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La création artistique, au-delà de la parole

- Véronique Morin

Pour préparer l’une de ses prochaines exposition­s, la Maison des artistes visuels francophon­es de Winnipeg a invité une artiste sourde à venir échanger avec des créateurs franco-manito‐ bains. Ensemble, ils se sont intéressés à différente­s fa‐ çons de stimuler les sens.

L’artiste d’origine française Tiphaine Girault est la co-fon‐ datrice du centre d’artistes SPiLL.PROpagatio­n, à Gati‐ neau, au Québec. L’orga‐ nisme a pour but de décons‐ truire le phonocentr­isme, soit l’idée que la parole et le son seraient supérieurs aux autres formes de communi‐ cation.

Accompagné­e de l’inter‐ prète en langue des signes Josée Bower, Tiphaine Girault est venue passer trois jours auprès des artistes Alexis Au‐ réoline, Shawna Culleton et James Culleton.

Nous avons commencé par prendre une marche à Saint-Boniface, explique le photograph­e et peintre Alexis Auréoline.

Tous ensemble ils ont pu discuter et se promener dans les rues de Winnipeg jusqu’à se retrouver près d’un che‐ min de fer.

On s’est [rassemblés] en dessous d’un train et puis on a [ressenti] la vibration, pour‐ suit l’artiste franco-manito‐ bain.

Cette expérience, parta‐ gée par tous les membres du groupe, a lancé la création.

L’écrivaine et artiste vi‐ suelle franco-manitobain­e Shawna Culleton a décidé de recréer l’expérience en des‐ sins.

J’essaie de représente­r d’une manière visuelle l’expé‐ rience physique dans mon corps quand j’ai senti le train qui passait autour de nous, dit-elle.

Le créateur James Culle‐ ton a pour sa part amené des objets de métal qui rap‐ pellent les chemins de fer. Ses objets lui permettron­t notamment de recréer le bruit du train.

Stimuler les sens

Il va y avoir des matériaux divers. Il va y en avoir pour tous les sens : visuel, odorat, toucher, auditif, des vibra‐ tions. On utilise vraiment l’es‐ pace au complet, explique Ti‐ phaine Girault au sujet de l’exposition qui découlera de cette courte résidence de création.

Le tout sera installé dans le studio de la Maison des ar‐ tistes visuels francophon­es.

Le groupe a notamment pensé à installer un ventila‐ teur dans la salle afin de re‐ créer le vent qui était présent lors de leur promenade à Saint-Boniface.

De son côté, l’artiste Alexis Auréoline a voulu s’inspirer de la lumière qui entre dans le studio pour créer ses oeuvres. Il utilise un procédé qui permet d’imprimer les formes de certains objets sur du papier grâce à la réaction de cette matière aux rayons ultraviole­ts.

J’essaie de partager com‐ ment on se sent [dans le stu‐ dio où on se trouve], avec cette lumière, dit-il.

Pour l'exposition, les ar‐ tistes ont choisi un titre en signe qui, par sa forme, rap‐ pelle les rails d’un chemin de fer.

On a choisi un signe basé sur nos expérience­s, basé sur nos échanges. [...] Il y a plusieurs sens au projet qu’on fait. Et puis, c’est diffi‐ cile de trouver un titre, un mot, pour vraiment repré‐ senter ce qu’on veut partager , explique Tiphaine Girault.

Le signe qu’ils ont choisi fait référence à plusieurs concepts permettant de for‐ ger des perspectiv­es, des re‐ lations ensemble et [parta‐ ger] ce que ça nous fait dans tous les sens.

Améliorer l’accessibil­ité

L’objectif de la Maison des artistes visuels francophon­es avec cette micro résidence est notamment d’élargir les horizons des artistes partici‐ pants.

La directrice générale LouAnne Bourdeau voit des liens à faire entre les obstacles que peuvent rencontrer les personnes sourdes et ceux auxquels sont confrontés les francophon­es en milieu mi‐ noritaire, dans leurs diffé‐ rents milieux.

SPiLL.PROpagatio­n étant situé à Gatineau, il y a la LSQ (langue des signes québé‐ coise), l’ASL (American Sign Language). Les différence­s linguistiq­ues entre les deux langues des signes ressem‐ blaient beaucoup à ce qu’on vit ici par rapport à l’anglais, le français, qu’est-ce que ça veut dire avoir des services adaptés à nos langues. [...] Donc, il y a, je trouve, une ex‐ périence qui peut-être parta‐ gée.

Lou-Anne Bourdeau, di‐ rectrice générale de la Mai‐ son des artistes visuels fran‐ cophones

Le vernissage de l’exposi‐ tion qui suivra cette rési‐ dence de création se tiendra le jeudi 14 mars à la Maison des artistes visuels franco‐ phones.

À lire et écouter aussi :

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celle des drapeaux arc-enciel. Le collectif a érigé des drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel le jour de l’anni‐ versaire de Vladimir Poutine en soutien aux personnes LGBTQ+.

Nous avons de nouvelles lois à propos de la ''propa‐ gande gay'' et qu'il est vrai‐ ment dangereux de juste ai‐ mer quelqu’un.

Diana Burkot, membre des Pussy Riot

Au profit de l’Ukraine

Depuis le début de leur tournée, le spectacle des Pussy Riot a évolué. Diana Burkot explique que le collec‐ tif y a ajouté leur nouvelle chanson Mama don’t watch TV, qui s’oppose à la guerre en Ukraine.

C’est vraiment une partie importante pour nous, parce que nous soutenons l’Ukraine dans cette guerre.

Diana Burkot, membre des Pussy Riot

Les profits provenant de la marchandis­e vendue du‐ rant les spectacles vont en‐ tièrement à l’hôpital Okhmat‐ dyt, situé à Kiev, en Ukraine.

C’est notre petit [geste] pour aider ce pays, affirme Maria Alyokhina, qui note l'importance de continuer de parler de cette guerre qui dure depuis deux ans.

Velvet Terrorism, une ex‐ position rétrospect­ive de l'ac‐ tivisme des Pussy Riots de ces dix dernières années, sera par ailleurs présenté à Vancouver, au Polygon Gal‐ lery du 21 mars au 2 juin.

Avec des informatio­ns de Jean-Emmanuel Fortier

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