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Retour du visa pour les visiteurs mexicains : un casse-tête pour les promoteurs de boxe

- Ismaël Sy

Depuis le 28 février, la plu‐ part des Mexicains ont à nouveau besoin d'un visa pour franchir la frontière canadienne. Cette décision du gouverneme­nt fédéral a eu l'effet d'un uppercut surprise pour des promo‐ teurs de boxe québécois, qui ont rapidement dû s'adapter pour éviter de se retrouver dans les cordes.

Eye of the Tiger Manage‐ ment (EOTTM) organisait un gala jeudi soir, exactement huit jours après l'annonce. Sachant que le processus d'obtention d'un visa dure habituelle­ment entre quatre et six semaines, trois com‐ bats de la carte, qui devaient mettre en vedette des boxeurs du Mexique, se sont retrouvés en péril du jour au lendemain.

Il a fallu se tourner de bord et trouver des adver‐ saires d'autres pays, mais on n'a pas pu sauver les trois combats. Thomas Chabot n'a pas pu boxer malgré son camp d'entraîneme­nt et tous les sacrifices qui viennent avec, déplore le président de l'entreprise, Camille Este‐ phan.

Même son de cloche pour le Groupe Yvon Michel (GYM), qui a complèteme­nt dû re‐ voir ses plans pour son évé‐ nement du 14 mars au Ca‐ sino de Montréal.

Sur un gala de six com‐ bats, on avait cinq boxeurs qui provenaien­t du Mexique, donc ça a été un branle-bas de combat chez nous, confie le président-directeur géné‐ ral Yvon Michel.

À court et à moyen terme, cette nouvelle exigence du fédéral vient brouiller les cartes des promoteurs, puisque ceux-ci vont souvent recruter au sud des ÉtatsUnis lorsque vient le temps de trouver des adversaire­s pour leurs protégés.

C'est leur sport national : 43 % des boxeurs d'Amérique du Nord qui ont un permis de boxe viennent du Mexique et leurs agents sont très bien organisés, explique Yvon Michel.

Le fédéral a entre autres pris cette mesure dans le but de freiner l'afflux record de demandeurs d’asile et de membres de réseaux crimi‐ nels en provenance du Mexique. Des exemptions sont en place, entre autres pour accommoder des tra‐ vailleurs temporaire­s du do‐ maine agricole ou des étu‐ diants mexicains, mais pas pour les sportifs.

Je pense que ça aurait été bien d'inclure les athlètes profession­nels, parce qu'on n'a pas eu de problèmes dans le passé. Les gens qui se sont présentés ici pour des combats, ils sont retour‐ nés chez eux sans aucun pro‐ blème, fait valoir Camille Es‐ tephan.

D'ailleurs, la 30e édition de l'internatio­nal Gymnix, qui se déroule cette semaine à Montréal, a également été af‐ fectée par cette nouvelle me‐ sure. Deux des quatre gym‐ nastes du Mexique qui de‐ vaient y participer avaient be‐ soin d'un visa. L'une d'entre elles a depuis été en mesure de l'obtenir de manière expé‐ ditive, alors que l'autre a dû rater la compétitio­n.

Une facture qui grimpe rapidement

En plus du défi logistique que représente ce retour des visas pour les boxeurs mexi‐ cains, la mesure a également un impact financier non né‐ gligeable pour les promo‐ teurs.

Quand tu vas chercher des boxeurs à la dernière mi‐ nute, c'est plus dispendieu­x. On a réussi à sauver le pro‐ gramme de vendredi pro‐ chain, mais ça a été difficile, souligne M. Michel.

C'est plus cher, plus com‐ pliqué et ça diminue énormé‐ ment notre marge d'erreurs.

Yvon Michel, président-di‐ recteur général du Groupe Yvon Michel

Le timing n'était pas bon pour nous, parce que les billets d'avion étaient ache‐ tés, les contrats étaient si‐ gnés et la stratégie des com‐ battants était mise en place en fonction de leur adver‐ saire, renchérit le président d'EOTTM.

À l'avenir, des plans de contingenc­e devront égale‐ ment être mis en place pour tenir compte du fait qu'il sera difficile d'aller piger au Mexique pour remplacer un athlète à quelques semaines, voire à quelques jours d'un gala.

Nos événements sont sur‐ tout basés autour du combat principal et de la demi-finale. Dans le futur, pour éviter d'avoir des annulation­s, on va être obligé de mettre sous contrat des boxeurs de rem‐ placement au cas où il y au‐ rait une blessure, poursuit Yvon Michel.

La bonne nouvelle, c'est que les visas qui seront obte‐ nus par les boxeurs mexi‐ cains et les membres de leur équipe seront ensuite valides pour une période de 10 ans.

Quand un boxeur donne une donne performanc­e, que ce soit une victoire ou une défaite, on aime ça les rame‐ ner. Même si leur pouvoir de négociatio­n va être supé‐ rieur, dans l'ensemble ça va être plus simple administra­ti‐ vement que de repartir à zéro, relativise le PDG de GYM.

Malgré tout, Camille Este‐ phan considère la possibilit­é d'approcher le gouverne‐ ment canadien au cours des prochains jours afin d'ajouter les athlètes aux catégories de ressortiss­ants mexicains exemptés du processus de demande de visa.

C'est une question impor‐ tante, parce que le Mexique contribue énormément à la boxe profession­nelle. On était dans le jus avec le gala de jeudi, mais on va se mettre sur ce dossier d'immi‐ gration lundi avec notre avo‐ cat, conclut-il.

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