Des centaines d’agriculteurs inquiets envahissent le centre-ville de Rimouski
Les agriculteurs sont in‐ quiets et ils veulent le faire savoir aux élus et à la po‐ pulation à quelques jours du dépôt du budget provin‐ cial. Quelques centaines d'entre eux du Bas-SaintLaurent et de la Gaspésie ont participé vendredi à un rassemblement à Rimouski à l'initiative de la Fédéra‐ tion de l'Union des produc‐ teurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent.
Le convoi de plusieurs di‐ zaines de tracteurs et re‐ morques a circulé en avantmidi dans les rues de Ri‐ mouski en direction du bu‐ reau de la ministre respon‐ sable des régions du BasSaint-Laurent
et de la Gaspé‐ sie-Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina, puis des bureaux du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ).
François Pigeon, produc‐ teur laitier à Saint-Eugènede-Ladrière et administrateur de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, explique que l'intention n'est pas de bloquer la circulation, mais de la ralentir pour justement que les gens voient l’impact de l’agriculture, que ce n’est pas juste des beaux trac‐ teurs, c’est vos assiettes qu’on remplit tous les jours.
En entrevue à l'émission Info-réveil, l'agriculteur ne cache pas que leur approche s'inspire de la colère agricole en France et en Europe. On ne veut pas faire de tapage aussi grave qu’en Europe, mais on veut quand même avoir un impact visuel. On veut que les autres régions nous suivent, emboîtent le pas, puis fassent un événe‐ ment à chaque semaine.
Délégation gaspésienne
Une délégation de la Fé‐ dération de l'UPA de la Gas‐ pésie-Les Îles a fait le dépla‐ cement à Rimouski pour ma‐ nifester aux côtés des pro‐ ducteurs bas-laurentiens.
On veut se faire voir, in‐ dique le président de la Fédé‐ ration, Sylvain Arbour, en en‐ trevue à l'émission Bon pied, bonne heure!. On va là pour appuyer le Bas-Saint-Laurent, mais dans le fond, on a tous le même combat, on est tous dans la même situation fi‐ nancière, et c’est encore pire dans les régions éloignées.
Ras-le-bol
Les agriculteurs rencon‐ trés dans le rassemblement réclamaient notamment l'aide de Québec pour faire face à l'importante chute de leurs revenus.
L’agriculture, c’est quand même essentiel pour nourrir les gens du Québec. C’est ce qui nous manque au Québec, une vision agricole, puis un plan de développement, croit un manifestant.
Dans le bovin de bouche‐ rie, on est obligés de cumuler deux emplois, de travailler à l’extérieur de la ferme. Quand l’agriculture, c’est rendu simplement une pas‐ sion, que ça ne peut pas être ton gagne-pain, on a des rai‐ sons de manifester, renchérit un autre.
Plusieurs productrices et producteurs présents affir‐ maient craindre pour l'avenir de leur profession.
En ce moment, il y a beau‐ coup d’agriculteurs et de re‐ lève qui ne sont pas capables de vivre de leur ferme, et puis c’est de pire en pire de jour en jour. Plus on avance dans le temps et moins on voit le bout, s'inquiétait une manifestante.
Il faut qu’ils commencent à se mettre en action et qu’ils commencent à mettre sur pied des solutions, parce qu’on n’a plus de temps en ce qui nous concerne, s'alarmait un autre.
[La situation] est plus diffi‐ cile que jamais malgré les ap‐ parences.
François Pigeon, produc‐ teur laitier à Saint-Eugènede-Ladrière
[On veut] exprimer un peu le désarroi de bien des producteurs, explique Fran‐ çois Pigeon. La majorité de nous autres, on a de la mi‐ sère à rejoindre les deux bouts, on croule sous la pa‐ perasse, on croule sous la ré‐ glementation. On a un prix qui n’est pas juste pour nos produits. On veut sensibiliser la population à demander des politiques agricoles à nos gouvernements.
Sylvain Arbour réclame également un meilleur sou‐ tien de l'État.
Dans la crise actuelle des revenus, c’est du jamais vu depuis 1938, ça ne s’est ja‐ mais vu une crise comme ça dans l’agriculture. Habituelle‐ ment, les revenus nets des producteurs sont environ de 10 %. En 2023, on parlait de 4,5 %. Puis pour 2024, les prévisions d’Agriculture Ca‐ nada parlent de 0,44 % [...]. Ce n’est plus tenable, s'in‐ quiète-t-il.
La ministre absente
Les agriculteurs présents auraient voulu rencontrer vendredi la ministre respon‐ sable des régions du BasSaint-Laurent et de la Gaspé‐ sie-Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina, pour lui faire part de leur rasle-bol et de leurs inquié‐ tudes.
En son absence, la prési‐ dente de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux, et le pré‐ sident général de l’UPA, Mar‐ tin Caron, ont indiqué qu'ils allaient rencontrer les dépu‐ tés Mathieu Rivest et Sté‐ phane Sainte-Croix, présents également au rassemble‐ ment.
Dans une déclaration transmise par écrit à RadioCanada, Maïté Blanchette Vé‐ zina affirme que [son] gou‐ vernement est mobilisé pour accompagner [les agricul‐ teurs]. Mon collègue, le mi‐ nistre de l’Agriculture, des Pê‐ cheries et de l’Alimentation, travaille, en collaboration avec les filières, pour amélio‐ rer l’environnement de travail et vous soutenir face aux dé‐ fis actuels. On suit et on va continuer de suivre la situa‐ tion attentivement au cours des prochains mois, pour‐ suit-elle.
Selon la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, une rencontre est prévue avec la ministre le 15 mars.
Avec la collaboration de Gabriel Paré-Asatoory, Édouard Beaudoin, Caroline Cyr et Laurence Gallant