d’ap‐ provisionnement conclues avec des transformateurs.
Éviter une autre im‐ passe
Le ministre provincial des Pêches, Elvis Loveless, est à Boston, avec le premier mi‐ nistre, Andrew Furey, pour l'exposition de l'industrie des pêches Seafood Expo North America. Il n’a pas participé à la période des questions jeudi.
La vice-première ministre, Siobhan Coady, n’a pas com‐ menté directement les in‐ quiétudes des crabiers, dont
John Efford, mais affirme que le gouvernement libéral fait tout son possible pour s’as‐ surer que les pêcheurs et les transformateurs s’entendent sur un prix pour la saison à venir.
John Effford estime qu’il faut éviter que l’histoire se répète et que le début de la saison de crabe soit reporté comme elle l’a été, le prin‐ temps dernier.
Nous manifestons main‐ tenant pour éviter de le faire en avril, affirme John Efford.
Après l’année record de 2022, la valeur du crabe sur le marché s’est effondrée et les crabiers ont refusé de prendre la mer pour le prix offert par les transforma‐ teurs. La pêche au crabe, de loin la plus lucrative de TerreNeuve, a été paralysée pen‐ dant environ six semaines l'an dernier, avant que le front commun des crabiers ne s'effrite.
Un arbitre a décidé, le mois dernier, que le FFAWUnifor avait encouragé ses membres à ne pas prendre la mer et à participer à une grève illégale. L’ex-juge de la Cour suprême de TerreNeuve-et-Labrador, David Orsborn, a tranché que le syndicat doit dédommager les transformateurs pour les répercussions financières du report de la saison.