Face à la demande croissante, les sagesfemmes de la N.-É. réclament plus de financement
L’Association des sagesfemmes de la NouvelleÉcosse exhorte le gouver‐ nement Houston à déblo‐ quer un financement pour ses travailleuses. La de‐ mande pour les services est en croissance depuis des années dans la pro‐ vince, et le financement provincial ne suit pas.
Seize postes de sagesfemmes sont actuellement fi‐ nancés par la province. Les équipes sont situées à Hali‐ fax, à Lunenburg et à Antigo‐ nish.
Certaines régions, comme le Cap-Breton, n’ont pas ac‐ cès à leurs services, bien qu’il existe une demande, sou‐ ligne la présidente de l’Asso‐ ciation des sages-femmes de la Nouvelle-Écosse, Jessica Thorpe.
De plus, même dans les régions où les sages-femmes sont présentes, elles ne sont pas assez nombreuses pour satisfaire la demande.
Jessica Thorpe travaille comme sage-femme au Centre de santé IWK d’Halifax et le confirme : la liste d’at‐ tente pour avoir accès aux services est plus longue qu’elle ne l’a jamais été. Même si vous êtes dans un secteur où, théoriquement, vous avez accès aux services d’une sage-femme, cet accès demeure très limité, préciseelle.
Jessica Thorpe relate que son association espérait qu’un financement plus im‐ portant soit accordé à la pro‐ fession des sages-femmes dans le dernier budget pro‐ vincial mais ce ne fut pas le cas.
Nous n’avons rien en‐ tendu laissant envisager un possible élargissement du programme. Ça peut amener les sages-femmes à se sentir frustrées et dévalorisées dans leur travail, qu’elles font d’ailleurs depuis tant d’an‐ nées, dit Jessica Thorpe. On a parfois l’impression que le gouvernement ne reconnaît pas la valeur des services of‐ ferts par les sages-femmes.
La population de la Nou‐ velle-Écosse a augmenté à pas de géant au cours des dernières années, et, selon Jessica Thorpe, cela explique la demande croissante pour des services de sagesfemmes.
Les gens qui emménagent ici sont atterrés d’apprendre qu’ils ne pourront peut-être pas obtenir les services d’une sage-femme aussi facilement que dans d’autres pays, af‐ firme-t-elle.
Une pression accrue
La présidente de l’Associa‐ tion canadienne des sagesfemmes, CJ Blennerhassett, travaille également au Centre de santé IWK d’Halifax.
Partout au pays, soulignet-elle, de plus en plus de fu‐ turs parents désirent avoir recours aux services des sages-femmes.
CJ Blennerhassett croit que cette tendance serait en‐ core plus flagrante en Nou‐ velle-Écosse.
En 2021, les sagesfemmes ont donné naissance à 5 % des enfants de la pro‐ vince. En 2023, les demandes pour leurs services auraient chiffré le 12 % des naissances annuels, mais en raison du manque d’effectif, moins de la moitié des demandes ont été menées à terme.
Un processus a été mis en place afin de prioriser les pa‐ tientes de la liste d’attente qui bénéficierait le plus des soins des sages-femmes.
Ce processus est très diffi‐ cile parce que nous voulons être en mesure de nous oc‐ cuper de tout le monde, se désole CJ Blennerhassett. Nous recevons de plus en plus de réactions du public qui ne comprend pas pour‐ quoi ils ne peuvent pas rece‐ voir les soins qu’ils désirent.
Une sage-femme engagée à temps plein en NouvelleÉcosse est actuellement res‐ ponsable de 30 à 40 accou‐ chements par année, en plus de travailler au sein d’une équipe prête à offrir des ser‐ vices 24/7.
CJ Blennerhassett ajoute que les défis engendrés par les effectifs réduits pèsent lourd sur les sages-femmes, qui doivent faire face à la frustration du public.
C’est très dur d’exercer à temps plein en clinique, ditelle. Nous sommes nom‐ breuses à porter plusieurs autres chapeaux et à être, en quelque sorte, le visage de cette pénurie aux yeux du public
Augmenter les effectifs de 10 %
L’Association des sagesfemmes de la NouvelleÉcosse a lancé la semaine dernière une campagne ré‐ clamant des actions immé‐ diates afin d’augmenter le nombre de sages-femmes dans la province.
Nous souhaitons promou‐ voir un meilleur accès aux services de sage-femme, en insistant sur les impacts posi‐ tifs que nous savons qu’elles génèrent dans le domaine des soins de santé, clame Jes‐ sica Thorpe.
La campagne vise à aug‐ menter de 10 % les effectifs dans la province d’ici 2025. Jessica Thorpe avance que cela équivaut à un investisse‐ ment de moins de 1 % du dernier budget provincial.
Un porte-parole du minis‐ tère de la Santé et du Bienêtre a déclaré que le minis‐ tère travaille en collaboration avec le Centre de santé IWK d’Halifax et Tajikeimɨk, un or‐ ganisme autochtone de santé et de bien-être, afin d’explorer les pistes possibles d’expansion des services.
Le ministère se concentre pour l’instant sur la rétention et le recrutement de sagesfemmes afin de stabiliser la main-d’oeuvre.
Il est à noter que le Centre de santé IWK d’Halifax a reçu un financement au cours du dernier exercice afin d’aug‐ menter ses effectifs et de convertir des postes tempo‐ raires en postes permanents, peut-on lire dans le courriel envoyé à CBC.
D’après le reportage de Cassidy Chisholm, CBC