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Dans l’ombre des Oscars, le lent retour à la normale d’Hollywood North

- Francis Plourde

Pendant qu'à Los Angeles les préparatif­s vont bon train, en vue de la grande célébratio­n annuelle du ci‐ néma, en Colombie-Britan‐ nique, l’industrie du film et de la télévision peine à re‐ trouver son élan après une année marquée par deux conflits majeurs.

Dans son imprimerie de Burnaby, située en plein coeur de ce qu’on surnomme Hollywood North, là où se trouvent plusieurs grands studios dans un rayon de 10 km, Chris Fritz est mainte‐ nant seul à bord.

Son atelier, qui jusqu’à ré‐ cemment comptait une dou‐ zaine d’employés pour ré‐ pondre rapidement aux com‐ mandes de dernière minute des équipes de tournage, est pratiqueme­nt désert. Tout le monde a de la difficulté à joindre les deux bouts, dit-il.

Si la grève des acteurs et la grève des scénariste­s sont maintenant chose du passé, quatre mois après la ratifica‐ tion du dernier accord, son entreprise en subit toujours les contrecoup­s. L’homme d'affaires estime avoir perdu près de 1 million de dollars en raison des conflits à Holly‐ wood, sans compter l’impact sur ses employés, qu'il a dû mettre à pied.

Je parlais à un ami direc‐ teur artistique récemment, et les activités ne sont revenues qu’à environ 30 %, dit Chris Fritz.

Sur son site, l’organisme Creative BC répertorie, quant à lui, 30 production­s en cours, alors qu'il y en avait plus d’une centaine avant la pandémie.

Une région particuliè­re‐ ment touchée

En 2022, le secteur du film et de la télévision représen‐ tait 3,6 milliards de dollars de revenus en Colombie-Britan‐ nique, selon Creative BC. L’or‐ ganisme, qui chapeaute la commission du film de la province, estime qu’entre 70 et 80 % de l’industrie, qui comprend aussi le secteur de l’animation et des effets spé‐ ciaux, a habituelle­ment été associé à des production­s américaine­s.

Nous aimons toujours dire que nous sommes dans un fuseau horaire favorable aux personnes travaillan­t à Los Angeles, explique la di‐ rectrice générale de Creative BC, Prem Gill.

Avec sa main-d'oeuvre spécialisé­e, ses crédits d’im‐ pôt et sa situation géogra‐ phique attrayante, à trois heures de vol de Los Angeles, Vancouver s’est ainsi taillé une place de choix dans le secteur du divertisse­ment, devenant ainsi un des plus importants pôles de l’indus‐ trie en Amérique du Nord, après Los Angeles et New York.

Si cette proximité avec les États-Unis a fait les beaux jours de l’industrie, elle a aussi fait en sorte que les deux conflits de travail ma‐ jeurs, qui ont miné le secteur du divertisse­ment au cours de la dernière année, ont fait particuliè­rement mal à Van‐ couver, comparativ­ement à Toronto ou Montréal, où les production­s canadienne­s oc‐ cupent une place plus impor‐ tante.

C’est ainsi qu’entre 40 000 et 80 000 travailleu­rs, selon les estimation­s de Creative BC, se sont retrouvés sur la touche en raison de la paraly‐ sie des plateaux de tournage associée à la grève des ac‐ teurs.

Plus d'un an dans l'in‐ certitude

Un an sans faire un travail qu’on aime, c’est quand même assez important, dit Cheryl Marion, directrice ar‐ tistique, en soupirant. Habi‐ tuée aux hauts et aux bas du travail à la pige, la quinqua‐ génaire se gardait toujours un coussin de 6 à 8 mois, en prévision de moments plus difficiles, dans une industrie reconnue pour son imprévisi‐ bilité.

Son dernier contrat avec une production américaine remonte à décembre 2022, au moment où les rumeurs de conflits circulaien­t déjà dans le milieu. On ne s’atten‐ dait pas à ce que ça dure si longtemps, dit-elle. Je n’étais pas préparée à être sans tra‐ vail durant 14 mois.

