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Le retour du visa obligatoir­e pour certains Mexicains sème l’inquiétude dans l’Est

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Le retour du visa obliga‐ toire pour certains voya‐ geurs en provenance du Mexique, annoncé la se‐ maine dernière par Ot‐ tawa, pourrait compro‐ mettre la venue de nom‐ breux travailleu­rs tempo‐ raires dans l’Est-du-Qué‐ bec. C’est du moins ce que craignent les transforma‐ teurs de produits de la mer, qui comptent sur cette main-d’oeuvre à très court terme.

Cette décision du gouver‐ nement fédéral met fin à sept années de libre circula‐ tion pour les Mexicains qui souhaitent entrer au pays.

Le directeur de l'Associa‐ tion québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), Jean-Paul Gagné, indique que cette si‐ tuation inquiète certains transforma­teurs de fruits de mer et de poissons puisque la grande majorité des tra‐ vailleurs étrangers qui ont oeuvré pour eux l’an dernier provenaien­t du Mexique.

Les Mexicains touchés par l’imposition d’un visa :

Ceux qui ne sont jamais venus au Canada ou aux États-Unis depuis 10 ans

Ceux qui sont arrivés au Canada avec une Autorisa‐ tion de voyage électroniq­ue (AVE) depuis 2016

Les Mexicains exemptés

M. Gagné déplore d’ailleurs que la décision ait été annoncée le 29 février par Ottawa, à quelques se‐ maines seulement du début de la pêche au crabe des neiges. La saison commen‐ cera le 24 mars dans la zone 17.

L’ouverture de la saison pourrait se faire rapidement dans les autres zones. Il n’y a pas de glace cette année, fait observer M. Gagné, qui es‐ time que le temps presse.

Beaucoup de gens se de‐ mandent s’ils vont avoir [des travailleu­rs] mexicains pour l’ouverture de la pêche.

Jean-Paul Gagné, direc‐ teur général de l'Associatio­n québécoise de l’industrie de la pêche

Les travailleu­rs étrangers forment environ 25 % des ressources humaines à l’usine E. Gagnon et Fils de Sainte-Thérèse-de-Gaspé et des Pêcheries Marinard de Rivière-au-Renard. Il y a des usines pour qui c’est l’in‐ verse, [qui ont de] 70 à 75 % de travailleu­rs étrangers, nuance le vice-président de ces deux usines, Bill Shee‐ han.

Ça donne un signal qu’il y a des usines qui ne seront pas en mesure, probable‐ ment, d’ouvrir au début de la saison [du crabe des neiges].

Course contre la montre

Bill Sheehan martèle d’ailleurs que les activités des crabiers sont chaque année une course contre la montre : on veut maximiser les cap‐ tures avant l’apparition de la baleine noire, une espèce menacée dont la présence peut mener à des fermetures de zones de pêche.

Les embûches appréhen‐ dées pour l’arrivée des tra‐ vailleurs étrangers pour‐ raient donc contribuer à faire perdre un temps précieux aux acteurs de cette indus‐ trie.

Si le crabe n’est pas trop trop au rendez-vous, ça se peut que le quota ne soit pas capturé ou qu’on pêche dans de moins bonnes conditions, résume M. Sheehan. Les pê‐ cheurs vont être affectés eux aussi, à la limite, si on ne peut plus prendre leurs dé‐ barquement­s, fait quant à lui valoir Jean-Paul Gagné.

Selon les informatio­ns re‐ çues par Bill Sheehan, le temps nécessaire pour que les travailleu­rs mexicains concernés se conforment aux nouvelles exigences d’Ot‐ tawa pourrait être de quatre à huit semaines. Huit se‐ maines, dans le cas du crabe des neiges, ça va être prati‐ quement terminé, lance-t-il.

Les délais, c’est le facteur qui joue le plus contre nous présenteme­nt.

Bill Sheehan, vice-pré‐ sident de l’usine E. Gagnon et Fils et des Pêcheries Mari‐ nard

Bill Sheehan précise par ailleurs que des démarches supplément­aires devront être faites par les travailleu­rs temporaire­s qui désirent ve‐ nir travailler au Québec, alors que ceux-ci étaient aupara‐ vant entièremen­t pris en charge à leur arrivée à Mon‐ tréal. Ils devront également payer les frais relatifs à leur demande de visa avant leur départ.

Le permis de travail, il s’obtenait à l’arrivée à l’aéro‐ port. Mais là, ce n’est plus ça! Il va falloir recommence­r l’exercice, ajoute M. Gagné.

Dérogation refusée

L'AQIP espère pouvoir ob‐ tenir une dérogation pour les travailleu­rs qui viendront au Québec travailler dans les usines de transforma­tion cette année. Le regroupe‐ ment a néanmoins buté sur une fin de non-recevoir mer‐ credi.

Pour Jean-Paul Gagné, il s’agit toutefois de la seule so‐ lution. On n’a pas le choix, c’est trop rapide, déplore-t-il, affirmant avoir le soutien du ministère québécois des Pêches dans ses démarches.

Selon l'AQIP, les entre‐ prises de transforma­tion de l'industrie des pêches au Québec ont embauché 784 travailleu­rs étrangers tempo‐ raires en 2023, dont plus de 500 provenaien­t du Mexique.

Avec les informatio­ns de Pierre Chapdelain­e de Mont‐ vallon et de Véronique Duval

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