Deux épiceries communautaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean menacées de fermeture
Deux des cinq épiceries communautaires du Sague‐ nay-Lac-Saint-Jean pour‐ raient fermer leurs portes dès le 1er avril, faute de fi‐ nancement. Certains re‐ doutent les conséquences de ces interruptions de ser‐ vices, surtout pour les gens vulnérables.
L'épicerie communautaire La Maisonnée a pignon sur rue à Alma depuis 1996. Elle s'adresse surtout aux gens à faibles revenus, mais tout le monde peut y faire des em‐ plettes ici. En plus des ali‐ ments, elle offre du soutien et de l'accompagnement à ceux qui en ont besoin.
Une épicerie communau‐ taire, c'est bien plus qu'une épicerie. Il y a tout l'aspect social, il y a l'aspect aussi en‐ vironnemental parce qu'on a des produits en vrac, il y a l'aspect local, mais il y a aussi dans le fond tout ce filet so‐ cial qui est là, a présenté Ka‐ rine Ménard, directrice géné‐ rale de la maison des familles La Cigogne et de l’épicerie communautaire La Maison‐ née.
Toutefois, cette épicerie pourrait disparaître dans quelques semaines. Comme c'est un service de la maison des familles et non un orga‐ nisme autonome, son finan‐ cement n'est pas récurrent. Elle survit en soumettant des projets quand il y a des ap‐ pels. Ces projets s'étendent généralement sur trois ans.
Celui qui est en cours se ter‐ mine le 31 mars. L'épicerie n'a pas trouvé de nouvelle source de financement audelà de cette date.
On fait face à des priorités gouvernementales, donc souvent, quand on ne rentre pas dans la priorité, bien malheureusement, le finan‐ cement tombe et c'est là qu'on devient précaire, a continué Karine Ménard.
L'Halte-ternative en dif‐ ficulté
La situation de La Maison‐ née n'est pas unique. À Jon‐ quière, les services de l'Halteternative vont cesser le 31 mars. Là aussi, l'épicerie communautaire est un ser‐ vice chapeauté par un orga‐ nisme. La situation inquiète au Service budgétaire et communautaire de Jon‐ quière. Surtout que les de‐ mandes d'aide alimentaire explosent.
C'est certain que ça al‐ lume de petites cloches, de dire que même les épiceries communautaires ferment. Ça devient de plus en plus diffi‐ cile pour les gens de se nour‐ rir, donc oui, moi ça m'allume une cloche, c'est certain, a illustré Kim Gagnon, experteconseil en finances person‐ nelles au Service budgétaire et communautaire de Jon‐ quière.
Les cinq épiceries com‐ munautaires de la région col‐ laborent pour maintenir leurs services partout sur le territoire régional.
C'est vraiment un réseau qui s'occupe entre autres de négocier certains prix, de s'arrimer ensemble, de faire valoir la valeur des épiceries communautaires, a précisé Annie-Jean Lavoie, agente de développement et des com‐ munications à l’épicerie com‐ munautaire La Recette.
La Recette s'en tire bien
L’épicerie communautaire La Recette, à Chicoutimi, se tire assez bien d'affaires. Sa mission principale, c'est la sé‐ curité alimentaire. Donc, contrairement à la Maison‐ née et à l'Halte-ternative, elle arrive à aller chercher des subventions qui y sont liées.
L'appel par projets, bien ça crée beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail pour des projets qui sont souvent non récurrents, donc ça prend vraiment un financement à la mission, direct, aux épiceries communautaires et j'ose même dire aux organismes communautaires aussi, a en‐ chaîné Annie-Jean Lavoie.
D'ici là, La Maisonnée multiplie ses efforts pour tenter de boucler son budget avant la fin du mois.
On croit en ce qu'on fait. Donc je pense qu’il faut avoir encore cet espoir, mais on n'est pas seul. Il faut que les gens y croient aussi, a conclu Karine Ménard.
D’après un reportage de Mireille Chayer