Je n’avais pas d’assurance[emploi], je n’avais plus de re‐ venu, raconte Valérie Bou‐ cher, qui n’a repris le travail qu’en janvier. Magasineus­e profession­nelle et designer, elle s’estime chanceuse quand elle compare sa situa‐ tion à celle de ses collègues.

Il y a bien du monde que je connais, les deux sont dans l'industrie, ils ont des enfants. Ils ont été obligés de vendre leur maison, vendre une voiture, déménager. J'ai beaucoup de collègues qui ont quitté l’industrie pour de bon.

Valérie Boucher

Outre l'aspect financier, il y a eu des conséquenc­es sur la santé mentale. Beaucoup de gens dans l’industrie, non seulement, ont perdu leur travail, mais ils ont aussi leur réseau social. Nous avons vu une augmentati­on du nombre de requêtes pour de l’aide en santé mentale, note David Hope, directeur du fonds d’aide de l'AFC pour l’industrie.

Durant la grève des scéna‐ ristes, puis celle des acteurs, son regroupeme­nt a distri‐ bué plus de 2,1 millions de dollars en aide financière.

L’heure des remises en question

La grève des scénariste­s, suivie de celle des acteurs, est arrivée au moment où l'industrie était toujours mar‐ quée par l’impact de la CO‐ VID-19, qui avait entraîné l’ar‐ rêt des tournages pendant plusieurs semaines.

Il n’y a pas eu d'aide en fait au niveau du gouverne‐ ment ou de soutien au ni‐ veau de la province pour les travailleu­rs qui se retrou‐ vaient de nouveau dans une situation précaire, explique Audrey Himmer-Jude, ma‐ quilleuse sur les plateaux.

Mère d’un jeune enfant, elle avait repris les études en mars, en comptant travailler à la journée sur des projets ponctuels, mais ses plans ont été bouleversé­s par l’arrêt des tournages.

Dans une industrie sans sécurité d’emploi, où les tra‐ vailleurs font des journées de 12 à 14 heures de façon in‐ tensive, au détriment de leur vie personnell­e et sociale, cet arrêt a été l'occasion, croitelle, d’importante­s remises en question.

J’aimerais bien voir mon fils grandir et c’est vrai que, travaillan­t dix heures par jour, il dort quand je pars et il dort quand je reviens. Est-ce que je vois mon fils grandir? Non!

Audrey Himmer-Jude

Un lent retour à la nor‐ male

Si l’annonce de la fin de la grève des acteurs, en no‐ vembre, a apporté une lueur d’espoir, cet espoir a été de courte durée. On pensait que tout le monde retournera­it au travail, comme un tsu‐ nami qui arrive, raconte Che‐ ryl Marion. Mais ce ça n'était pas le cas de tout, c'était vrai‐ ment un très, très long re‐ commenceme­nt de produc‐ tion.

Selon ce qu’entendent des travailleu­rs de l’industrie, en raison des concession­s ac‐ cordées aux acteurs et aux scénariste­s, les grands stu‐ dios comptent réduire le nombre de tournages en rai‐ son des coûts de production plus élevés.

Beaucoup de gens n’envi‐ sagent pas un retour à la

normale avant trois ou quatre ans, raconte Chris Fritz, qui affirme être luimême en mode de survie. On s’attendait à une vague de production, on l’attend toujours, et ce, depuis la fin de la [pandémie de] COVID19.

Une version audio de ce reportage est diffusée à l’émission Tout terrain

idées, leurs points de vue sur ces questions-là. Donc, on va tenir compte également de ce qu'on aura comme infor‐ mation à l'issue de notre consultati­on, indique sa porte-parole.

La consultati­on publique sur le projet de modernisa‐ tion de la Loi électorale se

termine le 30 mars.

Participat­ion citoyenne

Les citoyens sont invités à partager leur point de vue et leurs réflexions en répondant à un ou plusieurs des six questionna­ires publiés site Internet du DGEQ.

Chaque questionna­ire porte sur l’un des six grands thèmes de la consultati­on publique : droit de vote; droit

sur le de se présenter à une élec‐ tion; financemen­t; informa‐ tion électorale et politique; gouvernanc­e électorale et carte électorale.

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